CPI/ Procès du 13 août: Comment Bensouda veut coincer Gbagbo

Dans un document publié sur le site internet de Jeune Afrique mercredi dernier, un proche de Bensouda rassure. « Nous sommes prêts ». Une sorte d’alerte lancée à Me Emmanuel Altit, l’avocat principal de Laurent Gbagbo, à qui il reviendra de casser les charges retenues par le bureau du procureur contre son client, pendant l’audience de confirmation ou non des charges prévue pour le lundi 13 août 2012 prochain. Fatou Bensouda pense en effet avoir assez de preuves contre l’ancien président.

Le document de JA note que «depuis le mois d’octobre 2011, une vingtaine de magistrats, juristes et enquêteurs préparent dans le plus grand secret l’audience de confirmation des charges (…)». Et de préciser que «les enquêteurs de la Cour pénale internationale (CPI) ont effectué de très nombreuses missions en Côte d’Ivoire pour recueillir des preuves contre l’ancien chef d’Etat : des témoignages écrits de victimes et de prisonniers ont été versés au dossier; des rapports et des vidéos (plus de 400) ont donné lieu à la rédaction d’un document de notification des charges, qui a été remis aux juges et à la défense. À cela s’ajoutent 9 060 pages d’annexes depuis le début de la procédure, classées, pour certaines, ‘’confidentielles’’.

En un mot, c’est un dossier ‘’en béton’’ que l’ex-procureur Ocampo a laissé à son successeur Bensouda fort duquel elle devrait pouvoir faire confirmer par la Cour, les charges retenues contre Laurent Gbagbo. Le document qui, selon JA, a été préparé avec la collaboration des autorités ivoiriennes, accuse l’ex-N°1 ivoirien d’être «le coauteur de crimes contre l’humanité, commis pour des motifs d’ordre politique, ethnique et religieux, en tant que président et chef des armées. Il est soupçonné d’être responsable de la mort de 1 089 victimes, du viol de plus de 35 personnes, et d’une multitude d’arrestations arbitraires et de mauvais traitements entre novembre 2010 et le 11 avril 2011 – jour de son arrestation».

A la clé, Fatou Bensouda devrait obtenir l’ouverture d’un procès grandeur nature contre Laurent Gbagbo. Ce qui déjouerait les calculs de l’ancien président et ses partisans qui souhaitent en faire l’économie. Il faut le dire, ce vœu est caressé par les pro-Gbagbo.

Qui sont davantage confortés dans leur position par la petite victoire obtenue par Me Altit en réussissant à faire reporter l’audience de confirmation des charges du 18 juin dernier au 13 août prochain. On imagine bien que face à la Gambienne Bensouda, l’avocat français qui connaît parfaitement les procédures à la CPI, a plus d’un tour dans son sac pour casser les charges.

L’autre arme de l’accusation

En plus des milliers de pages du rapport et des vidéos qui constituent le dossier d’accusation, Fatou Bensouda explore d’autres pistes extrajudiciaires pour doper son accusation. Elle pourra ainsi compter sur les deux avocats français de l’Etat ivoirien, Jean-Paul Benoit et Jean-Pierre Mignard, qu’on dit très proches du nouvel homme fort de l’Elysée, François Hollande. Ces deux avocats, apprend le document de JA, seront aux côtés de la procureure gambienne ‘’pour apporter la contradiction’’. Ils se sont d’ailleurs déjà illustrés avec «un mémorandum remis en mars 2011 à la CPI et dénonçant les crimes du camp Gbagbo durant la crise postélectorale». Autant les pro-Gbagbo entendent se mobiliser pour réclamer la libération de leur champion, autant les pro-Ouattara se préparent à donner la réplique. Ils vont eux aussi battre le rappel des troupes en Afrique et en Europe pour converger à La Haye et y réclamer justice pour les victimes.

Le procès va donc se dérouler au sein de la Cour entre le procureur d’une part, l’avocat et son client d’autre part, mais également à l’extérieur du tribunal entre pro-Gbagbo et pro-Ouattara. Le camp de l’actuel locataire du palais d’Abidjan compte également sur un matraquage médiatique pour « désintoxiquer l’opinion » et rétablir la vérité sur la crise post-électorale.

Cela a déjà commencé avec la présence en Europe, depuis plusieurs jours, du porte-parole du Rassemblement des républicains (Rdr) Joël N’Guessan, et du conseiller technique du président de la République chargé de la jeunesse, Touré Mamadou. Interviews sur les médias internationaux, rencontres avec la diaspora, et autres organismes internationaux, sensibilisation et mobilisation en défaveur de Laurent Gbagbo, meubleront leur séjour. Avec l’ultime but de conforter l’accusation et faire condamner l’ancien chef de l’Etat. Toutes choses qui, il faut le noter, devraient donner du tonus à la procureure Bensouda pour couler l’ex-président ivoirien.

Hamadou ZIAO in L’Inter

Sat, 23 Jun 2012 01:03:00 +0200

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