Afrique de l’Ouest : les enfants de la rue pourraient entraîner une catastrophe sécuritaire

L’augmentation du nombre des enfants de la rue en Afrique de l’Ouest "pourrait entraîner une catastrophe sécuritaire", estime Mme Salamata Hussaini Suleiman, responsable de la Commission des affaires politiques, de la paix et de la sécurité de la Communauté économique des Etats de l’ Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors d’une réunion à Dakar portant sur les mécanismes d’appui aux Etats membres pour éradiquer le phénomène des enfants de la rue dans l’espace CEDEAO.

Elle a basé sa prévision sur le fait que les enfants de la rue font partie "des groupes armés et des éléments de terreur durant les troubles ethno-religieux" et qu’ils "sont exposés à la drogue, aux maladies, aux trafics d’êtres humains".

Pour Mme Suleiman, "il est démoralisant de noter que, malgré les nombreuses législations internationales et locales de protection des droits des enfants, le phénomène semble plus récurrent".

Elle a préconisé "des actions régionales avec de nouvelles conventions, en tenant compte des réalités socioéconomiques et de la dimension juridique dans les Etats membres", pour mettre fin au syndrome.
Donnant l’exemple du nord du Nigeria, elle a souligné que " certains enfants sont forcés de quitter leurs maisons au nom de l’ apprentissage religieux islamique pour demander de l’aumône et peuvent être soumis à des traitements sévères durant cette période de la part de leurs enseignants".

La commissaire a évalué à 50.000 le nombre des enfants de la rue à Dakar et à plus de 100.000 dans les autres villes du Sénégal, alors qu’en Sierra Leone, "ce sont près de 50.000 enfants qui dépendent de la rue pour leur survie".

De son côté, la présidente de la Cour de justice de la CEDEAO, Maria Do Céu Monteiro Silva, a déploré que "depuis plusieurs années, le phénomène des enfants de la rue ait une très grande ampleur au sein de notre espace sous-régional, sans que les institutions, à commencer par les familles, ne soient parvenues à donner une réponse efficace". "Il est urgent d’intensifier les relations entre Etats, d’une part, et avec les organisations, d’autre part, de façon à converger les efforts en vue de l’élimination de ce fléau qui pose un problème de sécurité et de stabilité dans la région", a-t-elle estimé.

"Il incombe aux Etats le devoir de prendre toutes les mesures nécessaires pour une lutte commune contre ce phénomène qui constitue une violation irréfutable des droits des enfants, contraints à la mendicité et autres pratiques préjudiciables à leur développement et à leur santé", a-t-elle conclu.

Pour sa part, le directeur de cabinet du ministre sénégalais de l’Intégration africaine, Massamba Sène, a relevé que "le phénomène (des enfants de la rue) demeure à cause de la prégnance des pesanteurs culturelles mais surtout de la non application des lois nationales".

La stratégie régionale est très importante parce que "le phénomène revêt un caractère régional du fait de la mobilité des personnes dans l’espace CEDEAO", a-t-il admis.

Toutefois, a-t-il suggéré,"les Etats doivent commencer par appliquer, au niveau national, les instruments internationaux en matière de protection des enfants qu’ils ont ratifiés".

La commissaire Genre et Affaires sociales de la CEDEAO, Dr Fatoumata Dia Sow, a préconisé "un programme régional de lutte inclusif qui prend en compte les politiques de paix et de sécurité parce que le problème est à la fois politique et structurel".

"Il y a des politiques qui sont élaborées mais les actions de mise en oeuvre ne sont pas soutenues par les Etats", a-t-elle déploré avant de suggérer "une approche sous-régionale qui amène les Etats à respecter les protocoles qu’ils ont signés pour la protection de l’enfant en Afrique de l’Ouest".

Xinhua

Wed, 24 Jun 2015 08:08:00 +0200

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