Ça me révolte : Des armes lourdes à la place de la paix

Alassane Dramane Ouattara et ses amis ne le savent que trop. Il est plus facile de détruire que de construire. Lorsque quatre pelés et trois tondus, malgré leur nombre infiniment petit, se mettent ensemble et tirent trois ou quatre coups de feu en l’air dans une agglomération, c’est la débandade. Chacun se met à l’abri. Les portes des habitations et des magasins se ferment à double tour. Et le fonctionnement du pays s’arrête.
Pendant dix ans, le régime de Laurent Gbagbo a connu cette situation avec une rébellion armée qui se réclamait d’Alassane Dramane Ouattara et qui disait avoir pris les armes pour permettre à son mentor de devenir chef de l’Etat. Laurent Gbagbo qui connaissait le prix et l’importance de la paix n’a ménagé aucun effort pour ramener les rebelles dans la République. Il leur a tendu la main de façon sincère puisqu’on a vu qu’il leur a tout donné : argent, galons, postes ministériels etc. Il a fait même mieux en acceptant de partager le pouvoir avec eux. Leur chef visible, l’étudiant Guillaume Soro Kigbafori, a été nommé Premier ministre, aboutissement du Dialogue direct instauré par le président Gbagbo. Il est allé encore plus loin en faisant de Ouattara, mentor des rebelles, un candidat à titre exceptionnel à l’élection présidentielle. Il voulait la paix pour son pays. Il voulait la paix pour son peuple.
De la nomination de Soro, en avril 2007, jusqu’à l’organisation de l’élection présidentielle, en octobre 2010, la Côte d’Ivoire a vécu un calme relatif même si les rebelles ont refusé de se soumettre à un important point de l’accord : le désarmement. Ce qui a fait retentir les armes pendant et après l’élection dans le nord et par la suite dans le sud.
Pour obtenir, à cette paix relative, Laurent Gbagbo a dû se surpasser, se faire violence, s’humilier. Les Ivoiriens et avec eux, le monde entier, ont retenu cette grande leçon d’humilité dont il a fait preuve.
Depuis le 11 avril 2011 où Ouattara s’est emparé du pouvoir, les armes que ses combattants ont utilisées contre les populations civiles et les militaires ne se sont jamais tues. Elles sont visibles partout et se louent même à vil prix. De nombreux combattants qui ont fait la guerre pour lui et qui sont laissés pour compte crient à la trahison et, chaque fois, promettent de se venger. Notamment les membres du «commando invisible» pro-Ouattara créé de toute pièce en 2011 pour tuer les Fds d’alors et les civils pro-Gbagbo. Fait curieux, le chef du « commando invissible », Ibrahim Coulibaly dit IB, a été assassiné par ses frères d’armes de la rébellion armée, une fois la victoire obtenue. Ses hommes veulent venger leur chef. Mais jamais, les nouvelles autorités du pays n’ont daigné les écouter.
Habitués désormais au sacrifice du chef de l’Etat et à un Dialogue direct de bonne mémoire, les Ivoiriens s’attendaient logiquement à ce qu’Alassane Dramane Ouattara suive les traces de Laurent Gbagbo comme il le fait sur bien des chantiers laissés par celui-ci. Mais non ! Ouattara a plutôt choisi de les terroriser à travers des dozos qu’il a déversés sur l’ensemble du pays, particulièrement dans l’ouest et aussi à travers une police militaire dirigée par un non professionnel qui passe le plus clair de son temps à procéder à des enlèvements de citoyens. Chaque jour qui se lève se couche avec son lot d’enlèvements, de tortures, de bastonnades, de vols, de braquages et d’assassinats d’honnêtes citoyens. Sous nos yeux, le temps se gâte sans que cela ne conduise les pouvoirs publics à rectifier le tir.
Bien au contraire, ils fortifient leur pouvoir de répression sans commune mesure et se barricadent derrière des armes lourdes qu’ils achètent à tout vent comme s’ils se préparent à une grande et longue guerre. Pourtant, la paix n’est pas loin. Elle frappe tous les jours à leur porte. Elle ne demande qu’une petite ouverture, même une lucarne, pour s’installer. Mais Satan semble être «dans la place».

Par Abdoulaye Villard Sanogo in NOTRE VOIE

Sat, 18 Aug 2012 03:42:00 +0200

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