Côte d’Ivoire – Alassane Ouattara – Un discours à la nation “sur fond de propagande et de manipulation”

Le Chef de l’État, comme d’accoutumée, vient de livrer sa traditionnelle adresse à la nation, à la veille de la commémoration de l’indépendance de notre pays. Ce discours annonce plusieurs mesures politiques et sociales dont les majeures sont la grâce présidentielle accordée à l’ex-président de la République, Monsieur Laurent Gbagbo ainsi que le dégel de ses avoirs et le paiement des arriérés de ses rentes viagères, la libération sous conditions de quelques prisonniers militaires et des augmentations salariales à l’endroit des fonctionnaires.
Sans être spécialiste du droit et des questions politiques, et par le droit que me confère la qualité de citoyen, je me permets de porter un regard critique sur les annonces faites et d’analyser le fond de cette adresse dans son ensemble.
Rien, pour ma part, ne prête à jubiler, dans le discours du chef de l’État car les annonces sont sur fond de propagande et de manipulation ; et les mesures riment avec la ruse.
I – Les mesures concernant Laurent Gbagbo
1 – La grâce présidentielle
Après l’avoir déporté à la CPI et lui avoir imposé huit ans d’enfermement, M. Ouattara dit accorder la grâce présidentielle à M. Laurent Gbagbo suite à sa condamnation dans l’affaire dite de braquage de la BCEAO, une affaire montée de toute pièce.
Sans prétendre à maitriser le droit, je crois savoir que la grâce présidentielle suppose que la condamnation est devenue définitive et que le chef de l’État use de son pouvoir discrétionnaire pour alléger ou annuler la peine du condamné. Or, dans l’affaire-ci, M. Laurent Gbagbo a été condamné par défaut. Et la condamnation par défaut n’est définitive que lorsque le concerné abandonne les voies de recours. En sus, M. Laurent Gbagbo n’étant pas en détention, une grâce présidentielle n’a aucun effet. Pis, accepter la grâce sous-entend qu’on se reconnaît coupable et qu’on a sollicité la clémence du souverain. Il est pourtant su que dans ce cas, le CV est entaché et Laurent Gbagbo ne saurait être éligible en 2025, ce qui est, ma foi, notre véritable enjeu. Nous sommes donc dans un piège à éviter. Ce qu’il y a lieu de faire, c’est l’amnistie qui doit être votée par le parlement pour effacer toutes les condamnations liées à ce montage appelé procès.
2 – Le dégel des avoirs
Monsieur Ouattara, à ce niveau, se donne bonne conscience et veut passer pour le héros. Il n’y a pourtant rien d’héroïque à rendre des biens d’autrui qu’on a injustement confisqués. Laurent Gbagbo, ancien président de la république, comme prévu par la loi, a droit à ce qui lui sera rendu. Je prendrai à ce niveau l’exemple d’un voleur qui voudrait qu’on le félicite pour avoir abandonné un butin sous la pression populaire. Laurent Gbagbo n’avait jamais utilisé le chantage ni les annonces populaires pour leur payer leurs rentes viagères. Ce qu’il y a lieu de faire est de s’estimer heureux de constater que notre chef de l’État commence à être habité par la raison et le bon sens.
II – Les mesures salariales
Monsieur Ouattara, dans son discours, présente l’image d’un chef qui se soucie du bien-être de ses travailleurs et les soulage. Ce qu’il faut plutôt constater, c’est que toutes ces mesures résultent de compromis à la limite de la compromission pour les fonctionnaires. En clair, la contrepartie des fonctionnaires pour avoir tout ce qui est annoncé, c’est de n’avoir aucune revendication jusqu’à 2027. Je constate, pour ma part, que la part de sacrifice des fonctionnaires est plus énorme. Renoncer à son droit fondamental de revendication du bien-être socioprofessionnel pendant autant d’années pour 20000/ sur l’indemnité contributive au logement ? Je rappelle que l’enseignant-chercheur, professeur à l’Université, a une indemnité de logement de 70000. À y ajouter 20000, il se retrouve à 90000. Demandez aux abidjanais le quartier où peut loger l’enseignant-chercheur. Je ne citerai l’instituteur ou le fonctionnaire C3 ou D3. C’est toute cette couleuvre que le fonctionnaire devra avaler pour 2027. Et nul ne dit que l’inflation actuelle est pour demain. Elle pourrait même s’empirer. Mais le fonctionnaire devra rester muet parce qu’il a reçu 20000 sur son salaire. Aucun problème lié au cadre du travail ni autre chose ne peut être dénoncé. Voilà donc le piège dans lequel Ouattara engage les fonctionnaires.
CONCLUSION
Au total, rien de neuf sous le soleil de la solution et de l’émergence. M. Ouattara pose ses pièges politique et social comme il a toujours rusé avec son peuple.
Contribution d’un amateur.
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