juin 3, 2023

Présidentielle en Guinée / Premières estimations : Dalein, Alpha, Sidya et Kouyaté se signalent

Photo : DR
Après la fermeture des bureaux de vote le dimanche 27 juin 2010, les assesseurs et la Commission Nationale Electorale Indépendante sont passés à la deuxième phase de cette élection qui est consacrée au dépouillement. Une phase sensible suivie avec beaucoup d’attention par les états-majors des 24 candidats en lice. Hier, avec les premières estimations, une nette tendance se dégageait. Et 4 des 24 candidats se détachent du lot. Il s’agit de Cellou Dalein Diallo de l’UFDG, Alpha Condé du RPG, Sidya Touré de l’UFR et Lansana Kouyaté du PEDN. Les deux premiers cités seraient au coude à coude si l’on s’en tient pour l’instant aux résultats qui ont été diffusés sur les antennes des Radios Guinéennes dans la nuit du dimanche à lundi. Par exemple le quartier présidentiel et d’affaires Kaloum selon les résultats provisoires, serait tombé aux mains de l’ancien premier ministre Sidya Touré. Labé, capitale du Foutah serait le bastion de Cellou Dalein Diallo qui y a de loin, fait mordre la poussière à ses adversaires. La Haute Guinée, serait sous l’emprise d’Alpha Condé… A cette allure, selon des observateurs, il se profile à l’horizon un second tour prévu pour le 18 juillet, même si certains candidats ne le souhaitent pas. Ce second tour opposera deux candidats issus de deux grands blocs ethniques, à savoir d’un côté les malinké et de l’autre les peuhls. Il reviendra à ces deux candidats qui se détacheront du peloton de tête, d’aller à la conquête des autres groupes ethniques, les Soussou, Djakanké, Guerzé, Kissi,Toma…Là encore, il leur faudra la force des arguments pour convaincre cet électorat qui fera la différence. Dans les couloirs, certaines personnalités du jeu politique guinéen évoquent même un rapprochement Kouyaté-Alpha et un rapprochement Sidya-Dalein. Au cours d’une conférence de presse tenue le lundi 28 juin 2010, à la maison de la presse, M. Talan Diallo, président du Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne, a donné un aperçu du taux de participation sur toute l’étendue du territoire qui avoisine 80%. Dans les huit régions de la Guinée, selon Talan Diallo, la région de Conakry vient en tête avec un taux de participation de 86 %. Suivie de Labé 85 %, Kindia 82 %, Boké 79%, Mamou 79%, Kankan 77%, N’Zérékoré 73% et Faranah 70%. Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne note avec satisfaction la forte mobilisation des Guinéens au cours du déroulement de ce scrutin. ‘’Surtout qu’il n’y a pas eu d’incidents susceptibles d’entacher ce scrutin’’, s’est réjoui Talan Diallo. Selon M. Paté Dieng, directeur des opérations de la CENI qui a été très prudent face à la presse, c’est dans l’après midi du mercredi 30 juin 2010 que les candidats en lice seront peut-être situés sur leur sort. Hier, les activités à Conakry ont timidement repris et quelques Taxis circulaient à Kaloum. Le grand marché de Conakry situé à Madina reste encore fermé

Encadré

Les militaires offrent le pouvoir aux civils

Les lampions se sont éteints sur l’organisation du premier scrutin démocratique de la Guinée-Conakry le dimanche 27 juin 2010 après plus d’un demi-siècle d’indépendance.

A l’instar des populations des autres régions de la Guinée qui sont sorties très tôt pour accomplir leur devoir civique, celles de la capitale Conakry se sont se massivement rendues aux urnes reparties dans les 1424 bureaux de votes des cinq communes. Le premier citoyen du pays, le général-Président Sekouba Konaté, n’a pas manqué à l’appel. Sous le coup de 11h45 mn, le chef de l’Etat s’est rendu au palais présidentiel Sekoutouréya pour accomplir son devoir civique. Heureux d’avoir mené à bien la transition, Sekouba Konaté a souhaité bon vent au vainqueur. ‘’Aujourd’hui pour ma part c’est une fierté. C’est le respect de la parole donnée. Après 50 ans d’indépendance, c’est la première fois que la Guinée va à des élections transparentes et libres. Je demande aux Guinéens la dignité, la paix et la tolérance et que le meilleur gagne’’, s’est exprimé le Président de la République par intérim, Président de la transition et ministre de la défense de la Guinée. Quant à Claude Pivi, ministre de la sécurité présidentielle, il ne dira pas le contraire. ‘’Nous souhaitons que tout ce passe très bien et surtout dans de bonnes conditions. Nous ne voulons pas de pagaille dans le pays. Et notre décision a été ferme dans ce sens à travers la déclaration du général Sekouba Konaté’’. Dans les cinq communes de Conakry, Matoto, Ratoma, Dixin, Matam et Kaloum, les électeurs ont observé la discipline et aucun incident majeur n’a été signalé. A Matoto dans le secteur 4, nous avons suivi le président du PEDN, Lansana Kouyaté qui a accompli son devoir civique à l’EPP Oumar Camara. ‘’C’est un tournant dans l’histoire de notre pays. Je prévoyais un taux de participation élevé et j’ai l’impression qu’il le sera effectivement. C’est une voie pour moi, pour tout le peuple guinéen et toute l’Afrique. Chaque grande distance à parcourir commence par un petit pas et c’est ce petit pas que le peuple de Guinée vient de franchir aujourd’hui, tout en espérant que tout ira bien. Jusqu’ici je n’ai pas reçu de rapports sur les problèmes existant, mais tout ce que je sais, c’est que le taux de participation, selon le directoire de campagne du PEDN qui est en contact permanent avec nos représentants aussi bien dans les communes de Conakry qu’à l’intérieur, nous rapporte, est élevé’’, a dit Lansana Kouyaté qui ne souhaite pas un deuxième tour pour cette élection. A quelques minutes de là, ce fut le tour d’Alpha Conté candidat du RPG de se rendre aux urnes à Mafanco dans la commune de Matam. Sidya Touré et Cellou Dalein Diallo ont quant à eux voté dans la commune de Dixin. Selon Ben Sekou Sylla, président de la CENI, dans l’ensemble tout s’est bien passé et les premières tendances seront disponibles ce matin. Les bureaux de votes qui ont ouvert à 7 heures du matin ont fermé selon les dispositions en vigueur à 18 heures

Avec le partenariat de L’intelligent d’Abidjan / Par Dosso Villard, envoyé spécial à Conakry

Guinée : Quand nous prévenions dans "L’Intelligent d’Abidjan"

Une fois de plus, la Guinée pleure ses morts. Selon des organisations internationales, 158 personnes (57 personnes, d’après Dadis Camara) ont été froidement tuées par l`armée guinéenne, lors d`une manifestation de l`opposition, le 28 septembre 2009 à Conakry.

En effet, la disparition du premier président de la Guinée « libre », le dictateur Ahmed Sékou Touré, vue comme une délivrance par beaucoup de ses compatriotes, n`a pas contribué à mettre fin aux souffrances des Guinéens.
Son successeur Lansana Conté, qui prend le pouvoir à la suite d’un coup d’Etat en 1984, dirigera lui aussi, d`une main de fer la Guinée ; et la gestion calamiteuse des affaires de l’Etat sous son régime corrompu, va davantage enfoncer le pays dans la misère.

La Guinée dispose des plus grandes réserves de bauxite au monde, d’importantes ressources énergétiques et d’immenses étendues de terre cultivables, mais ce pays, qui s’enorgueillit pourtant de toutes ces richesses, est placé parmi les plus pauvres de la planète. Aujourd’hui, les Guinéens doivent importer de la nourriture pour survivre.

Lorsque le despote Lassana Conté tire sa révérence le 22 décembre 2008, après 24 ans de pouvoir sans partage, Dadis Camara s’installe, dans un contexte d’incertitude. La Guinée est à l’abandon, gangrénée par la corruption, l`inflation, le chômage…Le « pompiste » de l’armée va donc prendre les rênes du pays, sans difficulté, malgré la constitution qui prévoit que l’intérim doit être assuré par le président de l`Assemblée nationale.

Il sera soutenu par l`opposition, après avoir pris l’engagement d’organiser des élections « libres et transparentes ». Dans son discours de prise de pouvoir, le nouvel homme fort de Conakry dénonce avec virulence la démission de l’Etat sous Lassana Conté, qu’il accuse d’avoir plongé le pays dans la paupérisation.

Dadis Camara se présente comme un rédempteur, le putschiste veut faire de la moralisation de la vie publique son leitmotiv.

Pourquoi ne pas faire confiance à celui qui clame son patriotisme au premier venu, quand on sait que sous d`autres cieux, des soldats qui ont pris le contrôle de leurs pays, ont aidé à consolider la démocratie? Seulement voilà : l`homme, même s`il ne le dit pas ouvertement, manifeste l’intention de se maintenir au pouvoir, par l`organisation d’une élection à laquelle il sera lui aussi candidat.

Les militants de l`opposition qui ont flairé cet autre coup d`Etat, sont descendus dans la rue, pour protester contre cette imposture. Mal leur en prit cependant. Des exactions d’une rare brutalité seront commises sur ces civils aux mains nues, par la soldatesque de Dadis Camara. On déplore des viols, plusieurs blessés et des morts, tués, par balles.

Interrogé sur ces événements, Dadis Camara qui voit les mains de l’Occident derrière cette manifestation criera à un complot contre son régime, avant d’être contredit par ses propres propos. Celui qui n`a pas hésité à se faire filmer dans sa chambre à coucher, par la chaîne de télévision France 24, le sourire aux lèvres, avouera plus tard, naïvement devant les caméras, qu`il ne maîtrise pas son armée.

Dadis Camara qui n’ignore pas qu’il est à la tête d’une armée réputée pour son indiscipline, est donc bel et bien conscient de la responsabilité de ses militaires dans ce massacre. Il doit pleinement en assumer les conséquences, le président autoproclamé doit répondre de ses actes ; il doit rendre compte pour cette barbarie, ce massacre gratuit de Guinéens, qui voulaient tout simplement exprimer leur opinion.
On le voit, la Guinée est encore aux mains d’un autre bourreau, un mégalomane qui n’hésite pas à se prendre pour un messie, alors qu’il est loin d’être ce libérateur que son pays attend depuis belle lurette.

Dadis Camara doit quitter le pouvoir, pour se mettre à la disposition de la justice, avant même qu’une enquête ne soit diligentée sur cet odieux crime contre l’humanité.

Ce monsieur qui a semé la désolation, affirme convaincu, que sa prise du pouvoir est le fruit de la providence. « C’est le destin », lance-t-il invariablement, avec fierté pour justifier son coup d’Etat. Pourtant, il n`y a qu’à voir ses interventions, qui font le tour du monde et qui provoquent l`hilarité générale, pour être aussitôt convaincu de son incapacité à diriger un pays.

Au nombre des ces « grandes » sorties, on note principalement des humiliations publiques de personnalités, dans l’unique but de prouver qu’il est le seul capitaine à bord du navire Guinée. Des séquences vidéo consacrées à ces « Dadis shows », tournent présentement sur la toile, pour le grand plaisir des internautes.

Obsédé par la volonté de ressembler à Thomas Sankara, Dadis Camara s`enfonce de jour en jour et, contrairement à ce qu’il croit, offre l’image d’un bouffon au monde entier. En effet, à l’opposé de ce « président prédestiné », le capitaine Thomas Sankara était un militaire qui avait une vision pour son pays le Burkina Faso et pour son continent l’Afrique.

C’était un homme de conviction, qui a impulsé un esprit nouveau au « pays des hommes intègres ». Révolutionnaire convaincu, ce « Che Guevara africain » avait une notion du respect des droits de l`Homme, comme en témoigne sa pensée devenue célèbre : « Un militaire sans formation politique est un criminel en puissance ». Dadis Camara doit méditer cela, car, comme l’a si bien chanté Petit Denis, "Il ne suffit pas de ressembler à quelqu’un pour avoir le même talent que lui".

Tout compte fait, après 52 longues années de tyrannie, la Guinée doit pouvoir opérer enfin un changement notable de régime, pour embrasser la démocratie. La dictature militaire doit définitivement disparaître au profit d’un gouvernement provisoire, composé de civils, qui aura pour mission de conduire une transition en vue des élections « libres et transparentes ». Cette équipe doit être composée de personnes issues de la société civile, reconnues entre autres pour leur civisme, et qui devront faire du « désarmement de l’armée » une priorité.

La Guinée est de fait une poudrière, qui peut être préjudiciable à toute la sous-région ouest africaine, si l’on n’y prend garde. Depuis l’ère de Sékou Touré, l’anarchie s’est installée au sein de l’armée, où des cas d’insubordination à la hiérarchie sont fréquents. « Les militaires guinéens sont indisciplinés », entend- on dire, très souvent. Cette armée mérite donc une attention particulière car, seule sa réorganisation peut garantir la paix et la démocratie dans le pays.
Il est urgent d’éradiquer forcément la « militarocratie» qui règne, si l’on veut que les Guinéens mettent en valeur, de manière judicieuse, les ressources de leur pays et en profitent pleinement, dans la paix.

Par Axel Illary dans L’Intelligent d’Abidjan

Tue, 29 Jun 2010 03:27:00 +0200

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