La refondation de la refondation

Houphouët-Boigny a mis fin à la colonisation française en Côte d’Ivoire le 07août 1960 par la déclaration de l’indépendance nominale. Laurent Gbagbo, quarante ans plus tard, a trouvé mieux de refonder cette république, en projetant de corriger ce qui fonctionnait mal, ajoutant ce qui manquait ou soustrayant le surplus inutile. Cette façon de faire a inspiré un certain nombre de personnes dont MM. Alassane Dramane Ouattara et Soro Kigbafori. Leur idéologie de base se fonda sur le régionalisme. Ainsi, nous sommes en présence de deux refondations : Une est dite positive et l’autre négative. La première complète la république houphouétienne, connue sous le titre de la première république, tandis que la seconde a assassiné et la première et la seconde république, dans ce qu’elles avaient de nationale. L’une vient avec de bonnes intentions, même si elle n’arrive pas à les concrétiser. Tandis que l’autre arrive avec la volonté de déconstruire la nation ivoirienne, tromper l’opinion internationale par la communication mensongère à souhait.

– La seconde république ou la refondation positive

Lorsque le général Robert Guéï a fait voter la constitution d’août 2000, certaines choses profilaient déjà à l’horizon. Parce que le parti unique a pompeusement instauré un vivre ensemble qui a fait l’impasse sur le nationalisme et le patriotisme. La seconde république a vu le jour dans la douleur, sur fond de conditionnalités imposées aux candidats à la magistrature suprême. Ce fut l’article 35 et l’avènement des conjonctions de coordination « et » et « ou ». A partir de cet instant-là, a fortiori, ne pouvaient voter que les citoyens ivoiriens à toutes les consultations populaires. Le premier président Ivoirien, resté dans la logique du rassemblement démocratique africain (RDA), ne rechignait pas à faire voter les étrangers de la sous-région au même titre que les citoyens ivoiriens ; droit que les nôtres n’ont pas dans le même espace africain. La démocratie populaire du parti unique a été bousculée jusqu’à ce qu’elle se retrouve à l’étroit en face de la démocratie pluraliste dont Laurent Gbagbo s’est fait le champion. Cette démocratie-là est participative donc elle donne la responsabilité de la chose publique à tout citoyen qui enfin de compte délègue son pouvoir aux gouvernants de différents bords choisis…

Au plan économique, la première république avait axé son libéralisme sur le capitalisme d’Etat. A côté de chaque libre entrepreneur significatif, l’Etat prenait une participation, si ce n’est pas carrément une société dont le capital appartenait intégralement à l’Etat. Faute de gestion rigoureuse de ce bel outil de travail, un certain Alassane Dramane Ouattara, adepte de libéralisme sauvage ; a été appelé en renfort en sa qualité de « magicien » économique pour mettre de l’ordre dans les affaires ivoiriennes. Malheureusement, son remède finit par donner l’estocade à l’économie ivoirienne. Les privatisations au franc symbolique des sociétés d’Etat dont les activités économiques concernent la souveraineté de notre pays (l’EECI et la SODECI etc.) n’ont pas fondamentalement arrangé les choses. Pire, ce fut au bénéfice des étrangers que ce grand bradage fut fait. La refondation de Laurent Gbagbo sans remettre en cause cette privatisation, devait remettre les choses dans leur juste proportion ; à savoir, soit ne plus reconduire les contrats dans les secteurs de souveraineté, soit prévoir de redistribuer les bénéfices des sociétés des secteurs concernés dans un partenariat gagnant-gagnant.

Ainsi, avec la couverture mutuelle universelle, les nouvelles redistributions de richesses aidant, on avançait allègrement vers une république solidaire de tous les habitants du pays, riches comme pauvres, du Sud comme du Nord etc. Pour ce faire, n’était-il pas de bon aloi de savoir combien sommes-nous, qui appartient à quelle catégorie socioprofessionnelle ? Pour le déterminer, il fallait un recensement général. Voyant le succès de cette politique poindre à l’horizon, Alassane Dramane Ouattara entra en action en s’appuyant sur la charte du Nord par personnes interposées. Le tir groupé qui devait en découler se transforma en une rébellion. Que voulait-elle ?

– La refondation négative ou la république des absurdités

Dire que la refondation positive n’a pas dérapé dans sa réalisation, c’est énoncer des contre vérités. Au contraire, il y eut beaucoup d’affaires malsaines, y compris à la présidence de la république, au point que le professeur Mamadou Koulibaly a parlé de Reb-fondation. Cependant, les rebelles qui ont procédé à la partition du pays, n’ont rien corrigé, au contraire, la Côte d’Ivoire va de mal en pis. Plus de dix ans en arrière, M. Alassane Dramane Ouattara, se prenant pour le messie du Nord, annonça que l’on s’opposait à sa candidature à la magistrature suprême parce qu’il serait ressortissant du Nord et musulman de surcroît. Là où il s’agissait d’un problème personnel, mensonge oblige, il en fit un problème d’Etat. Mais peu courageux, il préféra agir dans l’ombre en faisant le nageur dont on voit le dos dans l’onde limpide de la piscine, alors qu’il croit se cacher ; dixit Laurent Gbagbo. Le jeune Soro assuma la responsabilité de la rébellion. Il leva, soit dit en passant, une armée de rebelles (39000 combattants). Or, tout le monde savait bien que Soro finissait à peine sa licence en anglais ; où pouvait-il prendre les fonds nécessaires pour payer ses combattants et leur acheter des armes ? Cependant, ne nous trompons pas sur la capacité de nuisance du « petit gros », car il est à la bonne école.
Selon le professeur Mamadou Koulibaly, président de Lider, Guillaume Soro dit que les armes se sont imposées à lui, pour jouer les justiciers afin que ceux qui sont dans leur propre pays sans papiers ni droits, puissent se voir reconnaître par la république. Mieux, quand il entend parler de recensement, il voit une mesure discriminatoire contre les ressortissants du Nord, sans en donner les raisons.

Pendant dix ans, plus de la moitié du pays a été pris en otage par les rebelles de Soro qui y ont pillé, braqué, violé en toute impunité, sous l’œil complice de la communauté internationale. Dans le même temps, Alassane Dramane Ouattara jouait les innocents politiques, pendant que Soro s’adonnait à la méthode Cauet. Le tout donnant l’impression que, Soro et son mentor sont dans la légalité et que les fauteurs de trouble sont en face. Mamadou Koulibaly parla de charlatanisme politique. Quant à nous, nous disons que Soro et ses comparses sont des travelos politiques. A les voir et les écouter profaner la morale, on leur donnerait le bon Dieu sans confession. Guillaume Soro ose dire qu’en une année, il a fait mieux que le régime de Laurent Gbagbo en dix ans. En quoi faisant ? En votant de nombreuses lois sans envergure comme avancée politique. C’est à se demander sur quelle planète il se met pour parler ainsi, lui qui a volé dans la partie CNO et en même temps, se faisait entretenir par la partie loyaliste de l’Etat de Côte d’Ivoire.

La république des rattrapés, dotée de la justice des vainqueurs, aidée par ses FRCI-Dozos, malmène outrageusement les droits humains. Depuis leur arrivée au pouvoir dans les chars français, Alassane Dramane Ouattara et ses sbires traquent les pro-Gbagbo, tandis que le premier flic ivoirien, ne voit partout que des déstabilisateurs pro-Gbagbo. Maintenant, ADO dit que l’argent travaille, même s’il ne circule pas. Soit il n’avait rien à dire sur ce point, soit il voulait pousser le bouchon de la provocation plus loin. C’est une curieuse façon d’évoluer vers la qualité de pays économiquement émergent vers l’an 2020. Mme Lagarde vient renchérir les élucubrations d’ADO. On voit que tout cela n’est que de la communication entrant dans le cadre de la méthode Cauet. Le chapitre des promesses continue son chemin. Mais qui vivra, verra le résultat de la capacité réelle de ces économistes à réputation mythique.

C’est tout cela qui constitue la refondation de la refondation. Cependant, quand prendra fin la récréation du RHDP, des mandats d’arrêt internationaux seront lancés par le prochain régime afin que soient punis tous ces gens qui sont au sommet de l’Etat où ils n’auraient jamais dû arriver. Ainsi, viendra l’heure de la mise à l’endroit de la vraie justice afin que la nouvelle CPI rattrape les «rattrapés». Mais avant tout, réconciliation ou pas, il appartient au peuple ivoirien de se débarrasser de ces économistes de la pauvreté, mais aussi de toutes les illusions.

Louis-Freddy Aguisso

Mon, 14 Jan 2013 19:18:00 +0100

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