Entretien/Encasdecontestationdesrésultats,parl’undescandidats,JacquelineObleauxIvoiriens: ‘’S’ils vous invitent à descendre dans les rues, n’obéissez pas…’’

Photo : DR
Vous êtes la première femme en course pour briguer la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. Pouvons-nous en savoir les motivations ?

D’abord, je suis juriste de formation et la loi me donne le droit de me présenter. Et j’en use. Jusque- là c’étaient les hommes seulement qui se présentaient mais, aujour- d’hui, j’ai estimé que pour cette élection de sortie de crise, je de- vais user de cette faculté et pré- senter un programme de société
à mes compatriotes.

Vous avez fait pratique ment le tour de la Côte d’Ivoire lors de la cam- pagne électorale. Alors comment avez-vous été accueillie sur le terrain ?

Partout où je suis passée j’ai vu des femmes et aussi des hommes enthousiastes. Tout le monde se dit fatigué par la présence sur la scène politique des trois hommes (Gbagbo- Bédié-Alassane). Il nous faut quelqu’un de neuf. Je ne peux pas faire l’unanimité puisqu’il existe des gens qui sont encore fermés à l’idée d’être commandés par une femme. Il y en a également qui considèrent qu’ils ont déjà leur candi- dat. On a donc toutes les réactions mais, de façon globale, je pense que les réactions sont positives.

Quel est donc le bilan de votre campagne ?

C’est un bilan positif. Ça m’a per- mis de revoir la Côte d’Ivoire dans son entièreté. Je ne peux pas vous donner de chiffre mais, je sais que pendant mes tournées, les Ivoiriens ont adhéré à ma dé- marche. A partir de ce moment, je me suis dit qu’il faut continuer à leur donner de la chance. Ça vous a paru long parce que nous n’avions pas accès à la Télévision. Toutes les tournées que nous avions effectuées, n’étaient pas reproduites à la télévision. Et puis, dès qu’on leur remettait la cassette, ils ne la passaient pas. C’est normal que certains se po- sent la question de savoir si j’étais encore dans la course. Quand on finit par leur expliquer, ils comprennent.

Dans l’introduction de votre Plan ivoire de Reconstruction, vous disiez que votre candidature est un cri de ré- volte. Est-ce à dire que vous êtes une femme révoltée ?

J’ai utilisé le terme ‘’Cri de révol- te’’, parce que quand je vois la so- ciété ivoirienne, surtout la pente qu’elle a commencée à prendre, je me dis si on ne l’arrête pas, on va se retrouver dans un ravin. Je ne voudrais pas de cela parce que la Côte d’Ivoire a toutes les poten- tialités : ressources minières, pé- trolières, agricoles, etc. Si ces ressources sont bien gérées il n’y a pas de problème. Raison pour laquelle, j’ai mis au centre de mon programme, la bonne gou- vernance. C’est-à-dire la lutte contre l’enrichissement illicite, contre la corruption, les détour- nements de deniers publics, le rac- ket, etc. Aujourd’hui, on a com- mencé à accepter. Non, ce n’est pas normal, il faut ramener les Ivoiriens sur le droit chemin.

Qui est votre modèle politique ?

Politiquement, moi, je pense qu’Houphouët-Boigny est un mo- dèle de résistance, de lutte, etc. Je pense qu’il s’est battu pour ap- porter un peu de bonheur aux Ivoiriens. Bien sûr, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Il y a u des hauts et des bas également. Mais, les points positifs sont bien plus nombreux que ceux que nous voyons aujourd’hui. Maintenant, ma déter- mination, je l’ai héritée de mes parents. Je suis première fille d’une fa- mille de onze enfants. Mon père me disait que
le premier mari d’une femme, c’est le travail. Il se battait derriè- re nous pour qu’on travaille. Il y a des parents qui vont acheter des diplômes pour les enfants. Non ! Ce n’est pas cela avoir de l’amour pour les enfants.

Que pensez-vous des partis politiques qui se croient majoritaires ?

Vous dites qu’ils se croient majo- ritaires. Mais ça ne se détermine pas comme ça la majorité. Ça se détermine dans les urnes. Moi, je pense qu’après les élections, on verra qui est grand ou qui est pe- tit. Ils se font peur à eux-mêmes. D’ailleurs, c’est la raison pour la- quelle j’ai décidé de les séparer. Parce qu’ils ne s’entendront pra- tiquement jamais. Les intérêts sont tels que chacun veut avoir en même temps… Vous avez suivi le débat sur Africa 24, le jeudi 28 oc- tobre, Blé Goudé et Hamed Ba- kayoko ont failli en venir aux mains.

Pensez-vous pou- voir remporter le scrutin ?

Ne pensez pas que je vais accompagner les autres. En politique comme au football, il ne faut pas sous-estimer l’adversai- re. Au début c’est ce que les gens disaient, mais aujourd’hui al- lez leur poser la question, et vous verrez s’ils vont vous parler de la même manière.

Au cas où Mme Oble tombe- rait au premier tour, à qui donnera-t-elle ses voix au second tour ?

Les favoris n’arrivent pas forcément au terme de la course. Par- ce que moi, je pense que les gens me minimisent, mais on ver- ra. Moi, je pense que je serai au second tour. Etes-vous surprise ! (Rires). Quand je regarde le pay- sage politique, je doute fort que quelqu’un puisse avoir la majori- té absolue au 1er tour. Mainte- nant, s’il n’y a pas de majorité ab- solue et si je suis parmi les deux qui continuent. J’irai voir les autres pour négocier avec eux à partir de leurs programmes et du mien. Comme je vous l’ai dit ce sont les électeurs qui décident. En ce mo- ment-là, je verrai parmi eux qui viendront vers moi, alors nous re- garderons les programmes et je verrai les points qui, à mon sens sont importants. J’ai appelé à vo- ter tels ou tels personnes

Lors d’un meeting vous parliez de contestation des résul- tats par l’un des trois candi- dats en cas de défaite…

Ce sont ces trois qui sont à la base des problèmes des ivoiriens. Aucun d’entre eux n’acceptera la victoire de son adversaire. Moi je suis venue pour les séparer. S’ils contestent les ré- sultats des urnes et vous invite la population à descendre dans les rues, que personne n’obéisse et que chacun reste chez lui. En ce qui me concerne, je suis prête à accepter les résultats des urnes quelle qu’en soit l’issue.

Avec l’Intelligent d’Abidjan / Par Réalisé par Koné Yacouba

Wed, 03 Nov 2010 02:06:00 +0100

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