Les excuses du pape ne reconnaissent pas le rôle de l’Église, selon Murray Sinclair

Le pape n’a pas répondu à l’appel à l’action 58 du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation, affirme son ancien président.
Celui qui a présidé la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), Murray Sinclair, estime que les excuses du pape François présentent une faille immense en jetant le blâme des pensionnats pour Autochtones sur des individus membres de l’Église et non pas sur l’institution elle-même.
“C’était plus que l’œuvre de quelques mauvais acteurs, c’était un effort institutionnel concerté pour retirer les enfants de leurs familles et de leurs cultures, tout cela au nom de la suprématie chrétienne”, affirme Murray Sinclair.
Il ajoute que les excuses historiques, bien que significatives pour de nombreux survivants des pensionnats et leurs familles, ne répondent pas à l’appel à l’action 58 du rapport final de la CVR.
Celui-ci demandait spécifiquement au pape de présenter des excuses “pour le rôle de l’Église catholique romaine dans les violences spirituelles, culturelles, émotionnelles, physiques et sexuelles des enfants des Premières Nations, Inuit et Métis dans les pensionnats administrés par l’Église catholique”.
Lundi, le pape François a présenté ses excuses sur le site de l’ancien pensionnat d’Ermineskin, en Alberta, l’un des plus grands du Canada, alors qu’il entamait ce qu’il a appelé son “pèlerinage pénitentiel”.
“Je demande pardon, en particulier, pour la manière dont de nombreux membres de l’Église et des communautés religieuses ont coopéré, même à travers l’indifférence, à ces projets de destruction culturelle et d’assimilation forcée des gouvernements de l’époque, qui ont abouti au système des pensionnats”, a alors déclaré le souverain pontife.
Murray Sinclair, qui a siégé au Sénat du Canada après avoir présidé la CVR, estime important de souligner que l’Église catholique romaine n’était pas seulement un agent de l’État, mais une “coauteure principale des chapitres les plus sombres de l’histoire du pays” qui hante encore de nombreux Autochtones.
Selon Murray Sinclair, les dirigeants catholiques étaient animés par la doctrine de la découverte, un édit papal du 15e siècle, qui justifiait l’expansion coloniale en permettant aux Européens de s’approprier les terres autochtones.
Toujours d’après lui, cette doctrine et d’autres croyances et politiques de l’Église auraient permis au gouvernement du Canada d’aller plus loin dans son travail pour commettre ce que la CVR a appelé le génocide culturel perpétré à l’encontre des peuples autochtones du Canada.
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