Côte d’Ivoire – Haro sur les nouveaux frais d’inscription dans les universités publiques

Personne n’est d’accord

"NON ! Cette décision n’est pas bonne", s’écrie Le Nouveau Réveil (quotidien proche du pouvoir) dans sa parution de jeudi.

Selon le quotidien du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le moment ne se prête pas à une telle augmentation des frais d’inscription.

"Elle est inopportune et à risque", un an après la crise post-électorale qui a entraîné des conséquences de toutes sortes dans la vie économique et sociale des Ivoiriens, estime le journal.

Le journal pense que "le régime actuel doit être celui de l’espoir qui permettra aux pauvres d’avoir les mêmes chances de réussite que les riches".

De leurs côtés, parents d’élèves et étudiants dénoncent cette mesure des autorités universitaires jugée impopulaire et inopportune en cette période de crise.

Un étudiant en maîtrise se dit "surpris" par cette annonce.

"J’ai perdu mon père depuis que j’étais au collège, ma mère ne travaille pas et c’est mon grand frère qui payait mes inscriptions mais il est trop occupé avec sa petite famille. Je fais de petits boulots pour l’aider mais sincèrement, je ne pense pas avoir 200 000 francs pour la rentrée prochaine", explique-t-il.

"Cette augmentation intervient dans un contexte particulièrement difficile et rend cette décision unilatérale, impopulaire et suicidaire", indique le secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci, pro-Gbagbo), Augustin Mian, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire tenue vendredi.

La Fesci "condamne cette décision qui porte atteinte au droit à l’éducation qui est un droit fondamental et inaliénable".

Le secrétaire général de l’Association générale des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (Ageeci), Roland Mominé, appelle le gouvernement à "surseoir à cette décision".

"L’augmentation des frais d’inscription dans cette proportion exclut des milliers d’étudiants pauvres des différentes universités publiques de Côte d’Ivoire. C’est inacceptable !", fulmine-t-il.

Pour Touré Moussa, de l’Union nationale estudiantine et scolaire (Unesci), "avec cette décision, des étudiants risquent d’abandonner les études".

Même s’il reconnaît que les besoins actuels des universités publiques sont "énormes" et que les frais d’inscription qui sont de 6 000 francs CFA ne suffisent plus pour offrir une formation de qualité aux étudiants, le président de l’Organisation des parents d’élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (OPEECI), Claude Kadio Aka, juge les nouveaux frais d’inscription "excessifs".

"Tout enfant doit avoir accès à l’éducation et les universités publiques sont pour les parents moins nantis", souligne-t-il.

Le président de la Coordination des associations des parents d’élèves, Bi-Roger, est catégorique.

"Si le gouvernement veut fermer les portes à nos enfants, qu’il le dise. On veut empêcher nos enfants d’aller à l’école. Nous nous opposons à cette décision", rage-t-il.

Appel à une concertation sur l’école

"En tout cas, cette décision nous a tous abattus et le pire c’est que nous n’avons même pas été consultés", dénonce le président de l’Union des parents d’élèves et étudiants, Jean Roger Boto.

Il faut organiser les "états généraux" de l’éducation pour que les partenaires et les acteurs du système éducatif ivoirien puissent "apprécier les choses comme il se doit", appelle-t-il de tous ses vœux.

L’Ageeci également dénonce une augmentation des frais d’inscription "de façon unilatérale".

"Nous interpellons le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et les différents présidents d’universités sur le caractère impopulaire de cette décision et nous exigeons la mise en place d’un cadre de concertation réunissant tous les syndicats estudiantins à l’effet de débattre sérieusement de cette question", lance l’Association.

Pour Claude Kadio Aka, les autorités doivent "tenir compte des réalités actuelles" et aller "rapidement" à la mise en place d’un cadre de concertation à l’effet d’éviter d’éventuels "désordres".

La Fesci aussi réitère sa volonté d’aller à une concertation nationale sur l’école ivoirienne.

Il faut que cette concertation se tienne afin de "garantir une rentrée académique paisible et réussie", indique l’organisation syndicale estudiantine.

La rentrée est fixée au 3 septembre dans les universités publiques fermées après la crise post-électorale pour des travaux de réhabilitation.

Xinhua

Tue, 31 Jul 2012 13:12:00 +0200

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