Ouérémi, le mouton du sacrifice…

« Ouérémi a été capturé sans combat ». Cela a été rendue possible par la mobilisation de nombreux soldats (200 à 600 militaires français et FRCI, selon les sources) envoyés le week-end passé pour le déloger de « son territoire » du Mont Péko, à l’Ouest montagneux du pays. Et avant même que les délits reprochés à Amadé Ouérémi ne soient rendus publics, les officines de la propagande pro-Ouattara ont communiqué à leurs médias de falsification de l’histoire, les charges de leur choix : « Amadé Ouérémi est soupçonné d’avoir massacré au moins 300 personnes à Duékoué-Carrefour lors de la crise postélectorale et d’occuper illégalement, depuis au moins dix ans, la forêt classée du Mont Péko ». Du coup, pour les médias pro-Ouattara, « l’arrestation d’Amadé Ouérémi est un fait majeur parce que, pour la première fois, depuis les crimes massifs opérés par les combattants pro-Ouattara à l’Ouest du pays, lors de la crise postélectorale (au moins 1.200 personnes massacrées à Duékoué), un chef de guerre est officiellement arrêté dans le camp Ouattara ». Enfin, comme il fallait s’y attendre, la conclusion politique est vite tirée : « Amadé Ouérémi pourrait être transféré à Cour pénale internationale (Cpi) ! ».
Tout commence avec la rébellion ivoirienne, le 19 septembre 2002. De nombreux mercenaires de la sous-région ouest-africaine, mais principalement burkinabè, ont été convoyés vers les régions forestières de l’Ouest montagneux. Amadé Ouérémi et son groupe font partie de ces combattants convoyés et massivement armés pour la cause d’Alassane Dramane Ouattara, bénéficiaire de la rébellion armée (révélations du chef de guerre Koné Zakaria). Dans la forêt classée du Mont Péko, Amadé Ouérémi était sensé cultiver le café et le cacao. Depuis dix ans, son contingent de mercenaires et lui, puissamment armés, y terrorisaient les autres planteurs ivoiriens, les contraignaient à la fuite et exploitaient leurs terres et produits agricoles. Toutes les tentatives armées pour le déloger ont échoué. Bien entendu, lors de l’assaut final de l’armée française aux ordres de Nicolas Sarkozy contre le Président Gbagbo (fin mars, début avril 2011), Amadé Ouérémi et son groupe ont participé aux massacres à l’Ouest, comme tous les autres Com’Zones de l’époque. Mais de là à conclure que ce chef de guerre « capturé » aujourd’hui pour son refus de quitter le Mont Péko est l’homme que la Cpi recherche pour montrer son impartialité en Côte d’Ivoire, cela relève d’un calcul politique ridicule et de très bas niveau.
Depuis la crise postélectorale, le Président Gbagbo, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel, mais renversé par l’armée française, est la seule personnalité ivoirienne transférée à la Cpi en tant que «co-auteur indirect de crimes contre l’humanité ». Les nombreux « auteurs directs de crimes contre l’humanité » indexés par les défenseurs des droits humains dans le camp Ouattara restent impunis. Mais plus grave, après le président Gbagbo, Alassane Ouattara et son camp se sont rétractés contre la Cpi, refusant d’exécuter le mandat d’arrêt lancé contre Mme Simone Ehivet Gbagbo. Des sources soutiennent que Ouattara ne veut plus coopérer avec la Cpi parce qu’après Simone Gbagbo, d’autres mandats viendront pour réclamer tous ses chefs de guerre que sont Chérif Ousmane, Wattao, Ben Laden, Fofié, Vétcho, etc. A cette allure, Soro Guillaume, actuel président du Parlement, conducteur de son mouvement armé et lui-même, Alassane Ouattara, fondateur exclusif de cette rébellion du 19 septembre 2002, ne sont pas éternellement à l’abri.
Dans cette posture de crispation, Amadé Ouérémi peut être vu comme un mouton du sacrifice. Le transférer à la Haye pourrait être une pièce de compensation. Car, depuis février 2013, selon les informations, la Cpi a du mal à retrouver ses marques (de droit et de bon sens) pour confirmer des charges inventées et inacceptables contre le Président Gbagbo. Malheureusement, le camp pro-Ouattara devrait le savoir, tous les moutons ne sont pas idéales au sacrifice. En l’occurrence la Cpi peut se contenter pour montrer son impartialité dans le traitement du dossier des Ivoiriens.

Par césar etou
In Notre Voie

cesaretou2002@yahoo.fr

Wed, 22 May 2013 00:12:00 +0200

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