Axel Illary, le journaliste et documentariste raconte la véritable histoire du Zouglou

“Zouglou Feeling”, c’est le titre de ce documentaire qu’on aurait pu appeler “La vraie histoire du Zouglou.”

Pendant 1 heure, Zouglou Feeling donne à voir les secrets de fabrication de cette musique populaire née dans la cité universitaire de Yopougon : les origines, le rôle social, la place des femmes dans le zouglou, le sens du mot ” Zouglou”, la gestuelle, le langage, la philosophie, etc.

Le documentaire donne ainsi la parole aux faiseurs de Zouglou (artistes chanteurs, arrangeurs, ingénieurs du son, etc.). Tour à tour, Opokou N’ti, Bilé Didier (Parents du Campus), Julien Boabré (Zougloumania), Allan Bill (Esprits de Yop), Soum Bill, Philippe Kadja (Pipo), Donguy et autres… racontent les histoires ou l’histoire du Zouglou. Ils disent aussi les difficultés des débuts. ils soulignent de même la fierté de voir que ce genre musical a fait son petit bonhomme de chemin depuis les années 90.

Ainsi, on apprend que le Zouglou, depuis sa naissance a toujours été dans la résistance, n’a jamais été partisan ni courtisan. De fait, le Zouglou a toujours fonctionné comme un miroir qui révèle les travers de la société ivoirienne. Autre information à retenir, en plus de dénoncer les tares de la société ivoirienne, le Zouglou est une musique de ” partage, du solidaire, du vivre ensemble”. Le documentaire nous informe que le Zouglou émane de l’alloukou, et qu’à la suite d’un brassage culturel, est devenu d’abord “ambiance facile ou Woyo” avant de se muer à ce que tout le monde connaît aujourd’hui sous l’appellation “Zouglou”. Un rythme basé sur les percussions.

Quand au sens du mot ” Zouglou” Bilé Didier nous enseigne qu’il veut dire “ordure”. Du fait que dans les cités universitaires, les étudiants vivaient dans la promiscuité dans leurs chambres, les uns sur les autres.

“Le langage du Zouglou fonctionne, poursuit Opokou N’ti, comme celui d’une secte”. Il faut donc être initié au code pour le comprendre. Conclut-il. Le documentaire d’Axel Illary a le mérite d’avoir été fait. C’est à la fois un travail pour les générations d’hier et d’aujourd’hui. C’est un témoignage.

Par contre, c’est un travail un peu autocentré. Le journaliste n’a recueilli que l’avis des “Zougloumen” et de quelques ingénieurs du son comme Donguy et Philippe Kadja (Pipo). Il aurait été enrichissant d’avoir l’opinion de journalistes comme Moses Djinko, l’un des hommes à l’origine du Zouglou. De même, l’avis d’experts comme Tiburce Koffi, n’aurait pas été superflu. Tout comme la perception du Zouglou par des artistes comme Alpha Blondy, Meiwey ou Tiken Jah qui ont l’habitude de la scène internationale aurait été la bienvenue.

Axel Illary a aussi omis de donner la parole au groupe Magic System. Figure emblématique du Zouglou sur la scène mondiale. Peut-être que le documentariste garde cela pour le deuxième volet de Zouglou Feeling.

Abissiri Fofana.

Tue, 27 Oct 2020 10:34:00 +0100

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