La bourde (ou l’aveu) du quai d’Orsay sur le désarmement en Côte d’Ivoire

Comme souvent, sur la situation en Côte d’Ivoire, et, plus généralement, en Françafrique, l’agence de presse chinoise, Xinuha, moins impliquée peut-être que ses homologues occidentales, relève les faits et déclarations réellement saillants. Ainsi : "Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué jeudi que la France appelait au calme et à l’apaisement des tensions en Côte d’Ivoire, où plusieurs attaques ont été menées ces derniers jours contre l’armée ivoirienne."

Les médias d’information continue (LCI, BFM, I Télé…) ont réouvert le petit cartouche rouge "Côte d’Ivoire", mais ce n’est que pour indiquer, sans autre information, que des attaques armées contre des camps militaires se succèdent. Les presses ivoirienne et panafricaine ne se privent pourtant pas, depuis quelques semaines, d’insister non seulement sur ces "attaques" (sont-ce vraiment des mutineries de soldats mal ou pas payés ? la question pourrait intéresser des journalistes français, par exemple, qui ont suivi la crise ivoirienne minute par minute), mais également sur les nouveaux massacres perpétrés par les supplétifs de Ouattara sous les yeux de troupes Onusiennes qui n’auraient pas de "mandat pour intervenir"… L’ONU, c’est la Vénus de Milo sur un ring de boxe.

Aucun d’entre eux n’a, à notre connaissance, rapporté dès hier, comme Xinhua, que le Quai d’Orsay a enfin parlé de la Côte d’Ivoire (le site du ministère est plus éloquent, qui depuis des mois, comment dire, "déconseille" de se rendre à Abidjan… on se demande bien pourquoi). Lui qui est demeuré silencieux sur l’emprisonnement du bi-national Michel Gbagbo, silencieux sur les massacres génocidaires répétés dans l’ouest, silencieux sur les détentions arbitraires et dans des conditions parfois très discutables d’anciens ministres et personnalités de premier plan du monde politique, intellectuel et universitaire ivoirien (Gilbert-Marie Aké N’Gbo, économiste de renommée internationale, Alcide Djédjé, diplomate auprès de l’ONU…), silencieux sur l’impunité régnant en Côte d’Ivoire, silencieux sur les femetures de journaux et arrestations de journalistes, silencieux sur les atteintes aux droits démocratiques minimaux chaque fois que le FPI, le parti, axial, de Laurent Gbagbo produit un communiqué ou annonce une marche.

« Nous appelons au calme et à l’apaisement des tensions », a déclaré un porte-parole du quai d’Orsay, qui a qualifié de « préoccupant » le climat d’insécurité actuel dans le pays ouest- africain. Le même a constaté : « Le désarmement et la réforme des secteurs de la sécurité doivent plus que jamais être une priorité, tout comme la poursuite du processus de réconciliation nationale et la lutte contre l’impunité ».

Vous avez bien lu. La France OSE rappeler que le désarmement doit plus que jamais être une priorité.

Rappelons pour les plus jeunes qu’à travers divers accords politiques, à Accra, à Lomé, en Afrique du Sud, puis finalement à Ouagadougou, en 2007, sous la haute bienveillance protectrice de l’ONU, il a été officiellement fait du désarmement des forces rebelles, de 2002 à 2010, un préalable à la tenue d’une élection présidentielle.

À quelques semaines du second tour de celle-ci, le représentant du Secrétaire général de l’ONU Ban Ki Moon en Côte d’Ivoire, son compatriote "Muppet" Choi, déclarera officiellement dans un rapport de sa structure que le désarmement n’était pas réalisé, que les forces rebelles étaient mieux et plus équipées que l’armée nationale. En conclusion, il se dégageait de toute forme de responsabilité sur les inévitables "incidents" à venir durant l’élection : les violences, les morts même, les truquages, les bourrages d’urnes qui émailleront le scrutin dans les zones CNO, que le Conseil constitutionnel éliminera logiquement et légalement du résultat final, en raison du caractère caricaturalement triomphale qu’y prenait une frauduleuse victoire de Ouattara…

Rappelons aussi que des deux candidats, seul Laurent Gbagbo déposera des recours et demandes en annulation, auprès du Conseil constitutionnel, suite aux "incidents" dans les bureaux de vote des zones CNO. Si Ouattarra n’en déposa pas, n’était-ce pas la preuve même que la Majorité présidentielle n’avait été ni violente, ni tricheuse, elle, durant le scrutin ?

S’il n’y a qu’un camp qui triche, ce camp-là ne peut pas avoir gagné.

L’ONU, en toute connaissance de cause (ses véhicules, révèlera le Canard enchaîné, ne servirent-ils pas également à évacuer de l’or de Côte d’Ivoire ?), a poussé à la tenue de ces élections. Et avec elle l’ensemble des forces politiques et médiatiques soumis à la non-représentative "communauté internationale". À la tête de cette meute qui a tout d’une horde, la France de Sarkozy, de Kouchner, certes, mais aussi de Hollande ou de Martine Aubry. Tous savaient, ou auraient du savoir avant de parler, que le désarmement n’étant pas effectif en Côte d’Ivoire, y organiser une sereine élection était impensable. Ils poussèrent pourtant unanimement, et sur les airs les plus menaçants, l’affreux vilain président Gbagbo d’enfin accepter de remettre en jeu son titre.

Si Gbagbo était un criminel, on serait fondé à se demander qui de lui ou de ceux qui lui imposèrent cette élection, est le plus responsable du nombre de victimes. Au regard de Ouattara, de Soro, de leurs hommes (FRCI, mercenaires, enfants-soldats et supplétifs dozos), de leurs soutiens directs et indirects, financiers, économiques, politiques et médiatiques, et de leurs implications respectives dans cette crise et cette élection détonatrice car tenue malgré le non-désarmement rebelle, l’innocence de Gbagbo ne fait plus aucun doute.

Photo – capture d’écran Texte – G.P. in legrigriinternational.com

Fri, 17 Aug 2012 14:03:00 +0200

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