M. Boureima Badini ex- représentant spécial du président du Faso dans la résolution de la crise ivoirienne « Laurent Gbagbo est un homme intelligent, futé et rusé »

Sidwaya (S.) : Quelle était votre mission en Côte d’Ivoire en tant que représentant spécial du président du Faso ?

Boureima Badini (B. B.) : Suite à l’Accord politique de Ouagadougou, le président du Faso a décidé de nommer un représentant spécial en Côte d’Ivoire en mars 2007. Le rôle du représentant spécial était d’être l’interface entre les deux signataires de cet accord politique, à savoir le camp du président de la République de l’époque, Laurent Gbagbo et celui des Forces nouvelles, représentées par leur secrétaire général, Guillaume Soro. Notre rôle était de voir dans quelle mesure nous allions ouvrer avec eux à réaliser l’accord qu’ils ont librement signé au Burkina Faso. C’était le premier rôle. Le président du Faso a eu l’idée de nommer un représentant, parce qu’il savait que le tout n’est pas de signer un accord, mais de le réaliser. Surtout que dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, les parties prenantes ont fait le tour du monde avant d’arriver à cet accord. Il fallait avoir une plus-value dans cet accord. Le rôle du représentant spécial était de chercher à mettre en application cet accord avec les différents signataires. Le second rôle était, qu’une fois que l’on a réussi à rétablir le dialogue et la confiance entre les différents signataires, de voir dans quelle mesure les autres partis politiques qui animent la vie politique de la Côte d’Ivoire et la société civile allaient être impliqués. Parce que nous nous sommes rendus compte que tant qu’il n’y a pas le dialogue et la confiance, rien ne peut se réaliser.

S. : Vous êtes de retour. Avez-vous le sentiment d’avoir accompli la mission qui vous a été confiée ?

B. B. : Nous sommes tout à fait satisfait de cette mission, dans la mesure où les termes de référence qui nous avaient été donnés ont été entièrement remplis. Il s’agissait pour nous de voir comment organiser les audiences foraines, faire l’identification avec une liste électorale définitive. Il s’agissait aussi de distribuer des cartes d’identité à ceux qui n’en avaient pas. Parce que l’origine de la crise ivoirienne était aussi une crise identitaire. Cela a été réglé car ceux qui n’avaient pas de carte l’ont eue Aussi, il fallait organiser des élections transparentes, démocratiques et inclusives. Comme vous le savez, à l’époque, Alassane Dramane Ouattara ne pouvait pas être candidat, mais de part les accords de Linas Marcoussis et de Pretoria, il avait été dit que les signataires de ces accords pouvaient être candidats sur simple requête. Il nous a fallu remettre cela dans les textes législatifs de la Côte d’Ivoire. Cela n’a pas été facile, mais nous avons pu organiser des élections inclusives et des élections législatives. Je pense que nous avons correctement rempli les termes de la mission qui nous avaient été assignés.

S. : Boureima Badini s’est-il senti dans la peau d’un facilitateur ?

B.B : Oui ! (rire et hésitation). J’avoue que de par ma formation de base (magistrat), je n’étais pas fait pour être un facilitateur, mais pour trancher les dossiers. Mais là, il fallait avoir une autre approche. C’est-à-dire être disponible à tout moment pour les uns et les autres. Surtout être à l’écoute 24 heures sur 24. Nous avons essayé de faire ce que nous pouvions. Nous avons tout de même démêlé des situations qui étaient extrêmement difficiles.
C’est cela qui a d’ailleurs créé la confiance des deux parties et même au niveau de tout le peuple ivoirien. C’est parce que nous avons pu résoudre au fur et à mesure les difficultés qui se présentaient que tout le monde a pris fait et cause pour l’Accord politique de Ouagadougou. Ceux qui ont fait la Côte d’Ivoire à l’époque, ont pu remarquer qu’il ne faisait pas de jour, sans que les journaux ne parlent de l’Accord politique de Ouagadougou.
C’est-à-dire que cet accord était considéré comme le messie qui devait sortir la Côte d’Ivoire de ses problèmes. Je pense que le rôle de facilitation que nous avons joué a été bien rempli.

S. : Quelles étaient les difficultés de cette facilitation ?

B. B. : Lorsque vous arrivez dans un endroit même à l’échelle d’une famille où les gens ne s’entendent pas, c’est toujours difficile. Il y a des problèmes de mentalités, de crises. Pour pouvoir réconcilier les gens en ce moment, ce n’est pas facile, parce que le tout n’est pas de signer un accord, mais de le réaliser. Après la signature de l’accord, chacun ruse. Quand les gens rusent, il faut le comprendre immédiatement pour ne pas vous enclencher, sinon on dira que vous avez un parti pris. Ils avaient signé l’accord, mais chacun cherchait à savoir comment il allait gagner dans cet accord. Discuter et convaincre le président Gbagbo d’avancer sur un certain nombre de choses n’était pas facile parce qu’en signant l’accord, il savait ce qu’il voulait, mais il y avait son entourage aussi. Voir également avec les Forces nouvelles et Guillaume Soro n’était pas facile. Parce que chacun a dû convaincre son camp qui n’était pas prêt à aller à cet accord. Il y avait des gens dans chaque camp qui voulaient en découdre. Comme dans tout accord, tout le monde ne pouvait pas être unanime, mais il faut que les chefs sachent qu’ils doivent continuer la réalisation de cet accord. Je me souviens qu’en 2009 ou 2010, j’ai assisté à une réunion à minuit où il y avait eu un problème entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles, parce que tous les noms d’oiseaux avaient volé entre Affi N’Guessan et Sidiki Konaté. Il fallait réconcilier les gens parce qu’on sentait que l’accord était en train de s’envoler. Nous nous sommes retrouvés le 26 décembre à la présidence avec le Président Gbagbo, qui avait convoqué une réunion entre la majorité présidentielle et les Forces nouvelles. Il a d’abord rencontré les Forces nouvelles, parce que le Premier ministre Guillaume Soro était absent. Il m’a demandé d’assister aux débats. Mais je vous assure que ce n’était pas facile. Il a fallu qu’il élève la voix pour dire qu’il était le signataire de l’Accord politique de Ouagadougou et non le Front populaire ivoirien (FPI). C’est une façon de vous faire savoir comment ils avaient souvent du mal à convaincre leurs propres éléments. Je me souviens aussi que les gens du FPI n’étaient pas d’accord avec la structuration de la Commission électorale indépendante (CEI). Ils disaient que c’était un marché de dupes. Que l’accord ne les arrangeait pas. Effectivement, c’était le seul cas où une commission électorale indépendante de cette nature est majoritairement contre le pouvoir en place, parce qu’ils l’ont constitué sur la base de ceux qui ont participé aux accords de Linas Marcoussis. Avec cela, le FPI était minoritaire. Le président de la CEI était un représentant du PDCI/RDA. Ceux du FPI ont dit qu’il faut qu’ils y siègent. Il a fallu beaucoup de discussions pour que les autres parties acceptent de les impliquer au niveau de la structure pour que les élections aient lieu. On leur a dit à l’époque que si le FPI n’est pas rassuré qu’il peut avoir le contrôle de tout ce qui va venir, on n’ira nulle part. Ce sont des difficultés de cette nature que nous avons rencontrées. Souvent, le camp présidentiel vous soupçonne, les Forces nouvelles et les autres partis vous soupçonnent également. Mais pour moi, lorsque vous avez le soupçon de tout le monde, c’est que vous êtes sur la bonne voie. Cela nous a permis d’avancer véritablement. Il n’y avait pas de parti pris et notre credo était que nous puissions nous en sortir par l’organisation d’élections libres et transparentes.

S. : La situation après l’élection présidentielle était très chaude. Comment avez-vous vécu ce moment ?

B. B. : Que ce soit au premier ou au second tour, à 48 heures de l’élection, le Premier ministre Guillaume Soro m’a demandé de replier à l’hôtel du Golf. Bien que j’eusse la garde des Nations unies pour être en sécurité, c’est là-bas que j’étais. (Rires). C’était une situation difficile faite d’angoisses et d’incertitudes. C’est après le second tour que les choses se sont détériorées, surtout quand le couvre-feu a été instauré. Le Président du Faso est venu, lui-même, le 27 novembre 2010 à Abidjan. Il n’était pas venu pour le couvre-feu, mais pour rapprocher les uns des autres. Finalement, le problème du couvre-feu était plus imminent que les autres sujets. Après discussions, nous avons senti que les choses se gâtaient. C’est ainsi que j’ai replié à l’hôtel du Golf en gardant la faculté de pouvoir toucher les uns et les autres. Le jour même de l’élection, j’étais avec le président Gbagbo à 22 heures, parce qu’il avait promis au président du Faso de lever le couvre-feu, alors que ce n’était pas fait. Le président du Faso a rédigé une lettre que je devais lui apporter à 22 heures 30 minutes. Le matin, nous avions déjà les tendances qui n’étaient pas bonnes pour M. Gbagbo. Il fallait dire aux uns et autres de laisser la CEI proclamer les résultats provisoires, avant que le Conseil constitutionnel ne joue son rôle. Cela n’a pas été le cas. Quand les résultats ont été proclamés par la CEI, nous avons assisté à un refus catégorique du camp présidentiel. Nous avons continué les négociations. Mais tout cela a conduit à exacerber la crise parce que le camp présidentiel pensait que l’élection avait été truquée. Alors qu’en réalité, elle était sans faille. Nous étions à mesure de la certifier. C’est vrai que les Nations unies ne nous ont pas donné la possibilité de le faire, mais conformément au code électoral, nous étions ampliateur des procès verbaux. Chacun a traité ses procès verbaux et Alassane Dramane Ouattara, manifestement gagnait l’élection. Nous avons communiqué ces différents résultats et nous avons demandé au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies qui a le mandat de certifier l’élection de le faire. Nous nous sommes stratégiquement mis en retrait à partir de ce moment. Parce que nous avons eu plusieurs considérations. Nous sommes d’abord un pays voisin, même si nous sommes médiateur. Nous avons aussi une forte communauté qui réside en Côte d’Ivoire. Imaginez si j’avais déclaré à l’époque que Alassane Dramane Ouattara a gagné les élections avec 54, 25% comme je les avais, nos compatriotes allaient être vraiment livrés en pâture. Nous avons continué la diplomatie avec le chef de l’Etat burkinabè. Nous avons été à Abuja, à Addis-Abeba, en Mauritanie. Nous avons même voulu nous retrouver à Abidjan, mais cela n’a pas marché. On avait toujours les contacts nécessaires, même avec le camp présidentiel pour le convaincre d’accepter la situation avec tous les avantages que l’on donnait au président Laurent Gbagbo. Malheureusement, c’est avec beaucoup d’amertume que nous avons vécu cette situation.

S. : A quel moment vous avez annoncé au président du Faso, facilitateur dans la crise, que Gbagbo a perdu l’élection ? Quelle a été sa première réaction ?

B. B. : Je travaille pour le président du Faso, facilitateur dans la crise ivoirienne. 48 heures après, quand j’ai eu les résultats, je les ai communiqués au président du Faso. C’est lui qui est habileté à se prononcer sur la question. C’est à partir de ces résultats d’ailleurs que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris ses premières mesures en disant que Alassane Dramane Ouattara a gagné la présidentielle, à Abuja. Mais je n’ai pas rencontré le président Gbagbo pour lui dire qu’il a perdu. Ce n’était pas mon rôle. C’était le rôle du certificateur et non le mien. J’étais là pour réaliser l’Accord politique de Ouagadougou. Nous avons eu les résultats que j’ai communiqués au représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, à la CEI et au Conseil constitutionnel. C’est tout. Je n’ai pas à rougir ma peau pour lui dire qu’il a perdu les élections.

S. : Est-ce à dire qu’après l’élection, vous ne l’avez plus rencontré ?

B. B. : Non ! Nous nous sommes eus au téléphone à plusieurs reprises, mais pas pour lui dire qu’il a perdu les élections. Ce n’était pas de bon aloi de le lui dire, parce que ce serait tout simplement livrer notre communauté en pâture. Pour cela, je me suis abstenu. Dans le langage et les manières de faire, il ne faut pas choquer les gens. Nous avons été stratégiquement guidé par cet élan.

S. : Quel est le sort réservé à Damanan Picas, qui a froissé les résultats que la CEI délivrait devant les écrans du monde entier ?

B. B. : Il est réfugié au Ghana.

S. : Vous qui avez côtoyé Laurent Gbagbo, quelle est sa personnalité ? On dit de lui qu’il est un boulanger, qu’il sait manipuler les gens.

B. B. : A la première rencontre, on se rend compte qu’il est un homme très ouvert. Il est très ambiant et il blague. Il est très intelligent, futé et rusé. Il est aussi un grand politique. Avec lui, les discussions sont toujours fertiles, mais il faut savoir être ferme.

S. : Est-il déjà arrivé que le facilitateur se fâche contre lui ? Ne serait-ce que pour le couvre-feu qu’il n’a pas levé.

B. B. : Non ! Nous ne nous fâchons pas. On vous explique les enjeux et quand vous ne comprenez pas, on insiste davantage. Si on se fâche, on gâte tout.

S. : Avez-vous été surpris de sa réaction de ne pas reconnaître sa défaite ?

B. B. : Nous avons tout de même été surpris, parce qu’on ne s’attendait pas à une telle attitude. Au dernier cadre de concertation qui s’est tenu à Ouagadougou, toutes les parties prenantes s’étaient mises d’accord pour que l’élection soit transparente et que tout le monde respecte les résultats. M. Gbagbo lui-même disait qu’il est un « enfant des élections ». Nous le suivions tous dans sa logique. Nous n’avions pas de raison de douter de ce qu’il dit. Le côté qui nous a un peu échappé, c’est le réarmement. Nous nous sommes demandés à un moment donné sur quoi était basée cette conviction de réarmement. Nous ne pensions pas que les choses allaient se passer ainsi. Prenez le cas de la double dissolution, nous avons pris tout le temps pour convaincre Gbagbo qu’elle n’était pas une bonne chose. Qu’il fallait remettre le gouvernement sur la base des accords de Linas Marcoussis. Sur la CEI, il fallait qu’ils reprennent sur la structuration de l’accord de Pretoria. Quant à la double dissolution, c’était pour porter un coup de canif à l’Accord politique de Ouagadougou. Il a fallu le doigté du président du Faso pour pouvoir le convaincre parce qu’il avait aussi été pris dans l’étau de son entourage.

S. : Quels types de relations aviez-vous avec Charles Blé Goudé ?

B. B. : Je n’ai pas eu de relations particulières avec Blé Goudé. Je l’ai rencontré une fois à une manifestation. Aussi, il est venu me voir au bureau.

S. : Pouvons-nous affirmer aujourd’hui que la Côte d’Ivoire a retrouvé la stabilité et la sérénité ?

B. B. : Non ! On ne peut pas affirmer cela. Mais, il y a eu des avancées par rapport à la situation d’avant. Maintenant, nous avons un régime démocratiquement élu. Il y a des grands chantiers qui restent toujours ouverts. Au plan économique, il n’y a aucun problème. Ils viennent d’atteindre l’initiative PPTE (Pays pauvre très endettés, mis en place par les institutions de Bretton Woods permettant de supprimer tout ou partie de la dette de certains pays pauvres, ndlr). Ce qui veut dire qu’il y aura un flux d’argent qui va permettre à l’économie de démarrer normalement avec de grands projets. Le seul problème est celui de la réconciliation. Quand des cours sont déchirés, il faut prendre du temps pour recoller les brèches.

S. : Que faut-il faire pour améliorer les chantiers de la réconciliation ?

B. B. : Il faut impliquer tous les acteurs. Le pouvoir d’aujourd’hui doit tendre la main pour récréer la confiance. Ce n’est pas faute de n’avoir pas fait. C’est parce que les gens sont réticents. Je me souviens qu’à la constitution du premier gouvernement de Alassane Dramane Ouattara, le FPI a été invité, mais il a refusé. A l’heure où je vous parle, s’il est prêt à y aller, je suis sûr qu’il n’y aura pas de problème. J’ai reçu le FPI. Je sais quels sont leurs plans, que j’ai transmis au gouvernement. Sur cette base, il a ouvert ce qu’il appelle le dialogue républicain. Il faut avoir foi en cela. Il faut que chacun y vienne avec la volonté de réussir, de préserver l’intérêt général en Côte d’Ivoire, parce que les populations sont fatiguées. Que tout le monde se retrouve autour de la table pour que chacun dise ses préoccupations. Ainsi, on verra ce qui est faisable ou pas. Aussi, il faut une vraie réforme de l’armée. Pour qu’elle soit une armée bien aimée qui puisse se projeter pour la défense de tout le territoire. Parce que les Nations unies et la Force Licorne ne vont pas indéfiniment restées la-bàs. Un autre point aussi important est de voir dans quelle mesure donner un avenir aux ex-combattants. Ce sont des gens qui ont une certaine expérience dans le maniement des armes, donc il faut voir dans quelle mesure il faut leur donner une formation professionnelle, des pécules pour qu’ils aillent se mettre à la tâche pour le développement de leur pays.

S. : La Cour pénale internationale mène des investigations actuellement en Côte d’Ivoire. Est-ce qu’il y a des proches de l’actuel président qui peuvent se retrouver à la CPI ?

B. B. : De part ma profession (magistrat), je ne peux pas savoir ce qui peut se trouver dans un dossier. Mais toutes les déclarations demandent à ce que l’on fasse confiance à la CPI.
La CPI intervient lorsqu’il y a une carence dans la justice d’un pays. Mais aujourd’hui, les institutions judiciaires sont en train d’être rétablies pour la résolution des problèmes judiciaires en Côte d’Ivoire. J’ai entendu que des gens ont été inculpés sur la base de génocide. C’est-à-dire que la justice ivoirienne a les organes nécessaires pour faire face à cela. Si effectivement la Côte d’Ivoire peut faire face à ses problèmes, il n’y a pas de raison qu’elle défère quelqu’un à la CPI.

S. : Comment voyez-vous l’avenir de la Côte d’Ivoire sous Alassane Dramane Ouattara ?

B. B. : Je pense que le pays a un bon avenir. Les pays africains ont besoin aujourd’hui de présidents qui ont la vision du développement. On ne peut pas dire que Alassane Dramane Ouattara n’est pas un patriote, qu’il n’a pas une grande expérience en matière de développement. L’initiative PPTE est déjà une bonne chose. Le retour des bailleurs de fonds en Côte d’Ivoire n’est pas un bond qualitatif uniquement pour le pays, mais pour toute la sou-région. En prenant le cas du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire, je me suis rendu compte qu’il n’y a pas que des liens séculaires qui lient les deux pays. Il y a une fusion économique entre eux. Le Burkina Faso contribue énormément au port d’Abidjan. Avec le premier Conseil des ministres conjoint, le président Gbagbo avait demandé que le Burkina prenne des participations au niveau du port d’Abidjan. Je trouve que c’est une très bonne chose. Le pays va retrouver sa stabilité économique. Mais il faut qu’en amont, les problèmes de la sécurité soient réglés.

S. : Est-ce que vous partagez l’avis d’un homme politique burkinabè qui a dit que le Burkina Faso possède les ingrédients qui ont déclenché la crise au Mali ?

B. B. : Je ne pense pas. Le Burkina est un pays tout à faÈit unitaire. Nous ne sommes pas divisés comme au Mali. Au temps de Amadou Toumani Touré, le Nord avait déjà été pris et par la suite, il y a eu le coup d’Etat. Ce sont ces problèmes qui sont à la base de la situation actuelle au Mali.

S. : Le président du Faso a été désigné pour la médiation dans la crise au Mali. Croyez-vous qu’il a des chances de réussir également cette mission ?

B. B. : C’est vraiment très difficile. On peut réussir toute médiation, il suffit de mettre les moyens. Que faire de quelqu’un à qui on parle et qui refuse d’entendre ? Si je fais le parallèle avec la Côte d’Ivoire où au début les gens ne voulaient pas, on était obligé de passer à une autre phase.
L’essentiel est de mettre tous les moyens pour amener les gens à dialoguer pour qu’on puisse avoir une solution sans violence. Mais si cela n’aboutit pas, on ne peut pas jeter la pierre au médiateur. Il aura mis tout ce qui est en sa possession pour résoudre la crise. .Le gros problème, c’est le Nord-Mali où c’est plus complexe, mais je crois qu’à partir de Bamako, on peut trouver des solutions dans la mesure où le Président par intérim revient et va retrouver la plénitude de ses pouvoirs. Il pourra dans le cadre du délai qui lui a été donné, prendre en main les choses jusqu’aux élections. Les Maliens ont besoin d’avoir de la cohésion à leur niveau avant d’attaquer le Nord. C’est trop facile de demander à la communauté internationale d’intervenir, mais il va falloir bouger d’abord à l’intérieur, avant que la communauté internationale n’intervienne. Il faut que les Maliens aient une position claire et une armée qui veut aller au front, avant que l’on ne vienne les aider à reconquérir le Nord.

S. : Que faites-vous depuis que vous êtes de retour au pays ?

B. B. : Je viens d’arriver et me voilà à Sidwaya (rires). Je vais d’abord finir mon rapport et me mettre à la disposition de mon pays.

S. : En clair, M. Badini se pose-t-il des questions sur son avenir politique ?

B. B. : Je ne me suis jamais posé de question. J’évolue au gré de la confiance portée en moi.

S. : Il y a des élections en décembre, est-ce que vous discutez avec l’état-major du CDP pour être candidat ?

B. B. : Je ferai tout pour consolider mon parti dans ma région et on verra la suite.

La Rédaction sidwaya.bf

Fri, 13 Jul 2012 17:46:00 +0200

0

Laisser un commentaire

Nous utilisons des cookies afin de vous offrir la meilleure expérience possible sur notre site Web. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.
Accepter
Refuser
Privacy Policy