Ivoiriennes, Ivoiriens, chers Amis !
Au Conseil des Ministres du mercredi 12 mars dernier, le Président Alassane Ouattara a eu une attention bienveillante envers cette partie de notre population qui connaît les conditions d’existence les plus précaires, et qui est directement aidée par l’état par le système bien établi des filets sociaux, depuis 2017. C’est ainsi que le nombre de foyers bénéficiaires de l’aide financière trimestrielle directe a été augmente de 70000, passant de 457000 à 527000.
Toute personne vivant sur le territoire de notre pays ne peut que se réjouir et applaudir, toute aide et assistance étant toujours la bienvenue pour ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté ; et, tous, nous ne pouvons que souhaiter que le nombre de ménages impactés aille croissant, puisqu’il est évident que le programme doit être encore loin de l’atteinte de ses propres objectifs en population ciblée.
Toutefois, nous sommes tous en droit de marquer un arrêt pour essayer de bien cerner tous les contours de ce phénomène qui, depuis des années, s’installe et gagne en ampleur ; alors que l’on aurait pu le penser n’être au départ qu’une conséquence immédiate des crises socio politiques que la Côte d’Ivoire a connues depuis trois décennies.
Sur le territoire national ivoirien, il y a eu des migrations massives et forcées de populations des zones Nord, Nord Ouest, Nord Est, Centre Ouest et Grand Centre vers les villes et zones forestières du Sud.
Elles furent d’abord consécutives aux troubles du boycott actif de 1996, puis à la Rébellion de 2002 qui entraîna la division du pays en deux états, ensuite à la crise socio politique liée aux élections de 2010, et enfin aux affrontements, dégâts et voies de fait de 2018 à 2020.
Ces flux migratoires se firent toujours en deux phases ; la première survenant à chaud, lors des affrontements armés ; les populations civiles ne trouvaient leur sécurité et leur salut que dans la fuite.
Par la suite, de manière plus diluée mais implacable, ceux qui auront voulu coûte que coûte rester sur leur terre ancestrale durent également, en grand nombre, aller rejoindre les premiers, dans les villes et contrées agricoles du sud ; tout simplement parce que le nouveau cadre et contexte de vie au village ne leur assurait plus les éléments minima pour travailler et se nourrir normalement.
Peut-être est-ce ici le lieu de nous poser tous la bonne et fondamentale question, à savoir : est ce qu’avec l’approche des filets sociaux, nos autorités attaquent le mal à la base, la plaie étant mise à nu pour une guérison sans retour ?
Les foyers sélectionnés, aidés et encadrés avaient ils des chances d’atteindre leur autonomie de subsistance en le moins de temps que possible ? Ou alors, à l’inverse, ne risque t-on pas de mettre tout ce temps et ces moyens à ne souffler que du sucré sur de seuls cas élus àlavisibilitépublique ?
Dans tous les hameaux, villages et bourgs à la périphérie de nos villes, tous les individus, hommes, femmes, et même adolescents, exerçaient une activité participant à la vie de la communauté et à son économie.
L’inactivité et le chômage ne sont apparus que lorsque l’on passa au mode de vie citadin, l’activité champêtre n’occupant qu’un nombre réduit des individus du fait de la réduction des terres et de la scolarisation des enfants et adolescents.
Mais cela n’entraîna pas misère ou famine ; chaque groupe familial arrivait à assurer son minimum vital de par les activités diversifiées de tous, agriculture de rente, vivrier agricole, artisanat et petit commerce par exemple.
Ce sont donc les graves crises mentionnées plus haut, et leur fardeau de conséquence migratoire, qui expliquent que dans un pays aussi généreusement doté en potentialités agricoles que la Côte d’Ivoire, l’on puisse se retrouver avec des niches importantes de misère extrême, frisant la famine, dans les sociétés villageoises et dans les quartiers populaires des villes.
Pendant encore combien d’années allons-nous poursuivre ce ballet des filets sociaux, alors que l’argent public ainsi distribué est forcément reparti sous haute pression, et même surchauffe, là ou les critères d’appartenance ethnique et de fidélisation politique et électorale ne peuvent que primer ?
Car, en réalité, ce sont les migrations forcées et désordonnées provoquées par les crises et violences armées qui ont constitué ces foyers de pauvreté dans le Sud de la Côte d’Ivoire, là où, en zone Nord, l’on constate par contre un semi désert de peuplement.
Les régions agricoles les plus propices à la culture se trouvent dans le Nord de la Côte d’Ivoire, dans ces zones qui ont été désertées depuis deux à trois décennies, et lorsque l’on y fait une tournée, l’on est vraiment subjugué devant les hectares d’espaces interminables de bonne terre arable et bien arrosée, presque déserts, où l’on peut faire 20 à 30 km sans même apercevoir la moindre case ou le plus petit hameau.
Pourquoi ne pas rêver d’un repeuplement ou d’une reconquête du Grand Nord de la Côte d’Ivoire, organisés par le gouvernement, avec le concours technique de tous les ministères compétents et de toutes les organisations de la société civile, nationale et internationale, qui sont en l’attente d’une telle grande décision depuis des décennies ?
Pourquoi continuer à nous marcher les uns sur les autres en zone Sud, surtout dans le grand Abidjan et sa périphérie, et livrer nos belles terres du Centre et du grand Nord aux seuls frères de l’espace CEDEAO qui continuent de migrer vers la Côte d’Ivoire, en continu et en nombre, poussés par des motifs économiques ou de sécurité ?
Après 15 années de pouvoir RDR/RHDP, le grand Nord Ivoirien a largement “rattrapé” le grand sud en grandes routes, ouvrages d’art, électrification, accès à l’eau courante, etc, etc…,
Les milliards d’argent public qui ont été ainsi investis ne serviront à rien si le mouvement n’est pas accompagné d’une volonté nationale de relancer le développement de la Côte d’Ivoire par l’occupation et la conquête humaine de son Grand Nord, car aucune merveille de voie routière au monde ne peut empêcher les arbustes et les fleurs de pousser et se développer en son milieu et sur ses côtés s’il n’y a pas, à proximité, vie et activité humaine en abondance !
Certes, les Barons et Grandes Autorités du RHDP originaires du Nord ont toute leur famille et parentèle en zone Sud, à l’instar du Grandissime, désormais premier citoyen d’Assinie.
Leurs descendants, déjà adultes actifs ou en formation, à Abidjan et Outre Mer, ne connaissent de leur village d’origine que le nom.
Mais, positivons et déclarons nous certains qu’ils seront bientôt frappés par l’éclair qui leur dessiquera vision et volonté, pour s’approprier cette idée simple que si le développement des pays d’Afrique Sud Saharienne a porté en priorité sur le Sud Océanique, c’etait un choix de stratégie élémentaire des puissances du Nord, celles qui vinrent à notre rencontre il y a 4 à 5 siècles.
Reprenons notre destin en mains en imaginant la Côte d’Ivoire en 2050 puis 2100, avec une population de 100 millions d’âmes qui entendront disposer de tout ce que leurs smartphones feront défiler sous leurs yeux en non stop.
Vive une Côte d’Ivoire intelligente, qui anticipe et qui créée !
Fait à Abidjan, le Mercredi 19 mars 2025
Le Ministre Kobena I. ANAKY
Président du MFA
Retrouvez La Chronique du Président Kobena I. ANAKY tous les mercredis sur www.ladepechedabidjan.info