Prétendu projet de coup d’Etat du FPI contre Ouattara : L’histoire des fausses preuves d’Hamed Bakayoko

Dans la croisade qu’il mène depuis plus d’un an contre les partisans de Laurent Gbagbo, le régime Ouattara avait à cœur de marquer un grand coup dans l’opinion nationale comme internationale. Et pour bien faire les choses à son goût, le gouvernement a choisi mardi dernier pour s’inviter dans les foyers ivoiriens,-à travers le petit écran (pour ceux qui regardent encore la RTI)-,et révéler à la face de tous que le Front populaire ivoirien nourrit l’ambition de renverser le régime actuel. Dans le rôle du procureur ce soir-là, c’est le très volubile Hamed Bakayoko qui a été choisi et dépêché à la télé. Il n’avait rien à craindre car en face l’attendait non pas un journaliste critique mais plutôt un…ADOrateur. Ainsi assuré d’une admiration débordante, le ministre de l’Intérieur a pointé à la télé, en toute décontraction pour donner libre cours à sa science. Ne craignant pas d’être pris à revers, par Aka Sayet Lazare, le ministre Bakayoko n’a certainement pas pris le soin de s’assurer de la solidité des preuves à brandir à la face de ses concitoyens et populations vivant en côte d’Ivoire. Sinon l’homme aurait été plus prudent et moins prolixe s’agissant spécifiquement du document qui aurait été saisi dans l’ordinateur portable de M. Ousmane Sy Savané, le gérant du groupe Cyclone (éditeur des journaux Le Temps, LG infos et Prestige Magazine) incarcéré depuis plusieurs semaines à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Car le document en question, dont le quotidien Aujourd’hui a pu se procurer une copie, n’est rien d’autre que le draft (une mouture non définitive) d’un projet de communication visant à soigner l’image du président Laurent Gbagbo, fortement écornée après la crise post-électorale et empêcher par la même occasion, son transfèrement à la CPI. De sources bien introduites, le document, dès sa conception a été envoyé à sept (7) personnes que sont : Yacouba Bamba, Nady Bamba, Demba Traoré, Kassoum Fadiga, Ali Kéita, Ousmane Sy Savané et Ibrahim Magassa. A charge pour elles, de juger de sa pertinence ainsi que des conditions de son exécution. Il faut noter que tous les destinataires cités plus haut, sont des proches de Mme Nady Bamba, qui ont toujours travaillé à ses côtés. Il faut également préciser que le projet nait deux mois après l’arrestation et la déportation à Korhogo du président Laurent Gbagbo. A en croire nos sources, le concepteur a pris la liberté de proposer des commissions ou « pools » et de les pourvoir en cooptant des personnes selon lui qualifiées à différentes tâches. Et cela, sans forcément les en informer au préalable comme il est souvent de coutume, surtout quand un projet n’a pas encore été validé. La preuve est le choix de l’Ambassadeur Allou Eugène, figurant dans le pool « lobbying » et qui ne joue plus dans le camp Gbagbo depuis belle lurette si l’on se réfère à ses déclarations, interviews et prise de position (cf. les quotidien Le Jour+ du 20/09/2011 et Nord –Sud du 24/09.2011)
Autre remarque, dans plusieurs pools, on voit que ne sont mentionnés que de simples prénoms d’individus, signe qu’il s’agit bel et bien d’une ébauche à parfaire.
Aussi si le ministre Bakayoko est aussi bien informé qu’il le clame, il devrait savoir que ce document n’a jamais pu être discuté, ni validé, encore moins être mis en application, car la plupart des personnes cooptées pour le « pool lobby/ pool finances » ayant vu leur avoirs gelés par la justice ivoirienne et les personnes ressources n’ayant pu être contactées. Ce sont autant d’observations qui présentent en définitive les « preuves irréfutables » du pouvoir contre le FPI comme un véritable pétard mouillé. Surtout avec les aveux arrachés à un Lida martyrisé et donc peu crédibles, et les déclarations du colonel Katé où il y a à boire et à manger. D’ailleurs, comme s’il n’était pas certain d’avoir convaincu les ivoiriens, le régime a multiplié avant-hier, la rediffusion du One man show du ministre de l’Intérieur. Pas sûr que le matraquage ait servi à changer la perception des ivoiriens sur le sujet tant les zones d’ombres foisonnent. Il aurait certainement été plus sage pour le N°2 du gouvernement de garder le silence car au finish, le résultat est bien désastreux pour Ouattara, le « brave tchê » qui semble avoir perdu toute sérénité.
L’ESSENTIEL
Le contexte : les réactions continuent de pleuvoir après la prestation télévisée du ministre Hamed Bakayoko, mardi dernier sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI).
L’enjeu : S’étant engagé dans une partie de poker menteur, le gouvernement aura désormais de plus en plus du mal à convaincre les Ivoiriens sur les grands sujets qui préoccupent la Nation.
REPERES
Doute même chez les pro Ouattara
Le scepticisme quant aux preuves brandies par Hamed Bakayoko a franchi les frontières des partisans du président Laurent Gbagbo. Il s’observe désormais même dans le camp Ouattara où bien de journaux RHDP affichaient hier leur gêne sur la question. Même RFI, « le radio mondiale », d’ordinaire prompt à amplifier tout ce qui touche au pouvoir ivoirien, a traité l’information avec beaucoup de retenue.
Le gouvernement inquiète plutôt que de rassurer
En dépêchant le ministre de l’Intérieur à la Télé, le pouvoir avait à cœur de rassurer les populations ivoiriennes. Il semble avoir eu l’effet contraire puisque depuis ce soir-là, à Abidjan par exemple, pratiquement personne ne veut se risquer à mettre le nez dehors une fois la nuit tombée, de peur d’être piégé par des coups de feu.

Par Géraldine Diomandé in AUJOURD’HUI

Fri, 15 Jun 2012 12:24:00 +0200

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