À quoi sert encore le RHDP ?

Bertin Konan Kouadio vient de dire tout haut ce que sa hiérarchie politique comptait camoufler. Ce député, élu sous la bannière du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), a annoncé l’implosion imminente de l’alliance PDCI (Parti démocratique ivoirien) / RDR (Rassemblement des républicains). On s’en doutait. Depuis les élections locales d’avril dernier, la coexistence entre ces deux mégas partis s’est révélée difficile. C’est un conflit de leadership qui risque de couper le cordon qui lie les deux géants du landerneau politique ivoirien. Même si les premiers responsables de ce rassemblement s’efforcent de maquiller leurs divergences internes, la réalité est tout autre, bien difficile. La grande question reste de savoir pourquoi on tient tant à une alliance qui a fait son temps, devenue anachronique dans le contexte actuel de la Côte d’Ivoire. L’objectif de départ de cette alliance politique stratégique, qui était de faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir, est atteint. Il faut donc franchir le cap de l’idéalisme politique et se rendre enfin à l’évidence que l’heure est venue de faire chemin à part. Ils se sont du reste récemment affrontés sur le terrain politique lors des dernières élections locales. En tous les cas, l’histoire enseigne que les coalitions politiques finissent toujours par voler aux éclats, une fois l’objectif visé atteint. Mais pour le cas d’espèce, on a l’impression que dans l’euphorie de la création de l’alliance RDR/PDCI, pour vaincre l’adversaire politique, il n’y a pas eu de clauses pour limiter les ambitions des deux partis à la présidentielle. C’est ce qui explique ces chamailleries politiques au sein du RHDP. Il reste cependant que pour la beauté du libre jeu démocratique, l’implosion RDR/PDCI serait en soi, une bonne chose. L’alliance de ces deux giga partis ne sert pas vraiment la démocratie. En effet, en l’absence du FPI (Front populaire ivoirien) pour équilibrer le jeu démocratique, le débat politique risque d’être monotone. On aura l’impression de vivre l’ère du parti unique en Côte d’Ivoire. Il faudra donc que les héritiers d’Houphouët-Boigny acceptent l’évidence qu’ils doivent s’affronter sur le terrain politique pour la bonne marche du jeu démocratique. Chaque parti de la coalition a intérêt, ne serait-ce que pour sa survie, à se repositionner sur le terrain politique, si tant est l’objectif de tout parti politique est de conquérir le pouvoir d’Etat. De tout évidence, le FPI n’est pas étranger au tsunami qui secoue actuellement la famille des Houphouétistes. Il n’y a pas très longtemps, on s’en souvient, ce parti appelait le PDCI à se séparer du RDR. Du feu qu’il aura ainsi attisé, le FPI compte bien tirer ses marrons ? Pour preuve, interrogé sur la probable alliance entre le PDCI et le FPI, le député Bertin Konan Kouadio ne semble pas exclure cette éventualité en disant que le prochain congrès du PDCI décidera s’il le faut ou pas. On attend de voir.
Boulkindi COULDIATI
In Le Pays (Burkina Faso)
Fri, 17 May 2013 21:55:00 +0200
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