Arsène Dogba: “Les sorties maladroites de M. Koulibaly ont tué Désiré Tagro”

C’est la fin du cauchemar disait Guillaume Soro après la capture de Laurent Gbagbo. Même le chanteur Tiken Fakoly pourtant proche de Ouattara dit être affecté par les traitements que subissent encore les Ivoiriens. Ouattara pourra-t-il mettre fin aux tortures en Côte d’Ivoire ?

Arsène DOGBA : En proclamant la fin du cauchemar au lendemain du kidnapping du président Gbagbo par les forces spéciales françaises, le rebelle Soro Guillaume, avouait sans trop le savoir que lui, Alassane Ouattara et leurs soutiens avaient effectivement plongés les ivoiriens dans un profond cauchemar depuis le 19 Septembre 2002. Méprisant les ivoiriens, le sanguinaires devenu Premier Ministre s’attendait à une fête populaire dans l’après-midi du 11 Avril 2011. A la place, le monde entier a eu droit aux pleures.

En Côte d’Ivoire comme à l’extérieur du pays, des Universités à leurs différents lieux de travail, les Ivoiriens ont pleuré. Et ils continuent de le faire chaque jour partout où ils se trouvent. Alors, pour les ivoiriens et africains dignes, le 11 Avril 2011 constitue le moment le plus douloureux et le plus insupportable du cauchemar dans lequel Soro et Alassane ont plongé les Ivoiriens. Ce moment traumatisant ne saurait marquer la fin du cauchemar qui continue et qui a pour nom Soro-Alassane.

En ce qui concerne Tiken Fakoly, je ne le prends pas pour un rasta bien qu’il chante le reggae. Parce que le reggae, chante par les rasta, me semble être une music de combat pour la justice, l’équité, la dignité, la renaissance Africaine et la valorisation de l’homme noir. Ce qui me fait croire qu’un rasta est forcement un artiste engagé. Alors, quand je vois des reggae men comme celui dont vous me parlez et d’autres que vous connaissez également, soutenir l’impérialisme, la soumission, la recolonisation de l’Afrique et la dévalorisation de l’homme noir, je me dis ; en voilà d’autres qui se sont trompés de chemin. Ces gens là ne méritent pas d’être appelés rasta men. Ce sont des rastas alimentaires. Ils ne sont jamais constants dans leur prise de position. Ils suivent la direction du vent. Et donc leurs opinions dans une affaire aussi sérieuse que la torture des personnalités pro-Gbagbo par les forces qu’ils soutiennent m’intéressent peu.

A la question de savoir si Alassane, le boucher de Sindou, peut maitre fin au cauchemar dans lequel il a plongé les ivoiriens, je dirais simplement non. Il n’en a pas la capacité ni les moyens. La popularité de ce monsieur tourne autour de 22 % en Côte d’Ivoire. Alors qu’une telle initiative demande que l’on soit populaire sur le terrain. Alassane n’a également pas le contrôle effectif de son armée. A part la force d’occupation française (Licorne) il n’a pas une armée qui lui est fidèle et qui peut donc soutenir son action sur le terrain.

Il y a aussi qu’il n’a pas d’argent pour respecter l’engagement pris vis-à-vis des mercenaires qu’il a utilisé pour renverser le président Gbagbo. Ces chiens de guerre qu’il a libérés des prisons à travers la Côte d’Ivoire et dans la sous-région n’abandonneront pas de sitôt l’occasion qu’ils ont de s’offrir tout à l’aide d’une kalachnikov pour retourner dans la misère et finir à nouveau en prison. Ils vont préférer mourir les armes à la main. Mais il n’y a pas que ça, il ne faut pas oublier aussi que Alassane ne se plaint pas du tout des exactions que subissent les ivoiriens à longueur de journée. Des simples citoyens aux plus hautes personnalités du pays. C’est même lui qui le demande pour réduire et/ou traumatiser les populations acquises à la cause du président Gbagbo. Il nous revient qu’il s’en réjoui, surtout quand il reçoit les images et les vidéos des personnalités pro-Gbagbo en train d’être humiliées par ses dozos. Alassane est très heureux de savoir que le peuple ivoirien continue de pleurer parce qu’il est au pouvoir. Alors, il faut que Ouattara veuille mettre fin à ces pratiques d’un autre âge avant de s’interroger sur sa capacité de le réussir. Il est clair que Alassane n’en fait pas une priorité.

La position des jeunes du FPI

Les jeunes ont parfaitement raison. Quand il n’y a personne pour vous faire justice, qu’est ce que vous faites ? vous vous faites justice vous-mêmes. Les états démocratiques sur qui les jeunes que les forces pro-Ouattara égorgent à chaque occasion devaient compter sont devenus des états voyous. Ils les ont abandonnés. La soi-disant communauté internationale, les Nations Unies et les organisations adjacentes ont toutes perdu la langue face aux atrocités commises par les rebelles de Ouattara. Depuis la chute du président Gbagbo et l’agression de la Lybie par la licorne et l’OTAN, les peuples africains ne font plus confiance à la justice occidentale. C’est donc légitime que les jeunes s’apprêtent à se faire justice. Le combat pour la libération de la Côte d’Ivoire est leur combat. Ils doivent le conduire sans faiblir un seul instant jusqu’à la libération totale de leur pays et du continent Africain.

Et je pense même qu’aux cotés de ces jeunes du FPI devaient se trouver les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) de Côte d’Ivoire qui continues d’être spoliés et humiliés quotidiennement – pour ceux qui sont restés en Côte d’Ivoire- par les nouvelles autorités et leurs forces rebelles. Certains d’entre eux avaient cru qu’en désertant les fronts de bataille pendant la conquête meurtrière du Sud du pays par les forces pro-Ouattara, ils seraient à l’ abri de la mort et des humiliations. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Beaucoup d’entre eux ont été tués pendant leur ralliement quand d’autres l’ont été froidement alors qu’ils se rendaient à leur lieux de travail pour percevoir leurs salaires. Main à main. Comme pour dire qu’on ne peut pas changer le destin.

L’histoire de la lutte pour la souveraineté ivoirienne regarde donc la jeunesse du FPI, les patriotes, les FDS et le peuple ivoirien dans son ensemble. Ils n’ont aucune excuse puisqu’ils savent qu’il n’y aura personne pour les défendre. Ils doivent, par conséquent, assurer leur défense et celle de leur patrie, eux-mêmes. Seule le courage et la détermination font appel au respect et à la considération de la part de l’adversaire. Si les Américains discutent avec les talibans après dix années de combat et la France privilégie la discussion entre les rebelles libyens et le régime de Kadhafi, c’est à cause de la détermination de la jeunesse de ces deux peuples à se battre pour la dignité nationale.

Des élections législatives sans le désarmement des milices et des Dozos ?

Il n’y a pas eu que le désarment qui a posé problème pendant les présidentielles de 2010 qui ont conduit la Côte d’Ivoire dans le chaos actuel. Il y avait aussi et surtout la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). La forme actuelle de cette institution viole la constitution ivoirienne. La CEI est loin d’être indépendante avec 95 % des membres de sa commission centrale appartenant au rassemblement des Houphouetistes de Alassane. Que peut-on attendre d’une telle institution surtout quand elle est dirigée par un nordiste et proche de Ouattara. Celui là même qui a pu voler une élection présidentielle alors qu’il était dans l’opposition. Il faut donc obligatoirement reformer la CEI en tenant compte des exigences de la Constitution ivoirienne de 2000. Elle doit être totalement impartiale.

Pour espérer organiser les législatives il faudra donc coupler les questions de la sécurité et celle de la reforme de la Commission Electorale actuelle. C’est un préalable à mon avis si les nouvelles autorités veulent que ses élections soient inclusives.

Le président de la CEI, Mr Youssouf Bakayako les annonce bien…

C’est vrai que M. Youssouf Bakayoko, un pro-Ouattara et nordiste, attend les législatives pour accomplir la funeste mission qu’il a débuté le 2 Décembre 2010 à l’hôtel du Golf, QG du candidat Ouattara, mais il y a des expériences qu’il faut éviter de répéter. Vouloir un autre passage en force est un jeu dangereux qu’il faut à proscrire. Sous la protection du gouvernement français, M. Bakayoko peut croire qu’il est sous l’aile du Tout Puissant, mais il doit savoir que les soutiens des occidentaux aux dictatures ne sont pas toujours garantis.

C’est vrai que le régime Ouattara dont il est l’un des acteurs principaux bénéficie du parapluie sécuritaire du gouvernement Sarkozy, mais sachez que l’avenir du mariage entre Nicolas et Alassane dépend aujourd’hui du peuple ivoirien. Si le peuple résistant décide de brouiller la relation entre les gouvernements Sarkozy et Ouattara, je suis sur qu’il y parviendra. Il suffira aux patriotes de convertir leur mobilisation pour le président Gbagbo en une mobilisation contre le régime génocidaire de Ouattara.

Devant la détermination que nous savons des patriotes ivoiriens et Africains, la France n’aura aucun autre choix que d’ouvrir des négociations avec celui qui est capable de protéger leurs intérêts en Côte d’Ivoire. Et cette personne là est connue de tous ; c’est bien Laurent Gbagbo. Et nous le savons tous, cette période pré-électorale en France est plus que jamais propice pour brouiller les relations entre Sakozy qui se soucie déjà de son avenir politique et Ouattara qui n’arrive pas à prendre le contrôle d’un pouvoir obtenu par les armes.

À propos des 13000 milliards de francs CFA annoncés

Nous ne doutons pas que celui qui s’auto-proclame le super économiste savait que l’économie mondiale était en pleine récession. Dr Alassane Ouattara savait donc qu’il ne pouvait pas avoir 13000 milliards de francs CFA des institutions financières internationales et des gouvernements des pays affectés par cette récession économie. A-t-il pensé que l’économie mondiale se remettrait vite de cette récession, la deuxième après celle de 1929 selon les experts ? Nous en doutons aussi. C’est donc lui qui a trompé certains ivoiriens.

La part belle faite aux entreprises françaises.

Il n’y a rien d’étonnant dans l’attitude de Ouattara. Puisqu’il se défini idéologiquement comme un libéral il refuse que l’Etat se mêle au marché. Pour lui, il faut privatiser les secteurs budgétivores pour permettre à l’Etat de se donner les moyens de protéger le marché des éventuels abus. Et d’assurer la sécurité des personnes et des biens. La question du monopole dont vous faites allusion ici dépend du degré d’indépendance de chaque leader libéral. Quand le leader doit son pouvoir à une puissance extérieure comme c’est le cas de Ouattara, il est obligé de livrer tous les secteurs vitaux de l’économie de son pays à cette puissance en échange de la protection de son pouvoir. Alassane est très endette vis-à-vis de la France. Dans son cas c’est même la France qui l’a intronisé le 11 Avril 2011. Il ne pouvait pas en être autrement.

Le cas Mamadou Koulibaly

Il y a une seule chose que je reproche au Pr Koulibaly (photo) ; c’est le fait de ne pas savoir quand, où et comment parler pour ne pas créer de scandales. Je crois même que sa façon de s’exprimer sans tenir compte du temps qu’il fait et du lieu où il se trouve est à la base de l’assassinat du Ministre Désiré Tagro. On se rappelle encore que sur invitation d’une ONG, au plus fort de la campagne électorale, le conférencier Koulibaly Mamadou déclarait que le FPI avait un quota et que le Ministre Tagro recrutait les FDS sur la base ethnique. Pour clarifier l’Affaire, le président Gbagbo à dû demander une enquête qui a d’ailleurs innocenté le Ministre Tagro. Je crois que Tagro aurait eu la vie sauve si Koulibaly ne l’avait pas accusé d’avoir recruté des Bété dans les FDS dont les éléments ont tués les frères d’armes des rebelles sur les différents fronts. Je crois que Koulibaly méritait d’être expulsé du parti après ses dernières sorties publiques dont vous faites allusion. Mais comme toujours la sagesse a habité les camarades du FPI. L’ancien camarade vient de partir de lui-même, c’est tant mieux.

L’avenir du FPI avec ses cadres en prison et en exil

Le FPI ne mourra pas. Ce parti est né et a grandi dans l’adversité. Il survivra à la dictature de Ouattara j’en suis persuadé. Parce que n’oublions pas que le FPI constitue l’un des facteurs qui ont permis à la Côte d’Ivoire de retourné au multipartisme en 1990. Et ce n’est pas la première que ses leaders sont jetés en prison sans avoir commis de délits. Le président Gbagbo est à sa troisième expérience, mais la deuxième après la reconnaissance officiel de son parti, le FPI, en 1990. Aujourd’hui l’histoire ne fait que se répéter. Le 18 février 1992, c’est le même Alassane Ouattara, alors premier Ministre de Houphouët, qui disait avoir vu le député Gbagbo Laurent casser et qui l’a emprisonné avec les membres de la direction de son parti et beaucoup d’autres démocrates. Le parti en est sorti plus fort. Il n’y a aucun doute, le FPI saura surmonter toutes les épreuves à venir.

Guillaume Soro

La place du rebelle Soro Guillaume est au Tribunal Pénal International. Il doit répondre des crimes qu’il commet depuis le 19 Septembre 2002. Sa place se trouve en prison, pas ailleurs. Et c’est à ce carrefour que se jouera davantage la crédibilité de la communauté internationale.

La France

La seule chose qui unie toute la classe politique française est la France. Qu’ils soient de la gauche, du centre ou de la droite, les français ont conscience qu’ils ont en commun la France. C’est d’ailleurs ce que font les autres européens et généralement les grandes démocraties occidentales. C’est un point de maturité politique que les africains n’ont pas encore atteint. Alors, dès lors que Sarkozy a fait savoir que le président Gbagbo est un ultra nationaliste, tous les leaders français sont tous tombé d’accord qu’il n’est pas bon pour les intérêts de la France. Mais il ne faut surtout pas oublier que contrairement à beaucoup de leaders africains qui font la politique pour leur propre avenir, en France, les candidats demandent les suffrages du peuple Français pour protéger les intérêts de la France partout dans le monde.

Interview réalisée par Camus Ali Lynx.info

NB : Certaines questions ont été raccourcies et simplifiées par la rédaction

Sun, 17 Jul 2011 08:04:00 +0200

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