• mer. Juin 18th, 2025

    La Liberté d'Informer

    L’expérience m’a appris à ne plus attendre de réponse des institutions censées œuvrer à l’affranchissement des Noirs

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Mai 11, 2025
    Le Monument de la Renaissance africaine, érigé à Dakar et haut de 49 mètres, incarne l'aspiration de l'Afrique à s'affirmer avec fierté.

    Plusieurs personnes m’ont interpellé pour savoir quelle suite a été donnée à ma lettre ouverte adressée à la Ministre de la Culture de la Côte d’Ivoire, dans laquelle j’évoquais l’urgence d’une renaissance culturelle de l’Afrique, conformément à la Charte de la Renaissance africaine adoptée par les chefs d’État africains en 2006 au Soudan.

    À chacune d’elles, j’ai répondu que je ne m’attendais à aucune réaction, car l’expérience m’a appris à ne plus attendre de réponse des institutions internationales et gouvernementales qui sont censées œuvrer à l’affranchissement du peuple noir. Je suis habitué à ce mutisme, à cette distance glaciale qui entoure les appels sincères à la libération de l’Afrique.

    Nous avons, à maintes reprises, adressé des courriers et soumis des projets à diverses organisations dans l’espoir de promouvoir ce concept fondamental. Jusqu’à présent, nous n’avons reçu ni réponse, ni considération. Ce silence témoigne des séquelles de la colonisation, qui pèsent sur les esprits.

    Nombreux sont ceux qui perçoivent la renaissance culturelle de l’Afrique comme une menace, une remise en cause de leur identité. Ils considèrent comme un héritage la culture qui leur a été imposée, transmise à travers les écoles, les religions, les médias et d’autres structures sociales. Ils en sont venus à croire qu’elle fait intrinsèquement partie de leur patrimoine, alors même qu’elle est, en réalité, une dépossession.

    Il n’est donc pas surprenant que les projets que nous avons adressés à certains organismes soient restés sans réponse. Ce refus d’engagement reflète une aliénation culturelle, conséquence de la diabolisation de leur culture. Pourtant, il faut guérir.

    Aucune indépendance véritable ne peut se construire sans souveraineté culturelle. Une Afrique qui ne maîtrise pas les fondements de sa culture ne pourra jamais se tenir debout. Sans une désaliénation radicale, les avancées économiques ne seront que des façades et les projets politiques resteront creux.

    Il  est donc temps de réhabiliter les langues, de restaurer la mémoire, de valoriser la spiritualité et les savoirs. Il est temps de redonner à l’art africain sa fonction première, parce que dans les traditions africaines, l’art n’était pas un simple ornement ; il remplissait un rôle social essentiel.

    Je ne me fais aucune illusion. Je sais que ce combat ne soulève pas une adhésion massive. Je n’attends ni reconnaissance officielle ni tribune dans les grandes institutions. Cependant, je continuerai. De fait, dans le silence apparent, des consciences s’éveillent. Et je crois fermement que le retour à soi est le point de départ de toute libération réelle.

    À celles et ceux qui comprennent. À celles et ceux qui doutent encore, mais qui cherchent à comprendre. À celles et ceux qui se sentent seuls dans cette quête intérieure. Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes là. Dispersés peut-être, mais animés par une même détermination.

    L’Afrique renaîtra.

    Axel Illary

    Laisser un commentaire

    Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
    Accepter
    Refuser
    Privacy Policy