Palabres chez ses partisans : Gbagbo perd gros

Deux faits sont parfaitement illustrateurs du malaise au sein de la famille pro-Gbagbo. D’abord, une déclaration en forme de mise au point de Laurent Akoun, secrétaire général du Front populaire ivoirien. Ensuite, une réponse de La ligue des mouvements pour le progrès (Lmp) signée de quatre anciens proches de Laurent Gbagbo : Mel Eg Théodore, Coulibaly Delinpelna-Gervais, Henriette Lagou et Krabran Appia. Le Fpi, par le truchement de Laurent Akoun, se désole que Mel Eg Théodore et ses camarades utilisent comme sigle, l’appellation « Lmp » qui renvoie insidieusement à La Majorité présidentielle (Lmp). Akoun écrit que le sigle, sans être une marque déposée, n’est pas nouveau dans le lexique politique ivoirien.

L’ancien député d’Alépé suspecte « une volonté manifeste d’entretenir la confusion dans l’opinion nationale et internationale » et appelle « démocrates et militants » à ne pas « se laisser abuser par une pratique qui procède d’une logique aux antipodes de la vision clairement exprimée » par Laurent Gbagbo. Mel Eg Théodore et ses alliés ont été piqués au vif par la déclaration du Fpi (6 janvier 2012) de sorte qu’ils ont pris, à leur tour, la plume : « Que cessent donc cette insupportable arrogance et cette fâcheuse habitude des coups les plus tordus contre l’unité de la lutte ; ces coups qui nous ont conduit au désastre. Que l’humilité, qui a tant manqué, gagne sur la jactance facile, qui n’a que trop nuit à la lutte commune pour la dignité des Ivoiriens ».

La crise n’est pas mineure si on s’en tient au ton de la déclaration de la nouvelle Lmp.

Laurent Gbagbo, en qui les uns et les autres se reconnaissent, en ressort inévitablement affaibli. Dans sa situation de détenu de la prison de Scheveningen, il a besoin qu’autour de lui soient unis ses partisans. Une libération de Laurent Gbagbo- même si elle relève d’une faible probabilité- passe par l’unité de ses partisans. Unis et mobilisés autour de leur leader, ils lui donneraient les moyens psychoaffectifs pour tenir le coup de l’incarcération. Les querelles de sigle ou d’orientation de la « lutte » gênent forcément un Laurent Gbagbo qui, lors de sa dernière sortie télévisée, se disait bien traîté.

Les divisions entre « gbagboïstes », au fond, ne sont pas à leur premier acte. Lorsqu’ils avaient décidé de participer aux législatives du 11 décembre, Mel Théodore et Coulibaly Gervais se sont retrouvés en délicatesse avec certains dirigeants « frontistes ». Il était fait à cette catégorie de responsables un procès en trahison : pourquoi aller à des élections alors que Laurent Gbagbo, Affi N’guessan et les autres sont dans les liens de la détention et qu’un nombre incroyable de cadres se trouvent en exil ? Entre défenseurs d’une certaine « orthodoxie » et partisans d’une « sincère et prometteuse » collaboration avec les autorités en place, le fossé s’est souvent avéré géant. Laurent Gbagbo est tout sauf le grand gagnant de ces querelles intestines. On peut imaginer aisément que nombreux de ses partisans se posent des questions sur la crise chez les cadres. Lui aussi, peut-être, du fond de sa cellule, est en proie au doute.

Kisselminan COULIBALY In Soir info

Tue, 10 Jan 2012 05:16:00 +0100

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