Amadé Ouérémi : Un chef de guerre qui en cache bien d’autres

Il a fallu lui mettre la pression et resserrer l’étau autour de lui afin qu’il abdique. En mobilisant 200 militaires et gendarmes loyalistes pour traquer Amadé Ouérémi, le président Allassane Ouattara a voulu montrer sa volonté de mettre fin à l’anarchie et donner un gage de bonne volonté à ses contempteurs qui l’accusent à tort ou à raison de pratiquer une justice à deux vitesses.
Amadé Ouérémi, l’homme qui est suspecté d’avoir pour hauts faits d’armes les massacres de Duékoué, a donc fini par être cueilli comme du cacao mur. C’est l’aboutissement d’une forte pression, car avant sa réédition, des négociations avaient été menées. Maintenant qu’il a été arrêté, sera-t-il jugé en Côte d’Ivoire ou sera-t-il expédié à La Haye pour crimes de guerre ou crimes contre l’humanité ?
Cela dit, en commençant par le Burkinabè Ouérémi, plus facile à tondre, le régime ivoirien va-t-il poursuivre les interpellations avec les autres nervis qui ont installé ADO au pouvoir ?
Dans ce conflit ivoirien qui a fait, selon des chiffres officiels, plus de 3 000 morts, il n’y a pas d’un côté des Saints et de l’autre des diables : chaque camp a sa part de responsabilité et son lot de victimes dont les familles demandent justice.
Si les présumés coupables sont désignés, les hommes de Guillaume Soro continuent de faire la pluie et le beau temps. Vous voulez des noms ?
Ousmane Coulibaly : connu sous le nom de Ben Laden, il commandait les Forces nouvelles à Odienné. Lors de la bataille d’Abidjan, ses éléments auraient exécuté, torturé et détenu arbitrairement des supporters de Laurent Gbagbo dans le quartier populaire de Yopougon.
Chérif Ousmane : ses hommes auraient également semé la mort à Yopougon. Lui-même, selon l’ONG Human Right Watch, aurait ordonné l’élimination physique de 29 prisonniers et fait assassiner des mercenaires libériens et sierra-léonais. Aujourd’hui, il est en poste au sein de la garde présidentielle. Que dire de Losseni Fofana, le commandant de zone de Man dont les soldats ont pris le contrôle de Duékoué. Et dans son unité figurait Eddie Medi, un autre redoutable chef militaire dans le viseur de la CPI. Tous ces anciens rebelles se la coulent douce en Côte d’Ivoire malgré le fait qu’ils sont régulièrement cités dans les tueries.
De récents rapports d’organisations des droits de l’homme ont dénoncé des pro-Ouattara qui font de la prédation économique leur sport favori. On espère que le chef de l’Etat ivoirien ira jusqu’au bout, en engageant des poursuites contre tous ceux qui sont soupçonnés de crimes de sang et de crimes économiques.
In lobservateur.bf
Mon, 20 May 2013 21:34:00 +0200
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