Interview / Enoh Aka N’douba (candidat indépendant) : ‘’Si ça ne tenait qu’à moi, personne ne sortira le 15 mai’’

Photo : DR
Qui est réellement Enoh Aka N’douba qui aspire à gouverner la Côte d’Ivoire, au-delà de ce que l’on sait de vous ?
Enoh Aka N’douba est un jeune ivoirien épris de justice, un jeune ivoirien qui dit et qui croit que l’essentiel des problèmes des ivoiriens sont laissés de côté et les hommes politiques s’acharnent sur ce qui est inutile pour faire périr le peuple. Enoh Aka N’douba est le jeune qui pense et qui croît que le peuple ivoirien a besoin d’un sang nouveau, d’un homme sain dans un corps sain. Celui qui n’a jamais côtoyé cette vieille classe politique et qui a la solution de sortie de crise. C’est ce jeune qui pense qu’au lieu de rester dans son salon pour critiquer les autres, il est temps d’apporter la solution aux problèmes des ivoiriens.

Nous notons dans vos propos que vous n’avez pas un parcours politique particulier. Croyez-vous que la gestion d’un pays soit possible sans expérience en politique ?
Nous sommes dans un monde démocratique et c’est à travers la démocratie et la politique que nous gérons les Etats. Mais peut-être voulez-vous me demander si sans expérience politique on est sûr d’apporter la solution aux problèmes des ivoiriens. Mais la solution aux problèmes de la Côte d’Ivoire c’est d’avoir un homme neutre qui aspire à un grand changement. Ce grand changement, je suis désolé mais ce n’est pas un problème d’identité ! Les ivoiriens ont aujourd’hui des problèmes d’existence, de survie. Un chef d’état qui vient, doit créer les conditions qui amènent les bailleurs de fonds à investir, à créer des emplois. C’est-à-dire que les problèmes existentiels ne peuvent trouver des solutions qu’à travers le travail. S’acharner donc sur le problème d’identité et laisser mourir les ivoiriens à petit feu n’est pas la solution. Pour moi la solution c’est comment résoudre les problèmes des ivoiriens qui se déclinent sous quatre angles. Le logement, la nourriture, la santé et le transport. La solution à tous ces problèmes c’est le travail qui devient le cinquième problème.

Dans la description du contexte de votre candidature, vous écrivez que vous êtes cet homme nouveau dont la Côte d’Ivoire a besoin. En quoi Enoh Aka est-il différent des autres candidats surtout ceux qui ont déjà fait l’expérience de la gestion du pouvoir ?
Je suis différent parce que Enoh Aka n’a jamais participé à tout ce qui concourt à la chute des ivoiriens. Ce que vous appelez les hommes d’expérience, ce sont eux qui nous ont plongé dans cette misère criarde. Si nous considérons les cadres du Pdci-Rda, du Fpi, du Pit, du Rdr et de l’Udpci quelle connaissance et quelle expérience ont-ils ? La preuve, avec leur supposée expérience, ils ne peuvent même pas trouver une date des élections, la seule qui peut sauver les ivoiriens. Voici le problème et moi, je ne suis pas de ceux-là. Ils vont à Ouaga pour trouver la date de sortie de crise et ils ne respectent pas notre constitution, ils se font plaisir. Nous venons apporter un soulagement aux ivoiriens. Prenons le secteur de l’éducation où nous avons quatre millions de diplômés sans emploi. Qu’est ce que l’Etat recherche s’il forme et n’utilise pas les produits de cette formation dans des domaines bien précis. Cette formation ne reflète pas la réalité des besoins en matière d’emploi en Côte d’Ivoire ! Mais ça les arrange. Plus ils créent la misère plus ils sont heureux ! Voici le système. Et les remèdes que sont les élections jusque là, tardent à venir. Enoh Aka N’douba propose au nom de la réalité des élections consensuelles. C’est là un élément caractéristique du candidat Enoh Aka.

Pourquoi insistez-vous tant sur le consensus ?
Dans une crise on ne parle pas d’élections transparentes. Il faut des élections consensuelles. C’est ce qui est juste de dire ici. Pensez-vous que Soro en prenant les armes, son souci est d’organiser des élections pour que Gbagbo soit réélu président ? Ils se trompent ceux qui le pensent. Les Ivoiriens doivent accepter des élections consensuelles où nous allons prendre l’engagement dans un accord pour travailler avec le candidat qui sortira vainqueur de ces élections. C’est la seule condition. On parle d’une liste blanche de 5,3 millions d’ivoiriens dont on conteste la fiabilité. Et on propose des croisements populaires. Si nous partons sur la base du consensus, chacun fait des concessions pour qu’on aille aux élections. C’est peut-être juste ou injuste mais on accepte au nom de la paix. On ne peut donc parler de transparence. Regardons le cas du Togo où il n’y a pas eu de guerre et les résultats sont contestés. Ce n’est donc pas en Côte d’Ivoire où il y a eu une rébellion que nous parlerons d’élections justes et transparentes.

Peut-on encore parler de consensus avec les expériences infructueuses que nous avons vécues?
De quel consensus parlez-vous ? Il y a eu consensus entre des adversaires mais pas au nom du peuple ivoirien. L’accord de Ouaga c’était entre Soro et Gbagbo qui ont essayé d’accorder leur violon sur certains points pour taire les armes. Mais ce que vous devez savoir, c’est cette nouvelle forme d’arme qui consiste à affamer les familles. C’est la forme la plus meurtrière.

Croyez-vous que les élections sont la solution à la crise ivoirienne ?
Bien sûr que les élections sont la solution à cette crise. Malheureusement pour toutes les tentatives qu’il y a eues c’est toujours les mêmes acteurs. Que ce soit les Fafn, le Rhdp ou Lmp, c’est la même personne qui s’est divisée en trois avec chacun un rôle. Ils n’ont pas d’adversaire et il faut être franc là-dessus. Donc leur système c’est de ne pas aller aux élections. Le problème qui se pose à eux c’est comment faire adhérer le peuple à leur plan. Les rôles sont donc distribués : les uns jouent l’apaisement et les autres mettent le feu. Je reviens à la dissolution du gouvernement que j’ai trouvée comme une erreur politique grave. En réalité il ne devrait plus exister d’Etat puisqu’il n’y avait plus de gouvernement. Vers la fin, des jeunes sont morts pour rien. Le Rhdp a amené des jeunes dans la rue pour avoir des postes ministériels et la tête de la Cei. Malheureusement ces mêmes jeunes qui ont faim aujourd’hui vont encore aller dans les rues quand ils vont lancer un appel. C’est bien triste !

Et cet appel du 15 mai ?
Pourquoi vont-ils sortir, c’est pour réclamer quoi ? Je demande aux ivoiriens de sortir pour réclamer le travail. Nous devons sortir pour marcher et non pour aller encourager le Chef de l’Etat. Son bilan est nul. Parce que 70 % de taux de chômage, c’est catastrophique. Si cela ne tenait qu’à moi personne ne sortirait le 15 mai.

Que pensez-vous de ce débat entre le camp présidentiel et les FN au sujet du désarmement et de la liste électorale ?
Ils sont dans leur logique de retarder les élections. Sinon pour moi il n’existe pas de problème. Si Gbagbo réclamerle désarmement, de quel moyen de pression dispose Soro Guillaume ? Il est Premier ministre par les armes. Lui retirer les armes c’est lui dire de ne plus être Premier ministre. Mais il y a une opportunité qu’il nous offre. Parce qu’il permet d’aller du sud vers le nord sans problème. On peut donc en profiter pour organiser les élections. Tenez-vous bien, dans tout ce qu’ils recherchent comme solution, c’est toujours les mêmes alors qu’il y a quatorze candidats. Vous avez suivi le communiqué sur l’arrivée du Président Abdoulaye Wade. Dans leur programmation, les autres candidats n’ont pas été prévus alors qu’il vient pour trouver la solution de sortie de crise. Ce sont les candidats qui peuvent contester les résultats de l’élection. En chaque candidat se reconnait un ivoirien. Donc trouver la solution avec quatorze candidats, c’est trouver la solution qui tienne compte de l’aspiration des ivoiriens. On les appelle les grands mais ils sont grands dans le mal. En ce qui concerne donc le désarmement, ma position est qu’il faut faire le cantonnement. Je suis d’accord. Mais on trouve un consensus pour aller aux élections après le cantonnement. Si on se met d’accord pour travailler avec le nouvel élu, et que chacun des prétendants va présenter son projet après les cinq ans de consensus, je pense que les ex-rebelles désarmeront d’eux-mêmes.

Plus concrètement que proposez-vous pour que la page de cette crise soit définitivement tournée ?
Pour tourner définitivement la page de cette crise, il faut d’abord chercher à donner une nouvelle date. Cette fois-ci, que le Président de la République se serve de l’article 48 pour trouver une nouvelle date. Ensuite accepter les 5,3 millions d’inscrits comme liste électorale consensuelle pour nous permettre d’aller aux élections. Demander un accord, avec tous les candidats et l’appui de la communauté internationale, que Soro accepte de désarmer définitivement pour que l’unité de l’armée soit concrète après cette élection. Inutile de revenir sur des problèmes déjà réglés où chaque fois il faut remettre des choses en cause. Je pense que c’est à ce prix que nous pouvons sauver la Côte d’Ivoire.

Vous avez récemment posé, en relation avec d’autres candidats, entre autres sujets, celui de votre dédommagement si les reports du scrutin devaient se poursuivre. Comment justifiez-vous cette position ?
Nous avons posé notre candidature par rapport à une date fixée. Et notre budget a été déterminé en fonction de cette date. Malheureusement elle n’a pas été respectée. Ce dommage causé par les reports successifs est si important qu’il est évident que l’auteur de ces reports nous dédommage. Depuis novembre 2009, cela fait bientôt 7 mois.

Quelle est votre analyse de la récente grève des transporteurs et quelle solution envisagez-vous pour régler définitivement cette question à laquelle on a trouvé qu’une solution temporaire ?
La réaction des transporteurs est une réaction juste. C’est une manière de manifester pour montrer à quel point le peuple souffre. Avant cette dernière augmentation, il y a eu des augmentations successives alors qu’il n’y avait pas de hausse sur le marché international. Le pays est le plus cher en carburant et pourtant producteur de pétrole. Il faut revoir les prix du carburant à la baisse, il faut revoir les taxes qui sont exorbitantes. Même si c’est 10F que l’Etat perçoit, avec une grande quantité de consommation, il perçoit plus. Lorsque nous augmentons le coût du carburant, la consommation diminue et l’Etat perd. Il faut donc réduire les prix à tous les niveaux. Nous avons assez de véhicules en Côte d’Ivoire mais combien arrivent-ils à rouler pendant 30 jours à cause du coût élevé du carburant. C’est beaucoup de pertes pour l’Etat pour les autres jours où les automobilistes ne roulent pas. Il faut permettre à tout le monde de consommer le carburant puisque nous le produisons chez nous.

Réduction d’accord mais quelle alternative proposez-vous pour le manque à gagner avec la suppression de certaines taxes que vous réclamez ?
C’est l’aventurier qui est pressé pour amasser de l’argent. Il y a trop de taxes et trop d’impôt tue l’impôt. J’ai vu dans les calculs effectués que le cumul des taxes reste plus élevé que le coût du carburant. On peut demander 100 F au lieu de 245 F sur le litre et avoir plus de 10.000 consommateurs par jour. Plus on abaisse la taxe, plus la consommation s’élève. Tous les arguments avancés, surtout le problème de la Sir, ne tiennent pas. Cette société continue de raffiner. Il faut revoir sa gestion par la réalisation d’un audit.

Si une date des élections est trouvée, il va falloir entrer en campagne. Enoh Aka N’douba a-t-il les moyens de financer une campagne présidentielle, qui est derrière sa candidature ?
Celui qui est derrière l’homme, c’est Dieu. J’ai seulement la volonté mais Dieu est derrière mes actions. Et les moyens pour battre ma campagne, je les ai, il n’y a pas de crainte. J’attends ce jour et même si c’est demain, le candidat Enoh Aka se mettra en action

Quel est votre regard sur le cinquantenaire de la plupart des pays d’Afrique noire et particulièrement de la Côte d’Ivoire ?
Pour les pays qui ont vécu sans difficultés, c’est un moment de marquer vraiment leur indépendance. Mais pour le cas de la Côte d’Ivoire, est-il nécessaire de faire cette fête pendant que nous souffrons ! Je suis heureux que la Côte d’Ivoire ait aujourd’hui 50 ans d’indépendance. N’eut été cette crise, ce serait une grande joie surtout pour les ivoiriens nés en 1960 qui fêteraient ainsi leur anniversaire. Pour la Côte d’Ivoire, il faut trouver une solution pour sortir de la crise par des élections et après on pourra parler d’organisation et de célébration du cinquantenaire. On a vu le budget établi. Ce sont des milliards de francs alors qu’il y a des ivoiriens qui ne peuvent pas trouver 1000 F ou 10.000 F pour se nourrir. Il faut penser d’abord à ces ivoiriens qui souffrent.

Si Enoh Aka n’arrivait pas au second tour, lequel des candidats soutiendrait-il ?
Si je devais soutenir quelqu’un ce serait depuis la base. J’allais m’allier à celui-là et on mettrait nos forces ensemble. Mais comme je ne crois pas à cette hypothèse, je l’exclus de mes plans. Moi je crois au succès.

Qu’est ce qui fait la particularité de votre projet de société notamment sur le volet éducation nationale où vous mettez l’accent sur l’instruction civique comme si l’école ivoirienne était malade du manque de civisme ?
L’instruction civique et morale n’existe plus depuis la mort de Félix Houphouët Boigny. Les étudiants n’ont plus aucun respect pour l’autorité. On a vu des étudiants tabasser un commissaire parce que l’un des leurs a été interpellé. Ils ne connaissent pas les devoirs de la nation. Si aujourd’hui ceux qui nous dirigent avaient cet esprit civique, ils rechercheraient l’intérêt général. Ce que nous avons de commun c’est la Côte d’Ivoire.

Revenons à votre projet de société…
Ce que je voudrais vous dire c’est que je suis le fils du peuple qui vit dans le peuple. Donc je viens pour résoudre les problèmes dans la franchise. Je ne viens donc pas pour faire plaisir à un individu tapis dans l’ombre tout en continuant d’arnaquer tous mes frères et les conduire dans le feu. Pour revenir à notre programme, nous disons qu’en ce qui concerne le problème de l’identité il faut le résoudre depuis la naissance. Et la façon de le faire que nous proposons créera absolument des emplois. Nous proposons de faire pour le certificat de nationalité un seul numéro depuis la naissance de l’enfant. Le seul numéro qu’il aura toute sa vie. De cette façon nous apportons des solutions aux problèmes de papiers d’identité ! En ce qui concerne l’école, pour nous, le Cepe ne sert à rien et nous proposons à la place du Cepe le permis blanc. Nous instituerons donc le code de conduite à partir de la classe de CE2 ce qui permettra d’avoir de bons chauffeurs. Au moins, si l’enfant a le permis blanc qu’il ne peut plus continuer, il peut aller se perfectionner dans une école de conduite. La fonction publique a toujours besoin de chauffeurs. Il faut donner des diplômes qui peuvent être utiles. De même comme la Côte d’Ivoire est un pays agricole, nous nous proposons de créer des écoles agricoles. Nous avons le plus grand nombre de bas-fonds qui demeurent inexploités en Afrique de l’ouest et nous continuons d’importer du riz. Parce qu’importer le riz arrange un groupe de personnes. Le prix du riz « denikachia » est aujourd’hui de 20.000 F et les salaires tout comme le Smig restent toujours les mêmes. Il faut cultiver le riz. Pour la main d’œuvre, au lieu de jeter les voyous en prison, il faut les utiliser.

Comment envisagez-vous les relations entre la Côte d’Ivoire et la France ?
La Côte d’Ivoire et la France, c’est un mariage scellé. Nous ne pouvons pas nous défaire de la France. Il faut peut-être revoir les relations au plan politique. Les accords de 1960 ne reflètent pas la réalité d’aujourd’hui. Après la crise, ce sera difficile car cela fait dix ans que nous ne travaillons plus. Il nous faudra donc importer beaucoup. Il sera également difficile de bénéficier de certains prêts car nous sortons d’une crise. C’est tous ces aspects qu’il faudra mettre sur la table de discussion avec nos partenaires français. Leur faire comprendre que nous avons besoin de diversifier nos partenaires.

Seriez-vous prêt à poursuivre les chantiers de Yamoussoukro dans le cadre du transfert de la capitale ?
Dans notre projet, nous disons qu’il faut privilégier la construction des villages. C’est le projet de l’habitat rural. Et nous envisageons de développer 300 villages par an à raison de 50 villages par région. Le nouveau découpage administratif nous amènera à 6 régions au lieu de 19 actuellement.

Votre slogan c’est travailler pour changer, changer pour développer. Pourquoi un tel slogan ?
On ne doit pas changer pour supporter un individu. Nous devons aller vers le travail. L’avenir appartient à ceux qui travaillent. Sans le travail il n’y a pas de développement. Aucun jeune ne peut s’affirmer par la violence. Celui qui, par son travail peut payer son loyer, se déplacer, se soigner, s’habiller et se nourrir, sera heureux. Mettons nous ensemble et soyons utiles pour développer la Côte d’Ivoire par le travail. C’est mon appel aux jeunes. Qu’ils ne s’adonnent plus à ces tee-shirts, aux billets de 1000 F mais qu’ils cherchent plutôt à travailler.

Avec la partenariat de l’Intelligent d’Abidjan / par Interview réalisée par Sincyl Débailly

Thu, 06 May 2010 08:07:00 +0200

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