Affaire “Serges Kassy veut brûler la Côte d’Ivoire’’ – L’artiste écrit à L’EXPRESSION : “Sachez que le droit à la difference existe et que je jouis de ce droit de ne pas penser comme vous”

Droit de réponse

À monsieur le Directeur de publication du journal L’EXPRESSION

Monsieur,  

C’est  avec stupéfaction et consternation que je découvre à la manchette de la Une de votre parution N°891 du jeudi 26 juillet 2012 : “Serges Kassy veut brûler la Côte d’Ivoire’’.

Monsieur le directeur, depuis les années 90, mon combat a été celui de dénoncer l’impérialisme sur toutes ses formes en Afrique, de combattre la Françafrique et le cancer du développement de mon peuple. Et depuis dans mes chansons de ‘’C’est pa da ni blow’’ en passant par ‘’Min révolté’’ , de ‘’Cabri mort’’ jusqu’ aujoud’hui ‘’C’est vous’’; un nouveau single que je viens de mettre sur le marché européen.

Monsieur le directeur, j’ai pris  le temps de lire l’article et de voir le reproche que votre journal me fait et je suis surpris de voir que le texte de ma chanson comme un texte philosophique est interpreté selon le sens que vous voulez lui donner et non comme je l’ai présenté au monde entier.
En effet, je remarque la volonté manifeste de me nuire. Comment peut-on dire que le fait de présenter des faits réels sur lesquels j’attire l’attention de mon peuple à ne plus recommencer, car on est allé loin par la manipulation manifeste des occidentaux à nous détruire et eux à profiter de notre désaccord pour piller nos ressources; et nous abandonner à notre triste sort. Que de le dire, est-ce vouloir détruire mon pays ?

Monsieur le directeur, je suis même allé plus loin en disant que depuis cette guerre, j’ai compris beaucoup de choses, car en réalite nous – les Ivoiriens n’étions pas indépendants, pour notre liberté que nous réclamions, on nous a amenés des bombes. Cette liberte-là, Monsieur le directeur, nous ne la réclamons pas auprès de Monsieur Ouattara mais auprès du colonisateur. Donc, dans cette chanson, je vois plus loin que le cadre de mon pays et je m’adresse aussi à la jeunesse africaine, en lui demandant de se réveiller. Car, notre avenir, que dis-je, leur avenir et l’avenir de toute l’Afrique est entre leurs mains. Ne dit-on pas Monsieur, que l’avenir appartient à la jeunesse ? C’est pourquoi, je leur demande dans la chanson qu’ils ont le devoir de conduire l’Afrique dans le concert des Nations au même titre que les pays puissances occidentales.
Aidez-moi à comprendre en quoi ce message fort pour l’éveil des conscienes de l’Afrique vous amène-t-il à me traiter de pyromane de mon pays ? Non, Monsieur le directeur, je ne peux laisser prospérer de telles inepties et je ne laisserai personne ternir mon image. J’aime mon pays autant que vous, sauf que nous ne le pratiquons pas de la même manière.

Je voudrais vous rappeler que les autorités ivoiriennes ont mis en place une commission Dialogue, Vérité et réconciliation , dirigée par Monsieur Charles Konan Banny. Je pense que cette commission a tout son sens pour dire la vérité, ensuite encourager au pardon et amener les Ivoiriens à se réconcilier. Si pour vous, dire les faits, rien que les faits, c’est brûler la Côte d’Ivoire, alors j’en conclus que c’est vous qui en réalite ne voulez pas de cette réconciliation.  Car, en vérité, les événements me donnent raison.
Monsieur le directeur, il y a trois (3) jours  que le peuple Wè venait de subir des exactions sans précédent aux yeux et à la barbe des forces onusiennes. Tout le monde l’a condamné. Certains ont parlé d’épuration ethnique du peuple Wè. Il a été cité des Dozos et FRCI aidés des populations civiles Pro-Ouattara qui auraient perpetré ces massacres. Dites-moi, Monsieur le directeur, toutes ces orgarnisations nationales et internationales (FIDH, Human Right Watch et autres) qui les ont décriés sur des chaînes étrangères à savoir TV5, France 24, i-Télé, etc. n’ont pas fait l’objet de diatribes de votre part. Et pourtant, ils ont décrit les faits rien que les faits.
Je retiens que quand ça vous arrange vous adulez et vous en faites la propagande. Je me souviens d’une chanson de mon grand Alpha Blondy sous le régime du pouvoir Bédié qui denonçait à juste titre la situation conflictuelle du moment, en mettant sur son album ‘’SOS guerre tribale’’ et une autre où il disait, je cite : “Dans un pays avec plusieurs ethnies quand une seule ethnie monopolise le pouvoir pendant plusieurs décennies, tôt ou tard ce sera la guerre civile”. Jamais le régime du président Bédié ne l’a traité de pyromane. Car, en réalité, l’artiste venait d’attirer l’attention des autorites sur la gravité de la situation.

Monsieur le directeur, c’est cela notre rôle et ce rôle-là, vous ne l’avez pas compris. Vous adulez mon frère Tiken Jah et mon grand frère Alpha Blondy mais vous detestez Serges Kassy simplement parce qu’ il ne dit pas ce que vous voulez entendre. Sachez que le droit à la difference existe et que je jouis de ce droit de ne pas penser comme vous. En tant que journaliste, votre devoir n’est pas de vous arroger la qualité de juge pour me condamner et me soumettre à la vindicte populaire même si, je n’ai pas la même force que  vous, vous devez  respecter mon droit à la difference. Car, cela fait partie des règles de la démocratie. N’intoxiquez pas  les Ivoiriens car ils sont matures.
Je voudrais demander à tous les Ivoiriens, car j’aime mon pays et je l’ai toujours démontré, d’écouter cette fameuse chanson dont on m’accuse de vouloir brûler mon pays et faites vous une idée afin que la vérité prenne le pas sur le mensonge.

Dans l’attente que mon droit de réponse sera publié dans les mêmes conditions, je vous prie d’agréer, Monsieur le directeur de publication, mes sentiments distingués.

Fait à Paris, le jeudi 26 juillet 2012

Serges Kassy
artiste musicien chanteur 
Chevalier de l’ordre du mérite ivoirien
Chevalier de l’ordre du mérite cuturel

Ampliations
Conseil national de la presse (CNP)
Direction de publication du Quotidien L’expression

Wed, 01 Aug 2012 00:50:00 +0200

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