La France règne en maître sur le marché des manuels scolaires en Afrique francophone

Réaliser un bon manuel scolaire relève en partie de la gageure. D’abord à cause de la difficulté à trouver des auteurs. "Pour être un bon auteur de livres scolaires, il faut avoir de la fantaisie, de l’imagination et donc disposer d’une certaine liberté, ce qui est loin d’être toujours le cas en Afrique", explique M. Ollé. L’absence de démocratie au bout du compte, très souvent assortie d’une main mise dirigiste et bureaucratique sur la pédagogie et/ou les programmes, le manque de formation et le faible niveau des enseignants créent un environnement particulièrement peu propice à la créativité.
UNE DÉPENDANCE VIS-À-VIS DES BAILLEURS DE FONDS
Les contenus mis à part, l’édition des manuels scolaires échappent pour une très grande part aux pays africains qui, dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, sont soumis au bon vouloir et au rythme imposé par les bailleurs de fonds. Pauvres, les pays africains n’ont pas les moyens de commander des manuels. Hormis de rares pays, comme le Cameroun et la Côte d’Ivoire où l’achat des manuels repose sur les familles, l’édition des livres scolaires dépendent quasi totalement de la Banque mondiale le plus souvent, de la Banque africaine de développement parfois, ou des aides bilatérales de temps à autre.
Au mieux, les élèves africains disposent d’un manuel "pour trois ou cinq élèves", estime Patrick Dubs, directeur général d’Hachette International, "les renouvellements étant peu courants". Peu de pays possèdent un outil industriel suffisamment performant et 80% des livres sont imprimés hors du continent.
Bien qu’occupant une position archi-dominante, Hachette subit une concurrence que l’éditeur juge déloyale. "Les appels d’offre – une douzaine par an – se font de plus en plus rares", explique M. Dubs qui se plaint, de surcroît, du fait que la Banque mondiale suscite des candidatures parmi les imprimeurs locaux. Souhaitant voir se développer un marché "national" du manuel scolaire, ses experts incitent en effet l’industrie locale du livre à se lancer… Sans égard pour la qualité des contenus, déplore l’éditeur. Mais "plus horrible" encore s’avère " le piratage" d’éditeurs locaux. "Je préférerais avoir de vrais concurrents", pointe M. Dubs.
Brigitte Perucca in le monde
Wed, 07 Jul 2010 23:35:00 +0200
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