Achats d’armes aux Etats Unis / Ben Soumahoro : ‘’Amani a été un peu naïf’’

Photo :DR
Tiassalé est la ville pilote choisie par la Côte d’Ivoire pour les Objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Le maire de cette ville a indiqué que le projet a échoué. Doit-on associer à ce bulletin la crise qu’a enduré la Côte d’Ivoire ?

Pas du tout. Le maire de Tiassalé M. Yapi est un homme raisonnable, à l’évidence un homme de bon sens et sincère parce qu’il aurait pu dire n’importe quoi pour protéger le projet qu’on lui a donné. Il ne l’a pas fait. Il a eu raison de ne pas le faire parce que les objectifs du millénaire pour le développement ont fait l’objet de bilan récemment aux Nations unies. Les dirigeants les plus élevés au monde sur les dix ans passés, ont fait un constat d’échecs pratiquement. Ils ont tous avoué qu’ils étaient loin des objectifs fixés .Tiassalé a été choisi en Côte d’Ivoire comme ville pilote. Si au plan global, les dirigeants avouent eux-mêmes qu’on n’a pas atteint les objectifs, à plus forte raison pour la Côte d’ Ivoire et à fortiori pour Tiassalé. Vous avez entendu ce maire malheureux qui a porté un chapeau qu’il n’a pas demandé. Je suppose, et qui doit assumer des résultats qu’il pas pu obtenir. Il montre bien son impuissance et le fait qu’il n’est pas responsable de ce qui s’est passé. Il montre bien que le projet a été mal introduit et projeté au niveau de Tiassalé. Il montre bien que les habitants de Tiassalé et de la Côte d’Ivoire n’étaient pas du tout intéressés. On ne sent pas les efforts personnels qui ont été fournis dans le discours du maire. En fait, c’est un constat d’échec. Et puis pratiquement, on a affaire à un homme complètement découragé. Il faudra une impulsion nouvelle.

Le maire dit que la crise est pour quelque chose et que ces Omd ont été lancés en 2000 et deux ans après la Côte d’Ivoire a connu la crise.

La crise a bon dos. Tout est mis sur le dos de la crise. Que les gens cessent de mettre la crise au milieu de tous les échecs qu’on constate ici. Pourquoi a-t-on continué le projet ? Il fallait l’arrêter et continuer à la suite des élections qui pour beaucoup de gens devraient normalement mettre fin à cette crise. On a continué ce projet au milieu de la crise et puis maintenant on se tourne vers la crise en disant que c’est la faute à la crise.

Vous avez parlé de nouvelles impulsions. Pensez-vous que l’organisation des élections le 31 octobre en Côte d’Ivoire peut permettre la mise en œuvre rapide de ces Omd notamment pour les cinq prochaines années ?

Ce n’est pas seulement les Omd mais tous les autres projets. Tout le monde se trompe à mon avis. Aucun problème et à plus forte raison l’ensemble des problèmes ne seront pas résolus parce qu’on aura fait les élections. Personne ne se pose la question de savoir ce qui se passera si les élections se passent mal. Ces problèmes là-sont sous nos yeux et personne n’en parle. Les élections par ci, les élections par là et on n’oublie l’essentiel, -nous l’avons en partie- c’est la paix. Et la paix après les élections, personne ne donne des garanties. Tout le monde court vers les élections. On continue à dire que si les élections ont lieu, il n’y aura plus de problèmes et on lancera les projets et qu’on va s’asseoir pour imaginer des choses. Résolvons les problèmes qui se posent aujourd’hui d’abord. On ne les a pas résolus. C’est l’une des raisons pour lesquelles vous vous battez à l’Onuci, pour lesquelles les gens se réunissent chaque fois et on signe des accords partout. Et bien vous croyez que ces accords vont résoudre les problèmes. Mois je dis non.

Les membres du Cadre permanent de concertation (Cpc) se sont réunis le mardi 23 septembre à Ouagadougou. Vous partagez l’espoir et l’optimisme dégagés à l’issue de cette rencontre ?

La démarche qu’ont effectuée les grands candidats et le président de la République en direction du président du Faso est une démarche absolument normale. Ils sont allés dire merci au président Blaise Compaoré pour tous les efforts qu’il a déployés depuis des années. C’est une bonne démarche parce que nous sommes des obligés du président du Faso. S’il n’avait pas été au milieu de toutes ces discussions, que serions-nous devenus ? Il ne faut pas que les gens s’imaginent que c’était facile pour lui ou même que c’était facile pour nous. Mais, ça ne règle pas les problèmes. Le président de la République a fait une déclaration pleine d’espoirs : ‘‘On peut aller aux élections, mais on n’aura pas résolu tous les problèmes. On ne réunifie pas un pays d’un seul coup. Il faut du temps et les élections vont nous aider à résoudre tous ces problèmes’’. Ce que l’on ne voit pas dans la déclaration du chef de l’Etat, immédiatement, c’est que lui, il est de bonne foi. Ce n’est pas le cas de ses adversaires. Vous attendez quoi ? Que le président dise qu’il faut qu’on règle tous les problèmes avant d’aller aux élections ? Il est compréhensible. Le président espère profondément qu’on peut aller aux élections et qu’on résoudra les problèmes après.

Alors, est-ce que vous partagez l’optimisme et l’espoir qui s’est dégagé à l’issue de cette rencontre ? Tout le monde a semblé se congratuler. Le chef de l’Etat a même avancé qu’il n’y a plus d’obstacles politiques. Tous les défis qui restent semblent être des défis techniques et logistiques que l’on peut régler. Est-ce que pour vous le 31 octobre, nous irons aux élections ?

On s’est déjà congratulé cinq fois. On s’est congratulé à Acra, à Prétoria. On s’est même embrassé et on a chanté l’Abidjanaise à Marcoussis. Donc, parce qu’ils se sont congratulés à Ouagadougou, quelque chose va changer ? Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis Marcoussis et Lomé.
Donc, allons-y. Il reste à distribuer les urnes, le matériel électoral. Il reste à former les agents qui vont gérer cette élection– C’est devenu un mot tabou- désarmer les rebelles. Personne n’en parle. Si nous allons aux élections sans désarmer les rebelles, l’optimisme du président va être un optimisme contagieux. Mais les exemples que nous voyons autour de nous ne m’encouragent pas à être totalement optimiste. Je redoute beaucoup de choses avant et surtout après le 31 octobre. On est allé aux élections, on s’est congratulé et on applaudi partout à Kinshasa et à New York. Mais qu’est ce qui s’est passé après les élections ? L’Onu est toujours au Congo depuis 60 ans. Ecoutez, je ne suis pas optimiste. C’est ce que vous voulez m’entendre dire. Mais je souhaite que ces élections se fassent. Je ne suis pas optimiste. Je dis simplement qu’il y a trop de problèmes à résoudre avant le 31 octobre. Il faudrait que M. Bakayoko soit un magicien et j’attends qu’il sorte sa baguette pour nous dire que tous les problèmes seront résolus. C’est d’ailleurs ce qu’il dit, mais j’attends la baguette.

La Cei a publié un chronogramme dans lequel tout le monde trouve que les choses sont assez bien ficelées. Donc, logiquement, rien ne peut s’opposer à ce que nous allions aux élections.

Vous savez, quand j’ai entendu pour la première fois le mot chronogramme ? C’est en mars 2003 après Marcoussis. Et ce chronogramme nous a menés où ? Il y a eu beaucoup de chronogrammes. C’est un mot qui ne contient rien de concret et qui ne conduit nulle part. Sinon, on ne ferait pas encore de chronogramme après tant d’années.

Vous semblez ne pas être dans la dynamique de la sortie de crise.

Mais vous voulez que je sois dans la dynamique de quoi ? Du Cpc ou autre. Je suis un Ivoirien libre. Je dis ce que je pense. Je n’ai pas à suivre ce que le Cpc fait. Remarquez une chose. Quand il y a un mouvement de grève, Il y a des gens qui restent chez eux et n’y participent pas. Mais lorsque la crise aboutit et qu’il y a un résultat concret, même ceux qui sont restés chez eux bénéficient du mouvement de grèves. Ne me parlez pas du Cpc en disant que ce cadre va résoudre tous les problèmes. Quand vous regardez les tâches qui restent à accomplir, vous vous rendez compte qu’il y a trop de choses à faire en 30 jours.

Ceux qui sont à la tâche disent que c’est possible.

On nous a déjà dit cela. Mettons nous au pied du mur. S’ils sont au pied du mur, ne me demandez pas de me mettre au pied du mur avec eux. J’ai déjà été au pied du mur quatre fois et on me demande de me mettre une cinquième fois au pied du mur.

Alors, le Cpc a aussi recommandé autour de cette rencontre le réexamen minutieux du statut des 57 000 pétitionnaires et cas de doublons ajournés de la liste électorale définitive lors des différentes vérifications. Que faut-il comprendre par cette recommandation ? Est-ce un reproche ouvert adressé à la Cei sur les résultats de cette opération de vérification ?

Je trouve que le Cpc a été trop poli. Il y a des choses beaucoup plus graves qui se sont passées à propos de cette liste. S’il approuve que ce sont les 5 700 000 Ivoiriens qui vont voter, alors qu’on sait qu’il y a tas d’étrangers et de fraudeurs sur cette liste, et bien, le Cpc prend la responsabilité du désordre après les élections s’il n’expulse pas de ces listes ces fraudeurs.

Vous considérez les doublons comme des cas de fraude ?

Moi, je ne suis pas à la Cei. Je sais qu’il y a des fraudeurs sur la liste.

Un envoyé du ministre de la Défense a été arrêté récemment avec des armes aux Etats Unis. Quel commentaire faites-vous de ce fait. Pensez-vous comme certains que le ministre a très mal goupillé cet achat d’armes sans que l’embargo n’ait été levé au préalable ?

Cette affaire est une bien curieuse et bizarre affaire parce que quand on entend M. Amani N’guessan , ministre de la Défense de Côte d’Ivoire s’exprimer, à l’évidence, quand on entend son argumentation, on ne peut pas ne pas dire que cet homme n’est pas un menteur. Il avoue une chose qui a été déjà écrite de plusieurs manières. Je suis très curieux de savoir comment un homme d’aussi intelligent a pu poser ou cautionner un acte comme celui-là sans avoir pris les précautions nécessaires pour ne pas arriver à ce résultat. Alors, j’aurais pensé qu’il n’est pas là pour le faire. Si Amani N’guessan avait voulu tricher, pourquoi serait-il allé commander avec une délégation dans un pays comme les Etats unis où tout est pratiquement transparent, un pays démocratique d’excellence où les gens ne laissent pas passer des fautes de cette nature sans les signaler soit aux autorités, soit aux hommes politiques ? Dites moi pourquoi un homme comme Amani N’Guessan a initié une commande d’armes aux Etats Unis s’il voulait se cacher. Un, je pense qu’il ne voulait pas se cacher. Deux, il n’avait pas de raison de se cacher. Et trois, la méthode qu’il a utilisée a été une méthode peut-être maladroite et un peu précipitée. S’il voulait se cacher, il s’adressait simplement à un trafiquant d’armes classique et l’aurait pu peut-être payer 200, 300, 500 millions de plus. Amani N’Guessan sincèrement, dit avoir été un peu naïf parce qu’il aurait dû attendre des garanties de la Commission de contrôle de l’embargo avant de lancer sa commande. Moi, je donne quitus de sa bonne foi parce que c’est impossible que quelqu’un qui veut tricher fasse commande des armes aux Etats Unis. Pourquoi serait-il allé là-bas ? Il y a les marchés gris et de toutes les couleurs. Il y a des trafiquants maintenant arrêtés, le plus célèbre Boot, qui est en ce moment sur le point d’être extradé aux Etats Unis. Tous ces gens existent. Ici à Abidjan, où il y a un peu de conflits, on peut trouver des gens qui peuvent vous donner des armes de toutes sortes, des zones de guerre etc. Un, ce sont des armes dont les qualités peuvent être confirmées par les pays dans lesquels ces armes ont été commandées. Deux, les armes ont été commandées dans un but bien précis. L’Etat ne peut pas abandonner son devoir régalien de rétablissement de l’ordre.

L’Etat peut au moins respecter la procédure en la matière.

Je dis que là, M. Amani est trop vite allé en besogne ou bien il a été trompé. Donc, il a été naïf d’écouter les gens qui l’ont trompé. Mais je lui donne le bénéfice de la bonne foi parce qu’il ne serait pas allé aux Etats Unis s’il voulait voler ou tricher. Maintenant, il y a un point sur lequel je ne suis pas du tout d’accord, un point que je ne comprend pas. Ces armes n’auraient jamais du être payées avant. Pourquoi sont-elles payées en totalité avant livraison ? Pourquoi ? C’est là qu’il y a problème. Pourquoi l’Etat de Côte d’Ivoire a payé les armes avant de les avoir reçu ou avant d’avoir reçues la confirmation et ou bien la garantie que ces armes allaient être livrées ? D’ailleurs, des journaux ont écrit que le vendeur a disparu de la circulation. Donc, ils se sont laissé piéger. Il voulait se donner des assurances probablement que ces armes allaient avoir le temps d’arriver si les commandes étaient passées en même temps que la lettre était adressée à la Commission de surveillance de l’embargo qui mettrait probablement du temps pour donner sa réponse. Peut-être qu’on a voulu faire coïncider la réponse qu’on supposait positive de cette commission et l’arrivée des armes en Côte d’Ivoire. Et en même temps, on a un objectif, c’est le 31 octobre. Il fallait tout faire avant cette date. Dans la précipitation, on a dû mettre le ministre sur des charbons ardents et lui aussi a mis pression sur son collègue des finances qui a donné les 2 milliards et plus pour payer les armes.

Vous pensez qu’au delà de tout cela, il y a une grosse affaire d’escroquerie ?

Je n’ose pas le dire. Ce n’est pas mon rôle. C’est le rôle des juges de dire ces genres de choses. Pas le rôle des journalistes de spéculer sans preuve. Je dis seulement que je suis étonné qu’on ait pu payer 2 milliards de F CFA avant d’avoir reçu la moindre assurance que les armes allaient arriver. C’est là où se trouve le problème. Maintenant Amani peut se tromper ou peut avoir été trompé par des gens qui lui ont donné des assurances. Sinon 2 milliards, c’est rien du tout. Mais c’est une évidence de plus que les Etats unis ont voulu faire respecter en réagissant de cette manière. C’est aussi le fait que le ministre et sa délégation partie aux Etats Unis n’ont pas suffisamment pris de précautions. C’est tout. C’est un manque de précautions.

Alors, on a l’impression que le ministre Amani N’guessan patauge tout seul dans la gadoue. Est-ce que vous avez l’impression qu’il est un peu lâché dans cette affaire, qu’il tente de la gérer seul sans l’appui de l’Etat dont on ignore s’il a actionné la machine ou le réseau diplomatique pour résoudre cette affaire ?

Combien étaient-ils au départ ? Peut-être qu’il était seul au départ.

Ces armes serviraient également au gouvernement ou l’Etat de Côte d’Ivoire. On ne sent pas la solidarité du gouvernement de l’Etat de Côte d’Ivoire derrière le ministre pour résoudre cette affaire.

Je ne sais pas si ce problème a été posé au gouvernement pour l’instant. Tout ce qu’Amani N’ guessan fait aujourd’hui relève d’une initiative personnelle. Peut-être qu’il essaie de rattraper une faute qu’il estime personnelle et qu’il assume. On ne peut pas en attendant que le problème soit posé au gouvernement de façon officielle lui reprocher de ne pas réagir. Si le gouvernement s’était mis à réagir partout, si les ministres de la défense, des finances, de l’agriculture et même des conseillers du président de la République avaient donné l’impression de soutenir Amani N’Guessan, vous l’aurez reproché aussi en disant pourquoi ils paniquent tous.
Si le ministre ne pose pas le problème, le gouvernement aurait pu s’autosaisir parce que c’est une affaire tout de même sérieuse. On doit dire cela au Premier ministre. C’est le chef du gouvernement.

Concernant le payement des primes de 500 000F aux ex-combattants démobilisés. Est-ce que ce payement n’est pas dévoyé en l’échelonnant sur 20 mois ?

Les ressources de l’Etat ne sont pas illimitées. Vous voyez bien tous les problèmes que nous avons. Il faut rembourser la dette. Il faut accéder au programme des institutions de Bretton Woods. Il faut donner de l’eau à Abobo gare, mettre Tiassalé sur les pieds. Il y a beaucoup de problèmes à résoudre. On ne peut pas reprocher à l’Etat d’échelonner le payement. Ce qu’on n’aurait pu lui reprocher, c’est le principe de payer ou ne pas payer.

Mais l’idée de payement de 500 000 F d’un trait c’était de permettre à ces jeunes démobilisés qui ont déposé les armes de pouvoir s’en servir pour faire quelque chose. Mais de là leur donner 25 000 pendant vingt mois, on se pose la question de savoir à quoi cela peut servir ?

Vous avez vu des jeunes à qui on donne 500 000 F et qui font quelque chose avec. Qu’est ce que vous pouvez faire avec 500 000 en Côte d’Ivoire ? Or, vous pouvez payer un billet d’avion et aller vous cherchez comme on le dit en France, aux Etats unis ou ailleurs. C’est peut-être d’ailleurs leurs projets. Même si vous donnez 500 000 à une vendeuse du marché Gouro, elle ne pourra rien faire avec. Donc, donner 500 000 F en une seule fois ou l’étaler sur 20 mois, tout est question de négociation. On donne de l’argent aux anciens rebelles. Et puis on décide que pour démanteler les forces disparates qui occupent la Côte d’Ivoire, il faut démanteler aussi les miliciens dit ‘‘Gbagbo’’. Si on veut les démanteler, c’est qu’on reconnaît qu’ils existent, c’est qu’on a admis leur existence. A partir de ce moment là, tout est une question de négociation.

Donc vous comprenez la manifestation des ex-miliciens à Abidjan. Vous la partager notamment quand elle se déroule devant le palais présidentiel ?

Je ne suis d’accord avec aucun signe de désordre. On ne peut pas en même temps qu’on manifeste devant la présidence de la République déclarez aux journalistes que vous voulez négocier et que la présidence est votre papa. Si vous commencez par gifler votre papa, croyez-moi, il ne vous donnera pas un sou. On ne manifeste pas devant le président de la République. Mais, on ne peut pas dire deux choses aussi contradictoires : demander la négociation sur un ton familial et en même temps aller manifester dans la rue devant le palais de la présidence. Ça se voit qu’ils obéissent à deux voix différentes. Il y a des gens raisonnables qui leur disent : ‘‘vous avez manifesté, on ne vous a rien donné. Maintenant, dites des choses gentilles. Dites qu’on ne peut pas frapper le fils fidèle et récompenser le fils rebelle’’. Mais en même temps, il y a des gens qui les poussent et qui leur disent ‘‘Allez manifester devant la présidence. De toute façon pour Gbagbo c’est fini. Allez-y là-bas, sinon vous n’aurez pas un sou’’. Je dis non au désordre quelque soit le nom et la nature de ce désordre. Que ce soit des miliciens reconnus comme tels, ils peuvent choisir des voies. Cela prendra du temps. Mais aller manifester devant la Présidence de la République en écoutant des oiseaux de mauvais augure, je ne peux pas cautionner cela.

Ne pensez-vous pas que les miliciens aujourd’hui sont très mal récompensés pour tout ce qu’ils ont fait ?

Ce n’est pas moi qui les ai amenés là. Qu’ils s’en prennent à ceux qui les ont amenés là et à eux-mêmes? Est-ce qu’on a lancé un appel d’offres ? Non. Ils sont venus pour défendre la République de Côte d’Ivoire afin que ce pays reste debout.
Alors, quand ils disent que leurs manifestations n’ont rien à avoir avec l’élection du 31 et que leurs problèmes doivent être solutionnés avant ces élections.
Vous voyez qu’ils mentent. Aujourd’hui. Qui peut dire que leurs actes ne sont liés à la date du 31 octobre pour les élections présidentielles ?

Est-ce qu’ils ne font pas un peu de surenchère lorsqu’ils réclament aujourd’hui leur intégration dans l’armée nouvelle. Ce qui n’était pas du tout prévu dans l’accord politique de Ouagadougou comme ce fut le cas pour les éléments des Forces nouvelles ?

On a eu tort de ne pas le prévoir. Pourquoi les Forces nouvelles mériteraient de rentrer dans l’armée nouvelle et pas ceux-là. Qu’est ce qu’elles ont de plus ? Si on veut faire une nouvelle armée, on les prend à gauche, à droite, au Nord et au Sud. Pourquoi prendrait-on ceux du sud et pas ceux de droite.

Le président de la Commission électorale indépendante (Cei) Youssouf Bakayoko a indiqué lors d’une rencontre avec les candidats le jeudi 23 septembre que les élections auront lieu le 31 octobre 2010. Est-ce que cela vous rassure ?

Il y a beaucoup à dire. Il ne s’agit pas d’être un homme fut-il Bakayoko Youssouf qui est un homme bien et sérieux. – Il était député et nous nous sommes fréquenté pendant longtemps- Donc, je peux affirmer que c’est un homme sérieux. Mais il ne s’agit pas de dire que les élections sont prévues pour le 31 octobre pour que je sois un adepte du 31 octobre. Je ne suis pas venu ici pour défendre mon refus d’aller aux élections le 31 octobre. Mais, je dis que ce que Bakayoko dit, Mambé l’avait dit aussi. Et avant lui, le Premier ministre l’avait dit plus d’une fois . Donc, des gens qui sont aussi sérieux l’ont dit.

Il y a eu des avancées.

Quelles avancées ? Donnez-moi une seule raison pour laquelle nous devons croire que ces élections vont se dérouler le 31 octobre. Non Monsieur. On ne peut organiser des élections avec des armes qui circulent partout dans ce pays.

On a 30 jours pour résoudre ces problèmes. La liste électorale définitive est aujourd’hui disponible.

Attendez, nous savons ce qui est disponible et également ce qui n’est pas disponible. Le vrai problème, c’est un problème d’autorité. Qui dirige toute cette machine pour résoudre les problèmes des élections ? C’est bien Soro Guillaume, Premier ministre n’est-ce pas ? Cela fait bientôt quatre ans qu’il est là. Pouvez-vous m’expliquez pourquoi M. Soro Guillaume n’a pas encore réussi à ramener TV Ma patrie de Bouaké sous l’autorité du directeur général de la télévision de Côte d’Ivoire à Abidjan ? Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Il s’agit d’un simple acte administratif. Il n’y a même pas de débats. Pourquoi il ne le fait pas ? Pourquoi n’a-t-il pas désarmé depuis bien longtemps et ce problème demeure depuis bientôt quatre ans.

C’est un processus

C’est quoi un processus ? C’est une série d’actes. On pose les actes les plus faciles à poser. Il ne les pose pas. Et vous voulez qu’il pose les actes les plus difficiles en 30 jours ?

C’est quoi les plus difficiles ?

Désarmer, Monsieur.

Il y a eu l’encasernement.

C’est quoi l’encasernement ? Pour aller aux élections, les gens vont dans les casernes ?

Il y aura le redéploiement de 8000 hommes sur l’ensemble du territoire pour surveiller les élections.

Pour faire la guerre.

Vous pensez ?

Oui, parce qu’il faut réagir pour ne pas se faire attaquer une deuxième fois.

Vous pensez que le redéploiement qui va se passer c’est juste pour aller au front ?

Pour nous défendre parce qu’on va être attaqué

Par qui ?

Par ceux qui auront perdu

Vous voyez déjà qui est vainqueur et qui est vaincu avant même les élections ?
Je vois même qui est vaincu déjà.

Vous avez proposé une transition de trois ans.

Vous revenez sur ma déclaration. Ce n’est pas dans le contexte.

Etant donné que vous ne croyez pas à la date du 31 octobre, cela veut dire que vous avez d’autres propositions ?

Attendez. J’ai demandé que le grand patron des Nations Unies vienne maintenant. Pas après. On a vu Koffi Annan à Nairobi même s’il n’avait pas son mandat des Nations unies. Pourquoi ici on doit attendre que ça se gâte avant que M. Ban Ki Moon débarque pour résoudre des problèmes qui seront à ce moment insolubles.

Vous pensez que le 31 sera gâté. L’après 31 sera catastrophique.

Non, parce qu’il faut des hommes, des gens pour dire ce qu’il peut ne pas plaire à tout le monde pour ne pas se laisser surprendre. Il faut des gens pour le dire. Je le dis. Cela ne plaira pas à tout le monde encore moins à certains amis. Mais, pour qu’il y ait des bons, il faut qu’il y ait des va t-en guerre. Pour qu’il y ait des gentils, il faut qu’il y ait des agressifs. Je ne suis pas là pour jouer le rôle des agressifs. Mais ne nous endormons pas.

Choi a certifié la liste électorale définitive le vendredi 24 septembre dernier. Quel commentaire ?

Je trouve qu’il a fait un très bon travail. De tous les représentants des Nations Unies, il a été le plus crédible. Par conséquent, ce qu’il dit doit être pris au sérieux. Nous en sommes au stade de la certification de la liste. Mais, des gens peuvent comprendre, – il faut leur dire que ce n’est pas le cas, – qu’il peut certifier également les résultats. Il faut leur dire que c’est le rôle de la Cei et du Conseil constitutionnel. Ce n’est pas le rôle de l’Onuci.

La certification des résultats fait partie de son mandat. Les résultats provisoires seront annoncés par la Cei et confirmés par le Conseil constitutionnel.

Mais il ne donne pas les résultats. Pas du tout. Il faut que cela soit très clair.
Il certifie les résultats. Et lorsqu’il le fait, il souhaite qu’il n’y ait pas de contestation en dehors de ce qui permet la loi. Par ailleurs certains ont reproché à l’Onuci de ne pas le faire dans le cadre de la Rti et de l’accès équitable de tous les candidats aux medias d’Etat. Quel est votre sentiment sur ces reproches ?

Ces reproches ne sont pas fondés parce que l’Onuci a un devoir impérieux de neutralité. On ne peut pas aller à la Rti et dire qu’on est neutre. Et donc, il a bien fait de faire la certification au niveau de la liste.

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / Retranscrit par Touré Abdoulaye

Tue, 28 Sep 2010 10:45:00 +0200

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