Football / Eléphants A- Entraîneurs ivoiriens : Les raisons profondes d’un divorce de huit ans

Photo : DR
Le staff technique de l’équipe nationale senior de Côte d’Ivoire échoit dorénavant aux entraîneurs expatriés depuis les échecs des nationaux aux CAN 2000 et 2002. Elu à la tête de la FIF en décembre 2002, après des mois d’intérim suite au départ de Dieng Ousseynou, Jacques Anouma n’a plus confié les rênes de la sélection première aux techniciens ivoiriens. N’est-ce pas Yéo Martial, l’Ivoirien, qui a conduit les Eléphants au sacre en 1992 au Sénégal, en coupe d’Afrique des nations ? Qu’ont fait les techniciens locaux au point d’être ignorés quand il s’agit d’enrôler les sélectionneurs pour l’équipe A ? Pour bon nombre d’observateurs avertis, le divorce prend sa source au niveau des coaches ivoiriens. Et ceux qui auront joué un rôle prépondérant dans cette mise à l’écart, sont Lama Bamba et Gbonké Tia Martin. Ils ont non seulement grillé toutes leurs cartes de retour au staff technique des Eléphants, mais en plus, ont fermé les portes à leurs compatriotes qui, il faut le dire, n’ont jamais œuvré pour être un jour coopté.

Gbonké – Lama : Le passage de la honte !

Gbonké Tia Martin avait-il la carrure pour manager les Eléphants à la CAN 2000 au Ghana ? En tout cas, le sélectionneur d’alors n’oubliera pas de sitôt son passage à Zambakro dès son retour au bercail avec ses joueurs, sous l’ère du Général Robert Guéi, suite à leur débâcle. Et pourtant, avant leur départ pour la capitale ghanéenne, le 08 janvier 2000, ils avaient été reçus comme des « soldats » allant au combat pour une motivation sans pareille. Mais une fois au front, Gbonké Tia, son adjoint Lama Bamba et leur bande composée de Kalou B., Guel Tchiressoua et autres allaient faire piètre figure, éliminés au premier tour. Cette humiliation leur fit découvrir le camp militaire de Zambakro. Les sportifs ivoiriens ont apprécié cet acte républicain posé par la junte au pouvoir. Cependant, il convient de préciser qu’avant le départ des joueurs ivoiriens au Ghana, deux faits se sont déroulés à Conakry en Guinée où ils avaient élu domicile pour la préparation de la CAN 2000. Au cours de leur première séance d’entraînement en terre guinéenne, Saliou Lassissi a administré un violent coup de tête à Kouassi Blaise (Défenseur, Asec Mimosas). La bagarre est partie du fait que Lassissi reprocherait à Blaise de lui avoir fait une mauvaise passe. De retour à l’hôtel, après la séance d’entraînement, le sélectionneur national a fait des reproches à Lassissi, chose que le défenseur de Parme n’aurait pas accepté. Gbonké Tia Martin a donc décidé de s’en séparer. Les autres joueurs ont soutenu le sélectionneur dans cette décision. La page Lassissi Saliou était tournée définitivement pour la CAN ghanéenne avec au passage des interprétations diverses à Abidjan. Parce que des voix avaient répandu une rumeur selon laquelle, c’est parce que Lassissi aurait refusé d’offrir des présents au staff technique d’alors (montre en or surtout) qu’il a été mis à l’écart. Vrai ou faux ? Nul ne saurait le dire, toutefois, l’ex-joueur de l’AS Roma, reconnaît qu’il a eu des démêlées avec Lama Bamba et non Gbonké, sans aller en profondeur. C’est bien de là qu’est partie la mise à l’écart des coaches locaux qui prenaient plaisir à demander des cadeaux aux joueurs. Gbonké Tia remercié après sa désastreuse coupe d’Afrique en 2000, il a fallu attendre le départ de Patrick Parizon, le successeur de Gbonké Tia, en 2001, pour voir des traces d’un coach ivoirien sur le banc de touche des pachydermes. C’est Lama Bamba qui fut choisi par le président Dieng Ousseynou avec comme pour adjoint Kouadio Georges. A la CAN 2002, au Mali, Lama scella définitivement le sort du président de la FIF en montrant son incapacité à gérer Ibrahima Bakayoko et autres. Les Eléphants terminent derniers de la poule C avec 1 point-3 (deux défaites, un nul, quatre buts encaissés et un seul inscrit) derrière le Cameroun, la RD Congo et le Togo. A Bamako, les Ivoiriens étalent leurs querelles. C’est dans la honte qu’ils regagnent le bercail. Acculé par les présidents de clubs, Dieng Ousseynou lâche la présidence de la FIF. Avec l’avènement de Jacques Anouma, non seulement la maison de verre va mieux se porter, mais elle va opérer une rupture légendaire avec les techniciens ivoiriens.

Jacques Anouma craint-il le syndrome Dieng

Un sélectionneur ivoirien pour les Eléphants de Côte d’Ivoire. Ce n’est plus d’actualité. C’est d’ailleurs impensable sous l’ère Jacques Anouma. La seule fois qu’un Ivoirien a été aperçu sur le banc des pachydermes, c’était en tant que coach intérimaire. Kouadio Georges, c’est bien lui qui pallia l’absence de Vahid Halilhodzic, vite limogé après la CAN 2010, en Angola. Lors d’un match amical, à Londres, en Angleterre, le 3 mars 2010, Kouadio Georges s’est incliné avec ses joueurs face à la Corée du Sud (2-0). Il a fallu attendre huit bonnes années pour voir cela. Ceux qui croyaient que le patron des Eléphants Locaux allait conduire les Eléphants au mondial 2010, se sont vite ravisés. Puisque quelques jours plus tard, la FIF cooptait Sven Göran Eriksson. Avec l’annonce de l’arrivée du français Gérard Gili à Abidjan, depuis le lundi 02 août 2010, il est impensable qu’un ivoirien, prenne le contrôle du staff technique des Eléphants. L’expérience n’est-elle pas la somme des erreurs corrigées ? En clair, ayant vu beaucoup de choses en tant que collaborateur de Dieng Ousseynou depuis des années, à la FIF, le président Jacques Anouma ne veut en aucun cas, se faire surprendre par des complots et autres combines qui partent du staff technique des Eléphants. Aussi, jouant la carte du professionnalisme quand il s’agit de la sélection nationale A, Jacques Anouma préfère coopter des entraîneurs qui ont un vécu et surtout bien loin des réalités et coups bas à l’ivoirienne. N’aime-t-il pas les entraîneurs ivoiriens ? Il les préfère, mais pas chez les Eléphants. La preuve, malgré les résultats décevants de certains sélectionneurs ivoiriens en charge des cadets, juniors, locaux, Eléphants dames et autres, Jacques Anouma les maintient à leurs postes respectifs. Exceptés les Eléphants A, les autres sélections de jeunes, Eléphants Espoirs, de Dames, sont entre les mains des Locaux. Pourquoi le président ne leur donne pas la chance de manager l’équipe A ? La réponse coule de source.

Méconnus sur : le continent

Yéo Martial a remporté la CAN 92 avec les Eléphants, mais qu’a-t-il fait après ? Il a essayé d’aller monnayer son expérience au Gabon sans succès. Aujourd’hui, il dirige la direction technique nationale qui ressemble à une coquille vide tellement elle rassemble des coaches dépassés. Quel est le niveau des entraîneurs ivoiriens ? C’est avec étonnement qu’on voit des figures de proue s’empresser pour prendre part au stage d’entraîneur de licence C2, cette année. Saraka Norbert, Gbonké Tia, Lama Bamba, Amani Yao, Bohé Norbert, Koné Tiégbé etc. n’ont-ils pas la capacité de manager une sélection africaine et participer à la CAN ? Hormis la Côte d’Ivoire, que valent les coaches ivoiriens ? En dehors de Zaré Mamadou (paix à son âme), quel entraîneur local a pu conduire un club ivoirien en finale des compétitions africaines depuis 2002 ? Les Ivoiriens n’excellent pas sur le plan national comme au plan africain. Leur mise à l’écart se comprend donc aisément. Parce qu’un sélectionneur, c’est quand même un palmarès. Aucun parmi eux, excepté Kouadio Georges qui a côtoyé Troussier, Vahid, Stielike etc., n’a eu la chance de travailler aux côtés des techniciens de renom. « Pourront-ils conduire une séance d’entraînement sans aucune expérience avec ces joueurs qui sont des pros », demandait un supporter lambda qui croit dur comme fer que la mise à l’écart des nationaux se comprend mieux. Ce n’est pas le facteur argent qui est mis en exergue, mais ce sont l’expérience, la carrure, la philosophie et le mode de fonctionnement. Personne n’est prophète chez soi, cela doit amener les coaches ivoiriens à aller faire leurs preuves hors du pays de sorte à se faire désirer chez les Eléphants, un jour.

Sélectionneurs et entraîneurs

2002 : Robert Nouzaret

2004 : Henri Michel (adjoint : Gérard Gili)

2007 : Ulrich Stielike

2008 : Gérard Gili

2008 : Ulrich Stielike

2008- Fév.2010 : Vahid Halilhodžic

Mars 2010 : Georges Kouadio (intérim)

Mars 2010 – juin 2010 : Sven-Göran Eriksson

Août 2010 : Gérard Gili (pôle position).

Avec le partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / Par Annoncia Sehoué

Wed, 04 Aug 2010 02:54:00 +0200

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