Trois journalistes de « Notre Voie », journal pro-Gbagbo qui sont arrêtés, détenus pendant plus de 96 heures dans une cellule de la police criminelle au Plateau avant d’être déférés au parquet pour se voir placer sous mandat de dépôt et écrouer à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Ils seront jugés et relaxés pour délit non constitué. Chacun savait que ce qui leur était reproché n’était qu’une vaste plaisanterie qui ne pouvait prospérer devant aucun tribunal sérieux. Mais le mal était déjà fait. Ils avaient été privés de leur liberté pendant plus de quinze jours. Pour rien ! On avait bien compris, dans cette histoire, que la justice avait encore une fois été utilisée, comme sous Laurent Gbagbo, pour régler des comptes politiques à des journalistes qui se servent de leur plume comme d’un scalpel. Pratiques liberticides auxquelles Ouattara avait cependant promis de mettre fin. Quelques semaines plus tard, c’est le directeur de publication du quotidien pro-Ouattara, « Le Patriote », qui sera interpellé à 22 heures à son bureau par des agents de la Direction de la surveillance du territoire (DST), avant d’être conduit dans leurs locaux pour y passer une nuit plutôt agréable, selon ses propres termes. Il lui était reproché d’avoir publié dans les colonnes de son journal, bien avant la Commission électorale indépendante -dont «L’Eléphant» a récemment démontré que son indépendance n’est que virtuelle- des résultats partiels des élections législatives du 11 décembre. Il a donc suffi de cela pour que les services secrets de Côte d’Ivoire se mettent en branle, sous les ordres du procureur de l’Intérieur, pour aller interpeller, vu certainement l’urgence, le journaliste, à sa rédaction, à 22 heures. Pour prévenir toute fuite hors du pays. C’est que le « crime » qu’il avait commis, publier avant la Cei des résultats partiels d’une élection, était un crime susceptible de faire s’écrouler le régime de Ouattara, d’où l’entrée en action des services secrets. Le journaliste a été libéré le lendemain et il n’y a eu aucune suite à cette affaire. Ri-di-cu-le, n’est-ce pas ? Mais là également, le mal était fait. « Les journalistes en Côte d’Ivoire sont interpellés désormais, pour leurs écrits par les services secrets », avait ironisé un défenseur de la corporation. Il y a 72 heures, les mêmes services secrets ont débarqué à la rédaction du quotidien pro-Gbagbo, « Le Temps », et y ont interpellé le directeur général du groupe « Cyclone », éditeur de « Le Temps », « Lg Info » et « Prestige-Mag », avant de le balader pendant plusieurs heures dans la ville d’Abidjan, puis de revenir avec lui, dans sa propre voiture, à sa rédaction pour saisir son ordinateur portable et plusieurs autres ordinateurs de bureau. Des ordinateurs dont l’examen du disque dur va certainement révéler dans les heures qui arrivent que la rédaction de « Le Temps » est le laboratoire de préparation des actions terroristes d’Aqmi (Al Quaïda au Maghreb Islamique) et donc le journaliste risque de se retrouver à la CPI. Et Ouattara va certainement recevoir les chaleureuses félicitations de la communauté internationale.
En attendant, le ministère de l’Intérieur, sous l’autorité de qui agissent les policiers de la DST, n’a pas encore rendu publiques, sans doute pour ne pas se ridiculiser, les raisons qui ont conduit à l’interpellation du journaliste et à la saisie du matériel de travail des autres journalistes du quotidien. Mais en utilisant maintenant la DST et non plus les agents de la police criminelle qui ne disposent que de 48 heures renouvelables une seule fois pour garder un journaliste dans leurs locaux, le ministère de l’Intérieur se donne désormais le pouvoir de priver, pendant le temps qui lui plaît, les journalistes, de leur liberté. Et aussi de l’assistance d’un avocat. Et ce qui est formidable, c’est que tout ça se passe sous Ouattara. Le champion de la bonne gouvernance, le champion de l’Etat de droit, le champion des libertés publiques et privées. On croirait rêver ! Journalistes de Côte d’Ivoire, tremblez ! Sous Gbagbo, on vous jetait dans une cellule de la police criminelle. C’était un drame ! Sous Ouattara, c’est la DST qui vous offre le gîte et le couvert ! Et vous pourriez y être désormais détenus pendant un mois, deux mois, selon le bon vouloir du procureur de l’Intérieur, sans qu’aucun avocat n’y puisse rien, sûreté de l’Etat oblige ! Y a rien à dire, c’est une avancée démocratique… on ne pouvait vraiment pas espérer mieux !
En attendant, le ministère de l’Intérieur, sous l’autorité de qui agissent les policiers de la DST, n’a pas encore rendu publiques, sans doute pour ne pas se ridiculiser, les raisons qui ont conduit à l’interpellation du journaliste et à la saisie du matériel de travail des autres journalistes du quotidien. Mais en utilisant maintenant la DST et non plus les agents de la police criminelle qui ne disposent que de 48 heures renouvelables une seule fois pour garder un journaliste dans leurs locaux, le ministère de l’Intérieur se donne désormais le pouvoir de priver, pendant le temps qui lui plaît, les journalistes, de leur liberté. Et aussi de l’assistance d’un avocat. Et ce qui est formidable, c’est que tout ça se passe sous Ouattara. Le champion de la bonne gouvernance, le champion de l’Etat de droit, le champion des libertés publiques et privées. On croirait rêver ! Journalistes de Côte d’Ivoire, tremblez ! Sous Gbagbo, on vous jetait dans une cellule de la police criminelle. C’était un drame ! Sous Ouattara, c’est la DST qui vous offre le gîte et le couvert ! Et vous pourriez y être désormais détenus pendant un mois, deux mois, selon le bon vouloir du procureur de l’Intérieur, sans qu’aucun avocat n’y puisse rien, sûreté de l’Etat oblige ! Y a rien à dire, c’est une avancée démocratique… on ne pouvait vraiment pas espérer mieux !
Assalé TIEMOKO in L’Éléphant Déchaîné
Tue, 10 Apr 2012 04:59:00 +0200
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