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    La Liberté d'Informer

    Jean-Paul Sartre et l’Afrique : décoloniser l’esprit

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Nov 22, 2021

    Relire Jean-Paul Sartre aujourd’hui permettrait sans doute de mieux saisir ce qui se passe avec l’irruption de la pensée décoloniale dans le monde francophone et, loin de nous effrayer, de comprendre qu’elle peut nous libérer, Africains et Européens, d’une aliénation singulière qui n’a pas fini de nous ronger. Lire attentivement les articles de Situations V, que republient les éditions Gallimard, pour dépasser Sartre nous aiderait certainement à comprendre notre situation et à entrevoir comment la travailler pour nouer des relations saines entre nos deux continents.

    Vite caricaturée par des intellectuels français qui reprochent à la pensée décoloniale d’« attaquer frontalement l’universalisme républicain », cette approche critique conçue par des penseurs latino-américains comme Walter Mignolo, Anibal Quijano ou Enrique Dussel est l’une des sources de réflexion de nombre de penseurs africains ou afrodescendants qui entreprennent de décoloniser les savoirs.

    Que disent-ils ? Que l’universel à la française, c’est-à-dire celui promu à la fois par des philosophes et des politiques de l’Hexagone, notamment lors de l’entreprise coloniale conçue comme une « mission civilisatrice », et réactivé pour asseoir des politiques internes d’intégration, est un universel abstrait de surplomb, qui doit être compris pour ce qu’il est : un outil de domination issu d’une idéologie spécifique. Dès lors, il ne peut valoir en tout lieu et pour tout le monde. Vouloir exporter cet universalisme dans le monde serait de nouveau faire preuve d’impérialisme. Ils affirment également que face à cela, il importe de prendre en considération d’autres lectures du monde, car il n’y a pas une seule manière de faire monde, une seule finalité de l’histoire.

    « Baiser de la mort »

    Que dit l’auteur de L’Etre et le Néant et de Réflexions sur la question juive ? Que tous, nous nous élevons d’un lieu précis, nous nous inscrivons dans une situation (un genre, une race, une appartenance culturelle ou nationale…) qui, en soi, ne signifie rien mais qui est déterminée par le regard de l’autre, qui nous objective. Cette situation deviendra, ou non, déterminante dans le projet que nous ferons. Parviendrons-nous à dépasser cette situation afin de nous réaliser ? Tout l’enjeu de notre existence est là. La philosophie existentialiste de Sartre a été reprise, commentée, enrichie par de nombreux philosophes africains, comme Valentin-Yves Mudimbe ou Fabien Eboussi Boulaga, qui ont vu là un moyen de penser l’être-africain-au-monde. En cela, La Crise du Muntu, de Fabien Eboussi Boulaga, est une reprise intéressante de Sartre afin de concevoir comment « être par et pour soi-même, par l’articulation de l’avoir et du faire, selon un ordre qui exclut la violence ».

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    Mon, 05 Jul 2021 15:45:00 +0200

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