PARIS – Trente-et-un ans après, la Bastille s’enflamme de nouveau pour Hollande

20H00. Le visage du vainqueur apparaît sur l’écran géant, confirmant ce que tout le monde subodorait depuis la fin de l’après-midi. La clameur est immense sur une place noire de monde, avec de très nombreux jeunes.

Quand, tout juste arrivé de Tulle, il arrive près de la place plus de quatre heures plus tard, à 00H20, François Hollande déclenche la liesse dans une foule toujours aussi compacte.

"Vous êtes une foule immense!", commence-t-il, rayonnant. "Merci, peuple de France ici rassemblé!", "Je vous ai entendus. J’ai entendu votre volonté de changement!", poursuit sous les vivats celui qui se décrit comme "le président de la jeunesse de France".

Devant une mer de drapeaux français mais aussi du monde entier, il entonne la Marseillaise, étreint longuement Lionel Jospin, salue Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, et fait la bise à son ex-compagne Ségolène Royal. La candidate malheureuse de 2007 s’était aussi taillé un bon succès d’estime à l’applaudimètre, déclenchant quelques "Ségolène présidente".

"Je me pince toutes les trois secondes pour m’assurer que c’est bien réel", lâche la nouvelle première dame de France, Valérie Trierweiler.

Toute la soirée, les fumigènes rouges et roses ont illuminé le Génie de la Bastille, des pétards ont crépité, les drapeaux ont flotté. Très vite, la colonne de Juillet a été escaladée, les barrières de sécurité enjambées et la foule s’est pressée vers la scène écouter des artistes "amis", Yannick Noah, Ridan, Pep’s, Kassav, Yaël Naïm, Axel Bauer…

Aux premiers rangs, la pression est forte, quelques mouvements de foule ont lieu, mais l’ambiance reste bon enfant.

"Sarkozy au Pôle Emploi"

"Hollande président!", "On a gagné! On a gagné!", scande la foule. Certains brandissent des roses rouges, d’autres lèvent le poing et fustigent autant le vaincu qu’ils acclament son tombeur. "Bye bye Sarko", "Sarko en prison", "Sarko, c’est fini!", "Sarkozy au Pôle Emploi".

L’intervention du président battu est aussi copieusement huée que celles des ténors de la droite Jean-François Copé et Nadine Morano. Un homme, ironique, demande si les merguez vendues dans un stand sont "halal", un thème de campagne développé par Nicolas Sarkozy au grand dam de la gauche.

"Hollande président, ça va changer la notion de président", dit la comédienne Josiane Balasko, soutien de longue date des socialistes et de François Hollande. Clémentine Célarié, Guy Bedos, Michel Piccoli sont aussi là.

Armel Noisy, Stéphanois de 60 ans, est venu fêter "le départ de Nicolas Sarkozy" mais attend aussi de François Hollande qu’il respecte "ce qu’il a dit lors du débat, dans sa longue tirade: +Moi, président…+",.

Car la foule a des exigences: "Hollande, le changement, ça doit être vraiment maintenant", réclame une pancarte, "Vite, la VIème République", "La retraite à 60 ans à taux plein, c’est maintenant", exigent d’autres.

En 1981, la fête s’était organisée dans l’improvisation, dans l’après-midi, quand les sondages ne laissaient plus le moindre doute sur l’identité du vainqueur. Elle s’était aussi tenue sous la pluie et François Mitterrand n’était pas venu parler. Cette fois, elle a été préparée.

Sous l’oeil des caméras placées au pied de l’Opéra Bastille, construit durant l’ère Mitterrand, les sympathisants avaient afflué très tôt avant l’officialisation des résultats.

"J’étais déjà là en 1981, sous la pluie, et c’est important que les enfants voient ça", raconte Olivier Guedj, dentiste de 44 ans venu avec ses enfants.

AFP

Mon, 07 May 2012 01:43:00 +0200

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