Partout dans le monde, les peuples aspirent à se rassembler autour de ce qui les unit. Ce besoin de cohésion, de solidarité et d’émancipation s’exprime à travers un ensemble de mouvements regroupés sous le préfixe « pan- », qui signifie en grec « tout » ou « ensemble ». La langue, l’histoire, la culture, la mémoire ou bien le territoire servent souvent de fondements à ce processus d’unification.
Les mouvements « pan- » à travers le monde
On parle ainsi de « paneuropéanisme » pour désigner l’idéal d’unité politique et culturelle des peuples d’Europe. Le « panarabisme », quant à lui, vise à fédérer les nations arabes autour d’une langue, d’une histoire et d’un destin commun. Il existe aussi le « panslavisme », pour les peuples slaves, le « panaméricanisme » pour les pays du continent américain, ou encore le « panislamisme », qui cherche à rassembler les musulmans au-delà des frontières nationales. Chacun de ces mouvements traduit la volonté d’affirmer une identité commune dans un monde fragmenté.
Le panafricanisme : une quête de dignité et de souveraineté
Le panafricanisme s’inscrit dans cette logique d’union. Il est né du besoin de se libérer des chaînes de l’esclavage, de la colonisation, du racisme systémique et des formes multiples de domination qui pèsent encore sur l’Afrique et sa diaspora. Contrairement à certaines caricatures, le panafricanisme ne prône ni le repli identitaire, ni le rejet de l’autre. Il est avant tout une affirmation de dignité, de solidarité et de souveraineté.
Une idéologie injustement décriée
Et pourtant, certains cherchent à présenter le panafricanisme comme une idéologie radicale, voire raciste. Cette lecture est erronée et foncièrement injuste. Pourquoi accepte-t-on l’unité des peuples européens, arabes, slaves ou turcs, alors que celle des Africains et des Noirs est perçue comme problématique ? Pourquoi ce droit à l’unité est-il considéré comme naturel pour certains, mais comme une menace pour les Noirs ?
Répondre aux véritables enjeux
Accuser le panafricanisme de racisme, c’est détourner l’attention des vraies questions, telles que l’héritage du colonialisme, les rapports de domination mondiaux, la dépendance économique et les défis d’émancipation toujours d’actualité. C’est une stratégie de disqualification d’un projet qui vise à redonner à l’Afrique sa juste place dans le concert des nations, sur un pied d’égalité et dans le respect des identités.
Un idéal partagé par tous les peuples
En vérité, le panafricanisme défend des valeurs essentielles comme l’unité, la dignité, la souveraineté, la mémoire et l’espérance, autant d’idéaux partagés par tous les peuples. Il ne constitue donc pas une menace.
Axel Illary