Cour pénale internationale / Confusion sur l’audience du 30 octobre : Des pro-Gbagbo dansent et fêtent déjà

Le Président Laurent Gbagbo le 05 décembre 2011 à La CPI.
Le débat sur la mise en liberté provisoire de l’ancien chef de l’Etat est relancé. Et c’est la Cour pénale internationale qui a ouvert la boîte de pandore, suite à l’annonce, depuis le 19 octobre 2012, de la tenue d’une audience afin de déterminer si Laurent Gbagbo peut bénéficier de la liberté provisoire ou si au contraire, il doit être maintenu en détention au centre pénitentiaire de Scheveningen. Laurent Gbagbo devra de ce fait, être entendu le mardi 30 octobre 2012, à 14h30, en présence du procureur, de sa défense et du Bureau du conseil public pour recevoir les observations sur la question du maintien en détention ou la libération de M. Gbagbo». Selon les règlements et statuts de la Cour, la Chambre réexamine sa décision de mise en liberté ou détention d’une personne au moins tous les 120 jours. La règle 118 (3) du règlement prévoit que la Chambre peut décider de tenir une audience, à la demande des parties ou d’office, et qu’une audience aura lieu «au moins une fois par an». Depuis cette annonce, de part et d’autre, les avis sont partagés. Il y a d’un côté, les partisans et sympathisants de l’ancien dirigeant ivoirien qui soutiennent mordicus la thèse de l’innocence de leur mentor dans les évènements de la crise postélectorale. Pour beaucoup, Laurent Gbagbo n’y est pour rien. Par conséquent, il ne peut être maintenu. Si l’on s’en tient à la position du Dr Boga Sako Gervais, défenseur de la cause de Laurent Gbagbo, il y a deux poids deux mesures dans le cadre de l’affaire Gbagbo. En sa qualité d’enseignant-Chercheur, membre de la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI), il conçoit mal que le chef suprême des armées (Ndr : Laurent Gbagbo) soit mis aux arrêts, alors que le chef d’Etat-major d’alors sous l’ère Gbagbo et l’ex-commandant supérieur de la gendarmerie sont épargnés et même nommés ambassadeurs parce qu’ils ont fait allégeance à M. Ouattara. «On est choqué, surtout en tant qu’Ivoirien et Défenseur des Droits de l’Homme, de voir le procureur de la CPI s’autoriser à trier les victimes de la crise postélectorale. Comment peut-on prétendre, objectivement, rendre justice dans cette crise, en présentant M. Gbagbo et les siens comme seuls coupables…», s’interroge l’homme de Droit. Pour nombre important de militants FPI ou proches de l’ancien régime, les preuves d’implication de l’ancien chef de l’Etat dans les exactions ne sont pas suffisantes pour que celui-ci soit détenu de façon ‘’illégale et arbitraire’’ dans un pays qui n’est pas le sien. «Ce qui est sûr et certain, notre frère sera libéré et sera de retour parmi les siens pour continuer le combat de la liberté pour tous sans exception», soutiennent des pro-Gbagbo. Ceux-ci s’appuyant sur des hypothèses, pensent avoir déjà remporté la bataille juridique et n’attendent que la libération de Laurent Gbagbo qui est annoncé en Angola, et non en Ouganda en cas de libération. De l’autre côté, il y a les partisans du parti au pouvoir qui refusent de croire à une libération de l’ancien de l’Etat. Pour ceux-là, il y a des preuves suffisantes pour qu’il soit maintenu jusqu’à la date de confirmation des charges. A ceux qui jubilent parce que Laurent Gbagbo pourrait bénéficier, d’une mise en liberté, des hommes de droit estiment que ceux qui le font, se donnent une bonne mine. Pour ceux-là, si la Cour a décidé de statuer maintenant sur le cas de l’ancien chef de l’Etat, cela rentre dans l’ordre normal des choses, conformément au fonctionnement de cette juridiction internationale. «Selon les règlements et statuts de la Cour, la Chambre réexamine sa décision de mise en liberté ou détention d’une personne au moins tous les 120 jours. La règle 118 (3) du règlement prévoit que la Chambre peut décider de tenir une audience, à la demande des parties ou d’office, et qu’une audience aura lieu au moins une fois par an…», fait remarquer la Juge Silvia Fernandez, dans une note rendue publique. Déjà une demande de mise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo avait été rejetée par la Chambre le 13 juillet 2012. C’est la raison pour laquelle, certains refusent de fêter avant ou de mettre la charrue avant les bœufs. Dans un camp comme dans l’autre, c’est la veillée d’armes et chacun retient son souffle avec ce feuilleton juridico-politique.

Honoré Kouassi in L’Intelligent d’Abidjan

Mon, 22 Oct 2012 20:22:00 +0200

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