Procès de l’assassinat du colonel-major Dosso: Le général Dogba Blé démonte toutes les accusations
Des conditions de détention inhumaines à Korhogo
Abordant l’affaire relative à l’assassinat du colonel-major Dosso Adama, le général Dogbo Blé a tenu à préciser que le « blocus » du golf hôtel où le colonel- major est censé avoir été arrêté n’était pas de son ressort. Mais plutôt de celui des forces terrestres qui étaient sous le commandement du général Détoh Letho. Il estime donc que la personne qu’on aurait dû saisir après l’arrestation du colonel-major Dosso est bien le commandant des forces terrestres et non le commandant de la Garde républicaine. Le général Dogbo rejette donc les accusations selon lesquelles après avoir été informé de l’arrestation du colonel -major Dosso, il aurait appelé le sergent Toali Noël pour lui demander quelle était sa position. « Je n’ai jamais appelé Toali Noël. Et vous pouvez le vérifier sur mes téléphones qui se trouvent aux mains de ceux qui m’ont arrêté. Je leur ai dit de les exploiter pour découvrir la vérité. J’ai même mis mon téléphone fixe à leur disposition à toutes fins utiles ». Le général rejette également le fait d’avoir donné l’ordre d’aller exécuter le colonel-major Dosso Adama. « Le sergent-chef Lago qui dit avoir tué le colonel- major insinue d’abord que je leur ai donné l’ordre de le conduire à la brigade de recherches. Ensuite, il indique que je leur ai dit d’aller l’exécuter du côté de l’Ecole de police. Enfin, il dit que c’est sur l’autoroute qu’il a commis son forfait. Vous voyez qu’il n’y a pas de cohérence dans ses dires. En l’espace de quelques minutes, j’aurais donné trois ordres différents. Ce n’est pas possible ! Et puis Monsieur le président, donner l’ordre de tuer quelqu’un au téléphone me parait gros ». Par ailleurs, les assassins du colonel-major Dosso Moussa disent avoir trouvé sur lui un plan d’attaque de la ville d’Abidjan qu’ils avouent n’avoir pas remis au général Dogbo qui était pourtant censé, selon eux, les avoir envoyés. «Pourquoi ne m’avoir pas remis ce plan d’attaque si c’était vraiment moi qui les avais envoyés ? Je précise qu’ils soutiennent que ce plan était bien détaillé et comportait des points stratégiques. Pourquoi ils l’ont gardé par devers eux ? Il en est de même pour les téléphones portables du colonel-major Dosso qu’ils ont aussi gardés par devers eux ».
Il y a aussi que Lago et son complice Toh Ferdinand disent être revenus rendre compte au général Dogbo Blé après avoir exécuté le colonel-major Dosso Adama. Et ils soutiennent qu’au moment où ils arrivaient au bureau du général, la porte était entrebâillée et qu’ils sont entrés dans le bureau sans frapper à la porte. Le général était présent, selon eux, avec son adjoint, le commandant Kipré. Ils disent également que le général Dogbo Blé leur aurait remis 20.000 fcfa après la mission pour aller dîner. Sur ces points, la réponse du général Dogbo Blé fut claire et précise. D’abord, il indique n’avoir jamais eu pour habitude de laisser son bureau entre-ouvert pendant qu’il y est pour des raisons de sécurité. Il fait même remarquer que c’est lui qui de l’intérieur actionne un bouton pour ouvrir son bureau si on lui signale la présence de quelqu’un. Il n’est donc pas possible que le sergent-chef Lago et son compagnon aient trouvé son bureau ouvert au point d’y entrer comme si c’était dans un marché. En ce qui concerne l’argent qu’il leur aurait remis, le général Dogbo indique que c’est tous les jours qu’il donne de l’argent à ses éléments en poste pour dîner. Tout simplement parce qu’ils restent au palais jusqu’à tard tant que le président de la République, Laurent Gbagbo, y est.
Au total, le général Dogbo Blé rejette toutes les accusations portées lui. « Je n’ai jamais donné d’ordre à qui que ce soit pour aller exécuter le colonel-Major Dosso Adama. Je pense que le sergent-chef Lago récite une leçon qu’on lui a soufflée. Moi, je suis un soldat. Je ne suis pas un homme politique. Mais on veut politiser ma fonction. On veut que le général Dogbo Blé soit un criminel pour mieux justifier que le président Gbagbo est un criminel », a conclu l’ex-commandant de la Garde républicaine.
« On veut politiser ma fonction »
Ces propos du général Dogbo Blé ont été d’ailleurs confirmés par le commandant Kipré qui a indiqué qu’il n’a jamais donné d’ordre au nom du général Dogbo. Le sergent-chef Lago, lui-même, qui a exécuté le colonel-major Dosso Adama a affirmé qu’il n’a pas reçu l’ordre directement du général Dogbo Blé. Mais par l’intermédiaire du commandant Kipré. Ce que le commandant Kipré conteste. A la question de savoir quel intérêt auraient les membres de sa garde rapprochée pour l’accuser, alors qu’ils avaient de bons rapports, le général répond : « je ne sais pas. Mais le fait d’avoir de bons rapports avec mes éléments ne veut pas dire que je sais ce que chacun pense dans son for intérieur. Moi, je suis incarcéré à Korhogo et eux à Abidjan, je ne sais rien de leurs conditions de détention ». Les conditions d’arrestation du sergent-chef Lago rapportées par lui-même confortent les soupçons du général Dogbo. « Je n’ai pas été arrêté dans la rue où à mon domicile. C’est quand je suis allé toucher mon salaire main à main que j’ai rencontré le commandant Koné Zacharia. Nous nous sommes fait des accolades. Après quoi, il m’a invité au golf hôtel, le lendemain. Quand je suis arrivé au golf hôtel, on m’a arrêté et conduit à la résidence du général Coulibaly (Abdoulaye). Là-bas en présence de Maître Sounkalo (avocat du Rdr, ndlr), on m’a dit : nous avons des informations selon lesquelles quand le général Dogbo Blé vous a envoyé prendre le colonel Dosso au blocus, c’est toi qui l’as abattu. Nous, nous ne sommes pas des criminels. Ce que nous voulons, c’est de savoir où tu l’as abattu pour prendre son corps. Là pour des raisons de sécurité, j’ai nié les faits. Mais c’est devant le commissaire du gouvernement que j’ai tout avoué. J’avoue que je n’ai pas été touché au golf hôtel », a soutenu le sergent-chef Lago.
Cette déposition appelle un certain nombre d’interrogations. Pourquoi le sergent-chef Lago ne semblait pas du tout être inquiet après avoir exécuté le colonel-major Dosso, au point de s’entendre avec le commandant Koné Zakaria et d’aller sur son invitation au golf hôtel ? Pourquoi c’est au domicile du général Abdoulaye Coulibaly que Lago a été interrogé et non dans un camp des Frci comme ça se fait pour tous ceux qu’on arrête ou qu’on enlève depuis que Ouattara a pris le pouvoir ? Enfin, le sergent-chef Lago est certainement le seul militaire qui, bien que reconnu comme coupable de l’exécution d’une personnalité aussi importante pour le pouvoir actuel que le colonel-major Dosso, n’a subi aucun sévice corporel depuis son arrestation. Qu’a-t-il en commun avec les Frci et le pouvoir Ouattara pour qu’il en soit ainsi ? Autant de questions qui autorisent à penser que le sergent-chef Lago n’a pas dit la vérité sur l’identité du ou des commanditaires de l’assassinat du colonel-major Dosso.
Boga Sivori in NOTRE VOIE
bogasivo@yahoo.fr
Tue, 09 Oct 2012 23:51:00 +0200
0