Médias / Ibrahim Sy Savané révèle : ‘’Les hommes politiques ont peur de la presse ivoirienne‘’

Photo : DR
S’exprimant sur la problématique de la dimension éditoriale, Ibrahim Sy Savané a révélé la hantise des hommes politiques ivoiriens qui, selon lui, se plaignent des analyses éhontées et empreintes de méchanceté produites par les journalistes à leurs égards. Selon lui, si la presse ivoirienne n’y prend pas garde, la sortie de crise risque de se faire à son détriment. En revanche, clarifie-t-il, les hommes politiques disent être favorables à des articles d’investigation, même si ceux-là les desservent. C’est la raison pour laquelle, dira le journaliste-ministre : « La presse est en train de régresser. Il faut fournir encore plus d’efforts et faire en sorte que le public nous accorde plus de crédit. Il faut diversifier l’offre éditoriale ». Le ministre de la Communication a profité de l’occasion pour ouvrir de nouveaux chantiers pour la promotion d’un journalisme de qualité. Sy Savané a suggéré la création de trois groupes de travail à savoir sur l’économie des médias (pour la gestion de la fiscalité, des finances et de la publicité des entreprises de presse), puis sur le développement durable et la formation (pour la gestion de la pratique éditoriale) et, enfin, sur la sécurité sociale des journalistes (pour la gestion de la protection sociale). Pour ce qui est de la léthargie dans laquelle se trouve l’Olped (Observatoire de la liberté de la presse, de l’éthique et de la déontologie), le ministre Sy Savané n’entend pas longtemps cautionner le mutisme de cet organe de régulation. « Je pense qu’il faut réveiller l’Olped. Il faut une véritable Opération “Lazare“ parce que c’est d’une véritable résurrection que je parle. Il faut une stratégie pour ressusciter l’Olped. Il faut mettre en place toute la matrice de régulation de cet organe pour qu’il joue son rôle de prévention, de médiation et d’autorégulation », a-t-il signifié. Non sans préciser : « Pour épauler le président Zio Moussa, nous allons lui adjoindre un certain nombre de compétences. Je sais qu’il y a des problèmes d’ordre institutionnel à l’Olped. Nous allons trouver un minimum de financement pour l’Olped en l’intégrant aux subventions ». Le président du Gepci (Groupement des éditeurs de presse), Kah Zion, a souligné que les patrons de presse sont favorables à une étude sur l’économie générale du secteur des médias. Il a profité de l’occasion pour remettre au ministère de tutelle un mémo retraçant les difficultés du Gepci. Guillaume Tonga Gbato, Sg du Syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’Ivoire – Synapp-CI, a relevé les difficultés inhérentes aux radios communautaires, qui, selon le syndicaliste, pose le problème de la sécurité sociale des travailleurs.
Krou Patrick

Encadrés

1- « La convention collective ne me regarde pas… »

Etrange peut paraître cette réaction, surprenante, du ministre de la Communication, quand on sait que Sy Savané attache un crédit particulier à l’application de la convention collective. Curieusement, le ministre Sy Savané a craché tout net : « Ça ne me regarde pas, mais ça me concerne ». Cependant, avec juste un peu de tact et un minimum de discernement, l’on se rend bel et bien compte de la véracité des propos du ministre. Pour tout dire, la convention collective est une affaire de patrons de presse et des journalistes. Il est vrai que cette convention doit être appliquée pour le bonheur des journalistes mais, à quel prix ? C’est là la sempiternelle interrogation consécutive à l’application de la convention collective. Pour sa part, Sy Savané met les journalistes face à leurs responsabilités et en appelle à leur esprit de civisme. « Tous les mécanismes du fonctionnement de la convention collective se trouvent dans le texte. Il faudrait que la bonne volonté des journalistes et des patrons de presse arrose l’application de ce texte. Je sais que les journalistes ont bien compris que, s’il n’y a pas d’entreprise de presse – parce qu’écrasés par le poids des charges économiques – ils ne pourront plus exercer leur métier. Le facteur convergent entre les patrons de presse et les journalistes, c’est la qualité ! Et, après les élections en Côte d’Ivoire, les maisons de presse auront besoin des journalistes de qualité… ». Il faut donc espérer des lendemains meilleurs certes, mais il faut savoir être réaliste. Il faudra produire des articles constructifs et de qualité.

Krou P.

2- Le Comité d’entreprise et la Société de rédacteurs : 2 concepts garantissant l’efficacité dans les maisons de presse

Dans son argumentaire, le ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané, a évoqué deux ingrédients substantiels permettant, tout comme un bâton magique, de favoriser la cohésion au sein de l’entreprise de presse. La première astuce sous-tend la mise en place d’un comité dit ‘’Comité d’entreprise’’. Il se définit comme l’instance de dialogue et de concertation. Le Comité d’entreprise doit être informé ou consulté sur tout ce qui concerne la vie de l’entreprise. A en croire, le ministre Sy Savané, cela s’avère primordial pour la renforcement de la cohésion et de l’engagement du personnel au sein de l’entreprise de presse. Pour tout dire, le personnel doit être informé sur la corrélation entre les productions, le taux de vente et le taux d’invendus, auxquels il faut ajouter la publicité. Le second ingrédient est relatif à la Société de rédacteurs. Elle réunit les journalistes pour détenir une partie du capital de leur entreprise. Ces derniers gardent ainsi un pouvoir décisionnel ou un droit de regard sur le fonctionnement économique ou rédactionnel de leur titre. Les entreprises de presse doivent nécessairement copier le modèle des grandes rédactions du monde afin de bénéficier d’une minimale autonomie.

K. Patrick

3- Précisions de Sy Savané sur le milliard supplémentaire à la disposition du Fsdp

« La taxe sur la publicité a été prélevée sur un certain nombre d’entreprises. La presse ne paye pas la taxe sur la publicité. C’est le consommateur final qui est sensé la payer. Elle a le même caractère que la TVA (Ndlr, Taxe sur la Valeur Ajoutée). En réalité, c’est juste un système de collecte. Cette taxe sur la publicité a été créée pour établir un équilibre en faveur de la presse écrite. Quand on a crée la taxe sur la publicité, elle n’a pas été accompagnée de la mise en place des organes qui devaient gérer cette taxe. Je me souviens très bien que le premier à avoir défendu cette taxe a été le Conseil Supérieur de la Publicité. Personnellement, à un moment donné, j’étais contre cette taxe. En octobre 2004, selon la Direction Générale des Impôts, cette taxe était environ un milliard. C’était une taxe qui ne rapporte pas tellement d’argent. Je me demande si ça vaut environ cent cinquante millions par an. Il faut savoir que les afficheurs n’ont rien à voir avec cette taxe. En réalité, les entreprises collectent les taxes et les envoient à la Direction Générale des Impôts. Le Ministère de l’Economie et des Finances a annoncé officiellement que la taxe sur la publicité qui a été collectée, est à la disposition du Fsdp (Ndlr : Fonds de soutien et d’aide à la presse) et celle-ci est d’un milliard et demi de FCFA. Il ne s’agit pas d’un contrat supplémentaire que le gouvernement aurait octroyé. Pour le milliard, il s’agit de la même taxe sur la publicité. Il s’agit d’un milliard et demi qui a été collecté durant toutes ces années. Oui ! J’ai donné des instructions pour que cela soit porté bientôt à votre connaissance».

Propos recueillis par KP

Avec le partenariat de L’Intelligent d’Abidjan

Thu, 27 May 2010 02:43:00 +0200

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