Cérémonie de présentation des vœux du nouvel an à Ouattara : Sous le signe des angoisses et des incertitudes

Différée de quelques jours, à cause des bousculades meurtrières survenues dans la nuit du 31 décembre 2012 au 1er janvier 2013, la cérémonie de présentation de vœux au chef de l’Etat a finalement eu lieu samedi dernier. Dans leurs différents discours, les participants ont soulevé des craintes sur les questions liées à l’insécurité et au coût de la vie.

Les responsables et membres des institutions, des structures de l’Etat, les présidents ou secrétaires généraux des partis politiques ou leurs représentants, les organisations professionnelles et non gouvernementales de Côte d’Ivoire. Mais aussi les chefs des missions diplomatiques, les représentants des organisations du système des Nations unies, les organismes financiers occidentaux et sous régionaux. ont tous défilé, le samedi 5 janvier dernier, dans la salle des pas perdus de la présidence de la République. Objectif, présenter au chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, les vœux du nouvel an. La cérémonie officielle organisée, conformément aux habitudes de la République, a duré de 9 h à 17 h. Outre les défilés pour saluer l’hôte des lieux, il y eut cinq échanges d’allocutions faites par le corps diplomatique, l’armée, la communauté chrétienne, les musulmans et les chefs traditionnels. Dont les temps marquants furent les messages du Nonce apostolique, de la communauté musulmane et du Forum des Confessions religieuses, dans la mesure où ces trois messages font écho des angoisses et des préoccupations des populations. Conformément à la coutume protocolaire, c’est le corps diplomatique qui a livré le premier message. Par la voix de l’ambassadeur Isabelle Ibouda, doyen par intérim, qui a souhaité les vœux de bonne année. En ce début d’année, la diplomate a dit son optimisme, estimant que «la paix est possible en Côte d’Ivoire» et «que l’unité du pays est comprise comme une nécessité». Saluant les actions entreprises par le chef de l’Etat, l’intérimaire de Monseigneur Ambrose Madtha (décédé accidentellement) a cependant souligné qu’«il reste à faire», citant «la pauvreté et le chômage qui ne cessent d’accroître» et «l’insécurité» vécue au quotidien. Toujours concernant les problèmes des Ivoiriens et de tous ceux à qui la Côte d’Ivoire a accordé l’hospitalité, la porte-parole du corps diplomatique a fait «cas des graves violations des Droits de l’homme…», puis a invité Alassane Ouattara «à prêter une attention particulière aux résultats de la commission d’enquête, aux récentes déclarations d’Amnesty International et de l’Onu…».

Pour le compte des ambassadeurs, elle a aussi évoqué le problème des «détenus politiques», faisant remarquer que de nombreuses personnes sont en détention depuis plus de dix huit mois sans jugement. La communauté musulmane a repris le même constat concernant les questions liées à l’insécurité, au chômage et à la vie chère, pour pousser un «cri de cœur». «Comment ne pas évoquer le coût de la vie… ? Le peuple constate une flambée du prix des denrées alimentaires face à laquelle l’intercession de l’Etat s’avère nécessaire…», a indiqué Mamadou Traoré, imam de la mosquée de la Riviera Golf, porte-parole du Conseil supérieur des Imams (COsim). Au nom du Forum national des Confessions religieuses de Côte d’Ivoire, Mgr Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, a, lui aussi, jeté «un bref regard sur la situation socio économique de notre pays». L’homme de Dieu a eu «une pensée forte pour nos frères et sœurs qui vivent en exil». Pour rappeler à Ouattara qu’«aucun sacrifice n’est trop grand pour des frères, dans l’intérêt bien compris de la mère nation qui a trop souffert de nos divisions». Par ailleurs, Jean Pierre Kutwa s’est «interrogé sur l’augmentation surprise du prix du litre de l’essence super et du gaz domestique», alors que nous sommes encore «à formuler et à recevoir des vœux en ce début». Pour l’Archevêque, cette mesure «peut provoquer (une) psychose au sein de nos populations qui peuvent y voir le début d’autres mesures similaires».
Le chef de l’Etat a répondu à Jean-Pierre Kutwa. Alassane Ouattara a révélé que l’augmentation intervient parce que le secteur des mines, à travers la Sir et Petroci, est, selon lui, en faillite. «Ce n’est pas une mesure surprise. Elle aurait dû être prise dès notre arrivée au pouvoir», a-t-il expliqué. Pour le reste, le mentor du Rdr a réitéré sa volonté de donner la priorité à la santé, à l’éducation, aux infrastructures, aux emplois, aux logements, à l’eau potable … et à la sécurité des Ivoiriens. Il a demandé à l’armée de travailler à la discipline et à l’éthique militaire. Au nom des militaires et des forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire, le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des Frci, s’est dit satisfait de ce qu’Alassane Ouattara soit le ministre de la Défense. Il a promis prendre en compte tous les combattants. Quand à Dodo N’depo Didace, porte-parole des chefs et rois traditionnels, il a essentiellement plaidé pour qu’Alassane Ouattara reconnaisse un statut aux chefs et rois traditionnels. Une promesse lui a été faite dans ce sens par le chef de l’Etat, pour l’année 2013. La rencontre du samedi a commencé par une minute de silence en mémoire des victimes de la bousculade tragique. Mais au-delà de tout, la présentation des vœux de nouvel an s’est déroulée dans une atmosphère lourde.

Armand BOHUI in Notre Voie
bohuiarmand@yahoo.fr

Mon, 07 Jan 2013 22:25:00 +0100

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