Commission ‘‘Dialogue-Vérité-Réconciliation’’/ Un an après, ça traine encore : La CDVR impuissante face aux obstacles

À côté de la plaque
Les attributions de la Commission dialogue, vérité et réconciliation étaient clairement définies dans l’ordonnance qui l’a instituée au titre des attributions : « La CDVR a pour mission d`œuvrer, en toute indépendance, à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale entre toutes les communautés vivant en Côte d`Ivoire. A ce titre, elle est chargée : d`élaborer une typologie appropriée des violations des droits de l`Homme susceptibles d`être l`objet de ses délibérations ; de rechercher la vérité et situer les responsabilités sur les événements sociopolitiques nationaux, passés et récents ; d`entendre les victimes, obtenir la reconnaissance des faits par les auteurs des violations incriminées et le pardon consécutif ; de proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à guérir les traumatismes subis par les victimes; d`identifier et faire des propositions pour la réalisation des actions de nature à renforcer la cohésion sociale et l`unité nationale ; d`identifier et faire des propositions visant à lutter contre l`injustice, les inégalités de toute nature, le tribalisme, le népotisme, l`exclusion, ainsi que la haine, sous toutes leurs formes ; d`éduquer à la paix, au dialogue et à la coexistence pacifique… ». Ainsi se présente en substance les attributions de la CDVR. Mais, le constat est patent. La commission n’a pu plancher définitivement sur l’une partie de ces attributions et rien ne rassure qu’elle réussira l’exploit d’accomplir cette mission. En jetant un regard sur ces attributions, on ne peut s’empêcher de se demander quelles étapes le président Banny et son équipe ont pu franchir. La typologie appropriée des violations des droits de l`Homme susceptibles d`être l`objet de ses délibérations a-t-elle été élaborée ? Les victimes ont-elles été entendues ? Autant de questions dont les réponses ont été englouties dans le flot des faiblesses affichées par la CDVR.
Que de faiblesses relevées
A l’analyse, on traine les pas au niveau de la CDVR pour la simple raison qu’une trajectoire claire et précise n’a pas encore été donnée à la mission de la commission dirigée par Charles Konan Banny. Les Ivoiriens dans leur entière majorité ignorent le schéma de la CDVR pour réconcilier ce peuple meurtri par une décennie de crise. La Commission dialogue, vérité et réconciliation semble être très loin des réalités des acteurs de cette réconciliation. Pire, le fossé entre les actions du gouvernement en faveur de la réconciliation et celles de la Commission se creuse au fil des jours. A preuve, le dialogue républicain entamé par le gouvernement avec l’opposition a mis à la touche la CDVR. Cette commission est en panne sèche de stratégie, alors que ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent. Les actions d’éclat ont pris le pas sur les œuvres concrètes. La Commission donne l’impression de tourner en rond sans répondre aux attentes des Ivoiriens. Le mandat de la CDVR était de deux ans. Mais, au terme de cette première année, les objectifs ne sont pas encore atteints, du moins ils ne sont même pas en voie d’être atteints. Ce gros chantier qui n’a pas connu un début de défrichage pourra-t-il être labouré ? C’est la grande interrogation qui se dégage à l’occasion du bilan à mi-parcours. Le président Banny et ses collaborateurs arriveront-ils à produire le miracle, puisque c’est de cela qu’il s’agit, durant les quelques mois qui leur restent passer à la tête de la Commission dialogue, vérité et réconciliation ? Il ne faut pas se voiler la face, la mission devient de plus en plus difficile, puisqu’elle a pris du plomb dans l’aile. D’ailleurs, les acteurs politiques et l’Ivoirien lambda n’espèrent plus rien de cette commission de réconciliation. A en juger par les réactions recueillies auprès des uns et des autres. La question qui demeure cependant est de savoir si le gouvernement va proroger le mandat de Charles Konan Banny à la tête de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Le président de la CDVR n’a pas manqué de préciser que deux années sont insuffisantes pour abattre cette énorme œuvre de réconciliation.
JERÔME N’DRI in Le Mandat
Thu, 12 Jul 2012 22:35:00 +0200
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