À propos de la réconciliation en Côte d’Ivoire: « elle ne peut se faire que dans un contexte apaisé, sincère et fraternel…»

Ceci dit, nous avons écrit quelques articles en vue d’amener les uns et les autres à poser des actes qui iraient dans la logique de la recherche de l’harmone sociale pour le bien-être de tous les ivoiriens.
Référons-nous à la liste ci-dessous :
« Arrêtons de lézarder le mur d’Eburnie, notre Intérêt commun (14 Août, 2011) »
· « Côte d’Ivoire: Une proposition patriotique pour la réconciliation (23 Novembre, 2011) »
· « Les Ivoiriens ont besoin d’être réconciliés… Mais seulement par la vérité et la sincérité et rien d’autre! (01 Juin, 2012) »
Il semble que notre message n’a pas été entendu : en effet, se réconcilier, c’est faire en sorte que les personnes qui s’étaient brouillées se mettent d’accord. Si nous devons réconcilier, nous devons : « faire en sorte que »… ce qui signifie qu’il y a des concessions à faire, des positions à adoucir… « Nous devons faire en sorte que » les cœurs de part et d’autre s’apaisent. La réconciliation ne signifie pas qu’il ne faut pas faire la lumière sur tout ce qui s’est passé mais bien au contraire, il y a bel et bien une justice à établir. Et nous ne croyons pas savoir que c’est en appliquant sa propre justice, que les gens parviendront à cet accord. La justice universelle devrait être appliquée et non la justice des vainqueurs qui n’est que source de guerre à court, à moyen ou à long terme. Ça serait utopique que de penser qu’on réconcilie sans tenir compte de ce qui fâche ou révolte l’autre.
Parler de réconciliation dans le contexte qui est celui de la Côte d’Ivoire actuellement, nous semble absurde… Pas parce que nous ne croyons pas en une réconciliation des ivoiriens, mais parce qu’en tant qu’observateur de la scène politique ivoirienne, nos analyses nous montrent qu’il ne peut avoir de réconciliation tant que les choses resteront dans la logique de la justice des vainqueurs.
Soit, on veut faire la réconciliation et puis on est sincère sur un tel choix, soit la réconciliation ne nous arrange pas et on fait tout pour la boycotter. On ne peut en même temps pas vouloir réconcilier et poser des actes qui divisent, qui créent un climat de quasi-guerre et qui peuvent emmener ceux-là mêmes qui étaient en train d’œuvrer à la réconciliation à se décourager.
Les actes que nous observons depuis ne vont pas dans le sens de l’apaisement ni de la recherche d’une réconciliation, mais encourage plutôt la poursuite de la guerre qui pourtant, n’arrange pas le peuple de Côte d’Ivoire.
Le dernier en date de ces actes, c’est l’Arrestation du Ministre Lida Kouassi Moïse.
Lorsque nous avons appris son arrestation, notre première réaction a été celle-ci : comment Le Togo peut-il livrer un homme qui a trouvé refuge sur son sol ?
Et puis nous nous sommes demandés comment un homme politiquement averti comme Lida peut-il se refugier dans un aussi petit pays? Au sens figuré comme au sens propre…
Si jamais Lida était en train de préparer un coup contre la Côte d’Ivoire comme on veut nous le faire croire, un pays qui respecte les droits de l’homme devrait accentuer la surveillance autour de Lida pour faire échouer ce coup tout en continuant de protéger sa vie… Mais, non ! Dans notre Afrique sans foi ni loi, on choisi de livrer le refugier comme une vulgaire marchandise et on pense qu’il y a une explication valable à un tel acte!
Si Lida Kouassi, voulait faire un coup d’état comme on veut nous le faire croire, pourquoi ne se serait-il pas mis à l’abri dans un endroit inaccessible ?
Supposons que Lida veuille vraiment faire un coup d’état, est-ce l’usage de la force et de l’humiliation qui le désarmerait ? Ou désarmerait ceux qui le supportent ?
Nous pensons que pour l’apaisement des cœurs, une autre façon de faire, pouvait prévaloir. Opposer la force à la force, au moment où on devrait faire usage du dialogue pour désarmer les cœurs, n’est pas nécessaire.
Eh Dieu !!!, l’Afrique t’a fait quoi au juste pour que tu la maintiennes dans ce décret divin de malédiction ???
Ne sachant ni où Lida s’était refugié, ni ce qu’il serait en train de préparer, nous ne sommes pas ici en train de nier quoi que ce soit. La vérité appartient à Dieu et nous ne voulons aucunement jouer à l’avocat de qui que ce soit. Mais, en notre qualité de citoyenne de Côte d’Ivoire nous sommes en droit de donner notre point de vue. Et surtout quand l’acte posé, va contre le travail d’apaisement que nous faisons.
Nous protestons contre l’enlèvement du Ministre Lida que tout porte à croire, ne s’est pas fait dans les conditions du respect des droits de l’homme.
Après la perquisition du domicile togolais de Lida, quelque soit les armes, pardon les documents qui auraient été trouvés, (si jamais ce ne sont pas des documents qu’on y a introduit le jour même de la perquisition), alors on devrait mettre ces documents à la connaissance de l’opinion générale et mettre le refugier Lida sous surveillance plus stricte dans son pays d’accueil. Aussi longtemps que Lida « spécialement surveillé » ne constitue plus un danger pour la sécurité de la Côte d’ivoire et de son pouvoir en place, on aurait alors fait d’une pierre, plusieurs coups. Le premier coup est qu’on a écarté le danger. Le deuxième coup est qu’on a respecté les droits de l’homme et le troisième coup est qu’on a donné la chance à la procédure de réconciliation.
Or l’allure de cinéma hollywoodien qu’ont prise les choses, en renvoyant Lida en Côte d’Ivoire comme un chef bandit qu’on exhibe depuis les marches d’un avion, n’est pas fait pour apaiser. Vous le savez bien!
Et puis entre-nous, il va falloir qu’on porte plainte maintenant contre les mauvais utilisateurs du Nom d’Houphouët-Boigny ! Que faites-vous pour être dans la logique d’Houphouët ? A notre avis, si Houphouët réglait de cette façon ses différends avec ses adversaires politiques, il n’aurait pas réussi à faire cohabiter des centaines d’ethnies en Côte d’Ivoire pendant plusieurs décennies. Et nous pensons qu’il est temps d’arrêter d’utiliser abusivement son nom. Nous n’avons pas souvenance, qu’Houphouët ait ramené ses adversaires politiques de l’exil menottés et exhibés comme des trophées de guerre. Devant ce qui pouvait être considéré comme dérives des uns et des autres, ils jouaient à l’apaisement. De grâce, si ce n’est pas pour apaiser les cœurs, il faut avoir la gentillesse de ne pas se réclamer d’Houphouët Boigny.
Nous avons vu comment il procédait et nous voyons comment les choses se déroulent actuellement. On ne peut pas dire qu’il y ait des similitudes entre les deux manières de mener le peuple ivoirien.
Nous pensons que c’est une absurdité que de parler de réconciliation maintenant.
Nous estimons qu’il faut attendre que les arrestations prennent fin, que ceux qui doivent être arrêtés soient arrêtés, que ceux qui doivent êtres enlevés soient enlevés, que ceux qui doivent être extradés soient extradés, que ceux qui doivent être recherchés par Interpol soient capturés par Interpol, que ceux qui doivent être exhibés le soient… Et une fois tout cela terminé, on parlera de réconciliation…
A l’allure actuelle des choses, on se rend compte qu’œuvrer pour attirer des gens vers une table de réconciliation, c’est les inviter à se faire arrêter ou à se faire enlever. Et cela ne saurait être notre ambition. Comme les baoulé savent si bien le dire : « on ne reste pas dans les magnans pour arracher les magnans ». Nous pensons que parler de paix au moment où des gens habités d’esprit guerrier sont promptes à en découdre, est utopique. Alors pourquoi parler de réconciliation et de paix aux côté des guerriers qui ne parlent que le langage des armes ???
Fort heureusement, il y a assez de chanteurs et de danseurs pour réconcilier les Ivoiriens apparemment, et ainsi va l’Afrique…
On est ensemble ou alors apprenons à être ensemble, puisque nous sommes ensemble !
Dieu ait pitié de notre pays et de notre continent !
Soyez richement béni !
Copenhague, 9 Juin 2012
Rosalie Kouamé «Roska»
Présidente Fondatrice – Fondation Roska
Mon, 11 Jun 2012 14:45:00 +0200
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