INTERVIEW/ TCHEYI Prenam, coordonnateur national par intérim de l’ONG EAGLE-Togo : «Une parfaite collaboration avec les autorités et des succès de nos activités »

EAGLE-Togo, une ONG internationale qui s’active dans l’application de la loi et de la corruption sur la protection des espèces en voie d’extinction fait son bonhomme de chemin. Au Togo, l’ONG établie depuis quelques années multiplie ses activités à l’intérieur du pays tout en ayant une bonne collaboration avec les autorités du pays. Le Coordinateur national par intérim d’EAGLE-Togo, dans une interview a expliqué de long en large, les activités de l’ONG et ses perspectives. Lisons plutôt !

Vous êtes le Coordinateur national par intérim d’EAGLE-Togo, une ONG internationale de protection des espèces en voie d’extinction. Votre ONG EAGLE-Togo a commencé à intervenir au Togo depuis quelle année ?

TCHEYI Prenam : « Merci pour la question, Monsieur le journaliste et pour commencer, permettez que je dise d’abord un peu sur ce  que c’est qu’EAGLE. EAGLE c’est une dénomination en anglais qui veut dire ‘’Eco Activists for Governance and Law Enforcement. Et en français l’on dira simplement les activistes écologiques pour la gouvernance et l’application de loi. Ensuite, pour revenir à la question, EAGLE est une ONG présente au Togo depuis 2013 et spécialisée dans la mise en application de la loi sur la faune et la lutte contre la corruption. Et nous collaborons depuis lors sur le terrain avec différents acteurs impliqués dans cette lutte. »

 Qu’est-ce qui a été l’effet incitateur, vous amenant à vouloir vous implanter au Togo et en Afrique en général?

TCHEYI Prenam : « EAGLE est un grand réseau qui est présent dans pratiquement neuf pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Le modèle EAGLE  a commencé en 2003 au Cameroun suite à un constat amer.  Il y avait zéro application de la loi sur la faune ; et ce n’était pas un cas rare. C’était pareil dans tous les pays où EAGLE a commencé la réplication du modèle camerounais. Les lois existent mais les trafiquants sont bien connectés et riches car, usant de la corruption pour faire taire la loi. Ainsi, le Togo n’était pas du reste dans ce constat, et il faut le souligner, le Togo était pendant longtemps  cité dans plusieurs rapports comme étant une plaque tournante du trafic illégal des espèces de faunes protégées. Le Togo n’est pas un pays de forets certes, mais l’existence de son port en eau profonde fait de lui un pôle de transit en matière de trafic illicite des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. »

 Quelles sont vos domaines d’action et d’activités ?

TCHEYI Prenam : « Nous avons comme domaine d’action, seulement l’application de la loi sur la faune et la lutte contre la corruption, tout en s’attaquant aux véritables problèmes et se focalisant sur des résultats clairs et mesurables. Pour y arriver, EAGLE a développé un modèle innovant à travers un programme d’activités que sont :

–         les investigations pour rassembler les preuves du trafic illicite,

–         les opérations d’arrestations avec les autorités une fois les preuves rassemblées,

–         les assistances juridiques dans les procédures administratives relatives aux poursuites pénales des cas découlant des opérations. Une équipe de juristes suit la procédure judiciaire jusqu’au suivi des détenus purgeant leurs peines en prison. Donc, nous sommes présents à tous les niveaux pour s’assurer de la bonne gouvernance, l’application de la loi de manière légale,

–         Et pour finir, les activités médiatiques sont actives pour maximiser ou optimiser l’effet dissuasif de nos résultats sur la criminalité environnementale par la sensibilisation du public. Les arrestations et les poursuites ou condamnation  sont diffusées à la radio, dans les journaux, à la télévision et sur internet. »

Comment se passe la collaboration avec les autorités togolaises et à quel niveau EAGLE-Togo intervient. ?

TCHEYI Prenam : « J’aime bien cette question dans la mesure où nous collaborons très bien sur le terrain avec les autorités.

EAGLE  dans sa stratégie n’apporte qu’un appui technique au Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF).

Alors, au niveau gouvernemental, les acteurs d’application de la loi avec lesquels nous collaborons sont les trois ministères: Environnement, Sécurité et la Justice. Pour ce qui concerne le Ministère de l’Environnement, nous travaillons avec les services techniques que sont la Direction des Ressources Forestières et l’Inspection des Ressources Forestières.  S’agissant du Ministère de la sécurité, c’est spécialement avec la Gendarmerie et la police judiciaire. Nous collaborons de manière serrée avec l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Drogue et du Blanchiment (OCRTIDB) et le BCN/INTERPOL- Lomé. Parlant enfin du Ministère de la Justice, nous travaillons plus avec le Parquet, mais également le Conseil Supérieur de la Magistrature. Nous travaillons aussi avec la société civile; les ONG constituent des sources d’information pour le réseau EAGLE.

Au niveau international, nous collaborons avec les ambassades (UE, Ambassade des USA, Ambassade de France, pour ne citer que celles-là) et les institutions financières. »

Lorsqu’on parle de la protection des espèces, cela veut dire quoi exactement ?

TCHEYI Prenam : « Merci Monsieur le journaliste pour la question ;  Lorsqu’on parle de la protection des espèces, il faut comprendre qu’au vue de certains constats, il était indispensable de prendre des mesures visant à mettre certaines espèces sauvages à l’abri des menaces d’extinction ou de disparition. D’où, selon le degré de menace de l’espèce qu’elle soit animale ou végétale, on parle soit d’espèces intégralement protégées, soit d’espèces partiellement protégées.

Les espèces  intégralement  protégées sont celles  soustraites  à  tout  prélèvement, sauf pour des raisons scientifiques. Elles sont classées en annexe I de la convention CITES à laquelle le Togo est partie. Les espèces  partiellement  protégées par contre sont celles dont  le  régime  de prélèvement est étroitement limité et dont les permis d’exploitation fixent le nombre d’individus à prélever. Ces espèces sont classées en annexe II de la CITES. Le commerce est formellement interdit pour toute espèce de l’annexe I, mais réglementé pour celles de l’annexe II. »

 Depuis que vous aviez commencé vos activités au Togo, si on veut parler de bilan de vos activités, que nous diriez-vous ?

TCHEYI Prenam : « Je peux affirmer que nous sommes dans le progrès, nous avons un bilan positif. Nos activités ont connu un succès avec des résultats mesurables et beaucoup appréciés. Ces activités vont plus dans le sens de la répression afin de dissuader les potentiels trafiquants d’espèces de faune protégées ; Et pour cela, nous nous y attelons. Nous avons eu des activités à travers tout le pays et c’est l’occasion pour moi de remercier tous ceux qui nous accompagnent pour l’atteinte de nos objectifs dans l’intérêt du pays. Comme déjà souligner plus haut, nous avions bien collaboré avec l’Office Central de Répression du Trafic Illicite de Drogue et du Blanchiment, avec certaines Brigades de Recherche et d’Investigations de la Police (BRI), avec les services techniques du Ministère de l’environnement et des ressources forestières ou encore avec la justice pour mener à bien nos activités. Nous continuons de collaborer avec les autorités pour préserver le reste des espèces dans la faune et la flore au Togo. »

Quelles sont vos perspectives pour la protection des espèces au Togo ?

TCHEYI Prenam : « Nous sommes loin d’arriver à zéro trafic d’espèces de faune sauvage protégées, mais notre vision est de continuer par mener des actions qui vont considérablement contribuer à une prise de conscience générale pour bâtir une coopération contre le trafic illicite des espèces sauvages. Il y a nécessité en tant qu’acteur de lutte contre la criminalité faunique, de redoubler de vigilance pour une riposte efficace contre le fait que le Togo continue d’être victime de trafic international de produits d’espèces fauniques protégées.

Il nous faut des plaidoyers auprès du gouvernement pour qu’une politique pénale soit définie en matière de répression des infractions liées à la criminalité faunique afin de la rendre beaucoup plus dissuasive dans l’application. A ce prix, la demande en produits illicites de la faune sauvage sera réduite. »

Nicolas Koffigan E. ADIGBLI

Journaliste, Maître en Communication

Directeur Aspamnews, DP “Le Nouvelliste”

tél: (228) 90862116/99282717

Facebook: Nicolas Koffigan, Skype:nicokoff

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