Attaque du camp de Nahibly : Les révélations de Bert Koenders

Rentré de New-York (USA) où il a présenté un rapport sur l’évolution de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en terre ivoirienne, Bert Koenders a animé une conférence de presse, hier vendredi 27 juillet 2012 au siège de l’ONUCI à l’hôtel Sebroko d’Attécoubé. Conférence de presse au cours duquel il a fait des révélations sur les récentes attaques du camp des déplacés de Nahibly à Duékoué. Pour Bert Koenders en effet, ce camp de plus de 4400 personnes a été construit avec l’accord du gouvernement ivoirien en vue d’y installer les personnes qui avaient peur de retourner dans leurs villages. Soit parce qu’elles n’y avaient plus de maisons, ou parce qu’elles avaient peur pour leur sécurité. Mais, a-t-il laissé entendre, dans le camp, les humanitaires ont parfois été agressés dans l’exercice de leur fonction. « A partir du mois de mars 2012, il y avait eu 14 attaques contre les travailleurs humanitaires dans le camp et, au mois de mai, le HCR a envoyé une lettre aux autorités relevant ces incidents, en les informant que la distribution de vivres sera suspendue. Le 22 mai, des acteurs humanitaires ont été menacés par des individus au sein du camp », a-t-il indiqué, ajoutant que la police des Nations Unies (UNPOL) et les autorités locales ont décidé ensemble d’établir un poste de police conjoint dans le camp avec la présence d’UNPOL, du FPU [unité de police constituée] et de la police et gendarmerie nationales. « Cependant, la police nationale a quitté le poste peu après », a-t-il déploré. Revenant sur les circonstances du drame du camp de Nahibly, le conférencier a expliqué que dans la nuit du 19 au 20 juillet, un braquage armé à Kokoma, un quartier de Duékoué, a occasionné la mort de cinq personnes. Suite à cet incident, poursuit-il, le camp de déplacés de Nahibly a été visité par des dozos (chasseurs traditionnels du Nord, ndlr) qui voulaient entrer dans le camp, ce qui n’était pas permis. « Le matin du 20 juillet, une foule d’entre 500 et mille personnes se présente au camp. En ce moment, l’ONUCI avait 12 policiers à l’intérieur du camp et 10 militaires sur le périmètre extérieur, comme cela avait été convenu avec le Préfet de Duékoué », a-t-il relevé. « Selon l’information que nous avons maintenant, la police ivoirienne n’était pas dans ce camp. Vingt-quatre autres militaires sont ensuite venus en renfort. La foule a débordé le dispositif sécuritaire », a-t-il déploré. Sur la base des informations dont il dit disposer, Koenders déclare qu’il est en mesure d’affirmer qu’il aurait été impossible de protéger le camp sans tirer massivement sur la foule. « La foule a incendié le camp. Il y a eu six morts confirmés, 56 personnes blessées et environ 5.000 personnes déplacées enregistrées dans le camp ont été dispersées », a-t-il rappelé, avant de saluer l’intervention du président de la République, Alassane Ouattara qui, à ses yeux, a promis de faire la lumière sur les circonstances du drame à Duékoué. Pour le représentant de Ban Ki-moon, il faut trouver ceux qui sont à la base de la tuerie du quartier Kokoma où des personnes non identifiées et armées ont abattu cinq habitants et les auteurs de la mort des six personnes dans le camp.

« Les chiffres doivent être basés sur des faits »

Koenders dit avoir écrit au tribunal de Man afin d’être informé de l’ouverture d’une enquête. « L’ONUCI tient à souligner que la justice doit être impartiale. Elle doit viser et les auteurs du braquage qui a été rapporté à Kokoma, et ceux qui ont fait partie de la foule, qui ont tué des gens à Nahibly et incendié le camp. L’ONUCI appelle toutes les personnes et instances concernées à assumer leurs responsabilités en menant les investigations qu’il faut et en traduisant les auteurs présumés devant la justice. L’ONUCI fournira tout le soutien technique nécessaire », a-t-il annoncé. Sur la question du nombre de tués pendant l’attaque du camp de Nahibly, le patron de l’ONUCI a maintenu les chiffres divulgués aux premières heures de l’attaque relatifs à une douzaine de morts. Des patrouilles, selon lui, sont en train d’être effectuées par les casques bleus aux alentours du camp afin de savoir s’il y a eu d’autres morts. Jusqu’à présent, a-t-il précisé, aucun autre corps n’a été découvert. Koenders dit avoir reçu les chefs Wê, qui avaient dénombré, au cours d’une conférence de presse, plus de 200 morts ; chiffre repris par le Front populaire ivoirien (FPI), ex-parti au pouvoir. « J’ai été informé sur ce chiffre de 211. Je ne peux pas le confirmer. J’ai demandé à la délégation du peuple Wê de me donner des informations précises là-dessus. Elle ne l’a pas fait encore. S’ils ont ces informations je suis prêt à les recevoir. Je fais tout pour trouver les faits justes. Je le répète encore. Je n’exclus pas le fait qu’il y ait d’autres morts, mais à ce stade, je n’ai pas de confirmation et je n’ai pas d’indication qu’il y a plus de morts. Sur ces choses-là, il faut être très précis. Il ne faut pas donner des chiffres qui ne sont pas basés sur des faits », a-t-il fait savoir. Quant au contenu de son rapport au Conseil de sécurité de l’ONU, le patron des casques bleus en Côte d’Ivoire a relevé la nécessité, pour la justice ivoirienne, de poursuivre tous les criminel de la crise post-électorale, quel que soit leur camp.

Y.DOUMBIA
Publié le samedi 28 juillet in L’Inter

Sun, 29 Jul 2012 01:32:00 +0200

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