La Côte d’ivoire sous le choc

Et ce matin, le journal Nord-Sud propose à ses lecteurs la projection du « film de l’attaque » de Dabou. Sur son écran de papier, le quotidien présenté comme proche du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, dépeint une ville « sans âme, des populations encore sous le choc, presqu’invisibles (sic). (…) Les signes de la folle nuit vécue par ses habitants sont perceptibles depuis le corridor, remarque Nord-Sud : Carcasse de moto calcinée, hangars réduits en cendres desquels s’élèvent (sic) encore une petite fumée, c’est le constat fait au barrage des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, en alerte maximale. Armes au poing, ils arrêtent tous les véhicules qui rentrent et sortent de Dabou et, procèdent au contrôle des pièces d’identité des passagers. "Descendez et montrez vos papiers, c’est gâté à Dabou !", se plaît à lancer un (militaire) Frci, l’air grave », relate donc Nord-Sud.

C’est « gâté » ? A en croire la Une du journal Le Patriote, ce sont des « coups de feu » qui ont été entendus à Dabou. Le quotidien proche du Rassemblement des républicains, le parti du président Alassane Ouattara, affirme que « le commando pro-Gbagbo s’est encore signalé ».

Mais à en croire le quotidien gouvernemental Fraternité Matin, plus que de simples « coups de feu », c’est carrément « Dabou (qui a été) attaquée, hier ».

Même titre à la Une du journal proche de l’ex-président Laurent Gbagbo Notre Voie et du quotidien indépendant Soir Info : « Dabou attaquée, hier » (Notre Voie ajoutant que Jacqueville, toute proche, a également été ciblée).

Quand à L’intelligent d’Abidjan, il a fait les comptes : « 10 attaques en 2 semaines ».

Côte d’Ivoire : guérilla urbaine

Le Patriote est catégorique. Le journal évoque une « guérilla urbaine qui a déjà commencé ». Et il annonce la couleur. « Nos sources sont formelles, écrit-il. La fameuse guerre de 77 jours ne sera pas un conflit armé conventionnel. Ce sera une guerre d’harcèlement permanent. Durant la période choisie par ces apprentis terroristes, à savoir d’août à octobre, nos sources disent que les attaques seront quasi-quotidiennes », croit savoir Le Patriote.

« Ca devient extrêmement préoccupant (…) On dirait en 2002 », estime L’Eléphant déchaîné, qui harangue, ce matin, le président ivoirien Ouattara. « Président, revenez au pays, ça ne va pas ! ». Dans son style fleuri, le journal égrène en Une ce qu’il considère comme les pommes de discorde en Côte d’Ivoire : « La sécurité, ça ne va pas ! La réconciliation, ça ne va pas ! Le désarmement, ça ne va pas ! La justice, ça ne va pas ! La vie, ça ne va plus ! ».

Déchaîné, L’Eléphant du même nom l’est vraiment, quand il explique en toutes lettres pourquoi, selon lui, le chef de l’Etat devrait rentrer : « les problèmes qui se posent aujourd’hui au pays sont innombrables et le chef de l’Etat devrait sérieusement penser à marquer un temps d’arrêt dans ses voyages pour s’atteler véritablement à les résoudre en posant des actes extrêmement forts. Car, courir à l’extérieur comme il le fait depuis des mois derrière les investisseurs est certes une démarche louable mais, aucun investisseur ne viendra risquer le moindre franc CFA dans un pays où il y a autant de problèmes non résolus », martèle L’Eléphant déchaîné.

Côte d’Ivoire : commando mystère

« La psychose se généralise désormais aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, enchérit Le Nouveau Courrier. Les autorités ivoiriennes certainement prises de court par cette énième attaque se sont murées dans un silence, évitant les déclarations spectacles des premiers jours ».

Et le quotidien proche de l’ex-président Laurent Gbagbo interpelle le ministre de l’intérieur : « Mais où est donc passé Hamed Bakayoko ? ». Pour Le Nouveau Courrier, le ministre de l’Intérieur, qui avait accusé les pro-Gbagbo après l’attaque du camp d’Akouédo le 6 août dernier, « semble revenir à la raison pour appréhender la gravité de la menace qui guette le régime de son mentor, estime Le Nouveau Courrier. Et ce n’est pas fortuit quand il accourt vers Guillaume Soro qui a conduit les rênes de l’ex-rébellion dans le maquis afin que celui-ci reprenne les choses là où il les avait laissées », ajoute le quotidien.

A noter enfin que Le Nouveau Courrier publie par ailleurs un communiqué circulant depuis hier sur internet et qui est signé d’un groupe, à ce jour inconnu, revendiquant ces attaques. « Le commando mystérieux révèle ses objectifs », lance le journal. En fait d’objectifs (au pluriel), le mystérieux « commando », à travers ce document, est sensé s’en être fixé surtout un : « le départ du pouvoir de l’actuel chef de l’Etat », précise Le Nouveau Courrier. Lequel, toutefois, n’entend pas vouloir « endosser ses revendications ». Mais en publiant ce document, le quotidien souligne que son but est « d’informer les Ivoiriens et de susciter un débat ».

Par Norbert Navarro in rfi.fr

Fri, 17 Aug 2012 11:33:00 +0200

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