En visite en République démocratique du Congo, du 31 janvier au 3 février 2023, le pape François a évoqué le manque de volonté des Africains de prendre leur indépendance. À cette occasion, le chef des catholiques a rappelé une expression en italien qui dit que l’Afrique est faite pour être exploitée et a dénoncé le sort des Noirs, victimes de discrimination à travers le monde. Cependant, il n’a pas eu l’honnêteté de reconnaître la responsabilité de l’Église dans le racisme anti-Noir.
Peut-on réellement parler d’indépendance lorsque les Africains continuent à entretenir les vestiges de la colonisation ? Les accords dits secrets, le franc CFA, cette monnaie héritée de l’ère coloniale, les bases militaires françaises, l’usage de la langue du colon et des programmes scolaires façonnés selon la vision de la France sont autant d’éléments qui perpétuent la domination impérialiste sur l’Afrique. Mais ce n’est pas tout : il y a surtout les religions esclavagistes, porteuses des civilisations occidentale et arabe, qui sont pratiquées en Afrique et aliènent culturellement et spirituellement les Noirs. Les croyances des Africains dépendent ainsi de ceux qui les ont soumis.
La liberté ne se donne pas, elle s’arrache. C’est une réalité incontournable. L’historien Laurent Gbagbo le rappelle à juste titre dans son ouvrage « Réflexions sur la conférence de Brazzaville », qui met à nu l’imposture des soi-disant indépendances, à travers une décolonisation qui n’a jamais eu lieu. Il écrit : « Un fait saute manifestement aux yeux, c’est que jamais la Conférence de Brazzaville n’a été convoquée pour discuter de l’affranchissement des peuples coloniaux. Cela n’a pas été et cela ne pouvait pas être pour la simple raison que dans l’histoire aucun pays colonisateur n’a jamais décidé d’affranchir les peuples qu’il exploite et qui font sa richesse, sa puissance, sa grandeur. Pour que la décolonisation soit effective, il faut qu’elle soit le fait de ceux qui souffrent de la colonisation, et il faut qu’elle s’attaque radicalement à tous les aspects de la colonisation et du colonialisme : aspects idéologique, politique, économique et culturel. »
À la lumière de ce qui précède, les Noirs doivent impérativement prendre leurs responsabilités. La véritable autonomie ne peut être obtenue sans une rupture totale avec les chaînes coloniales qui continuent de les entraver. Il est crucial de les rompre afin que ceux-ci puissent assumer pleinement leur destin. La libération culturelle, spirituelle, économique et politique doit être une priorité. Seule la prise de conscience collective et une action résolue permettront de briser définitivement les liens de la suprématie et de réaliser l’indépendance de l’Afrique.
Axel Illary