11 AVRIL 2011 à ACCRA : Le témoignage d’Agnès Dogbo Membre du Comité central du FPI

Chers compatriotes,
Je vous salue dans le nom de Jésus christ notre seigneur. Je suis devant vous, pas par mérite, mais par pur grâce. Dieu le voulant ainsi, je suis allée à la résidence du Présidence Gbagbo le 02 avril avec mon frère, le Ministre Désiré Tagro Assagnini, paix à son âme, et je voudrais demander à cet effet une minute de silence pour tous ceux comme lui qui sont tombés ce jour là.
Il y a dans cette salle des gens qui étaient tous les jours là avec le Président Gbagbo pour prendre des consignes et aller travailler. Tous les ivoiriens ont vu, le 11 avril comme tous les jours d’ailleurs, les Français étaient en train de bombarder la résidence officielle du président de la république de Cote d’Ivoire. Mais particulièrement les samedis 9 avril, de 17 heures à 5 heures du matin ce jour là, ils ont réussi à faire tomber un pan des vitres et détruit plusieurs voitures dans la cour arrière, le marbre du bâtiment principal n’a pas été épargné.
Tous ceux qui étaient là n’en croyaient pas, tous avons compris qu’on ne pouvait pas s’en sortir. Mais on ne pouvait pas aussi sortir parce que tout le quartier de cocody était miné. Alors vint la nuit de dimanche 10 Avril à lundi 11 .Nous n’avons pas eu le temps de faire la toilette vers 7 heure 30, nous étions assis quand le téléphone du Ministre Tagro a sonné, il était subitement devenu très pale. Alors je le presse de questions et il me dit que les Français nous ont encerclés par des chars. Que les français allaient nous tuer. Quelques minutes après, commence le ballet aérien des hélicoptères. Je lui dis : « Et le patron, je vais le réveiller ? ». 30 minutes plus tard, il revient et me dit : «  Je l’ai fait, je lui ai demandé, on fait quoi ? Il a pris des mesures ? Allons à l’intérieur, au même moment il crie ; «  descends, vas au sous sol ». Ils étaient là mais des discussions que j’ai entendues, je ne peux pas en parler aujourd’hui.
Le reste c’est très vite passé, le chef nous a rejoint. Là où nous étions ça tirait à l’arme lourde avec des bruits assourdissants. J’ai vu peu après, un homme grand, digne au moment où chacun de nous n’avait plus d’espoir, Laurent Gbagbo avait un mot pour chacun de nous. On ne pouvait même pas lire la peur sur son visage. Un moment donné, Il arrive à mon niveau et me dit ; «  la fille, merci, tu es toujours là quand j’ai des soucis ». Nous avons pris les couloirs et on s’est retrouvé devant une porte fermée et dont personne n’avait la clef. Un de ses gardes qui est actuellement en prison a trouvé une hache pour casser le cadenas et nous sommes rentrés au sous-sol.
Il y avait deux portes ont nous a séparé de lui et d’autres dans une pièce et nous autres dans l’autre. Je confirme que ce sont les français qui étaient là quand on prenait le Président Gbagbo. Quand nous sommes sortis après le départ du chef, les Français étaient dans la cour, c’est eux qui soignaient les blessés. Devant le campus universitaire ils avaient dressé une tante pour soigner tous les blessés. Les rebelles voulaient nous envoyer vers Cocody, les Français se sont opposés et leur ont rappelé que les consignes, c’était le Golf Hôtel. Nous sommes arrivés au golf vers 12H. Au vu de tout cela, on n’a pas besoin de chercher qui a fait ce coup, ce sont les français bien sur soutenus par l’ONUCI et les rebelles de Ouattara.
Je voudrais avant de terminer vous demander pardon, il y a des choses, des noms, que je ne peux pas dire pour le moment car nous sommes encore dans la guerre, elle n’est pas encore finie. Le moment viendra où nous rentrerons dans les détails de toute l’attaque pour l’histoire de notre pays et pour les générations futures. On aura donc l’occasion d’écrire cette triste page de notre histoire, ensemble dans la dignité et la sécurité de chacun. Je vous remercie.

Agnès Dogbo
Membre du Comité Central du FPI

Thu, 12 Apr 2012 09:00:00 +0200

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