mars 26, 2023

Le débat sur les responsabilités dans la guerre postélectorale ne se refermera pas de si tôt. Du moins tant que les vrais coupables n’auront pas reconnu leur faute. Pourquoi un simple contentieux électoral a débouché sur une guerre internationale ayant occasionné la mort de 3000 personnes, selon les chiffres officiels ? Qui doit porter la responsabilité de ce conflit et de ses morts ? La réponse à cette question varie selon les chapelles. Pour Alassane Ouattara qui faisait en fin de semaine son bilan à la tête de l’Etat, les 3000 morts de la guerre postélectorale sont le fait de son adversaire Laurent Gbagbo. «L’ancien président a juré sur la Constitution de défendre les Ivoiriens et la Côte d’Ivoire. Il ne l’a pas fait. De son fait, 3000 personnes ont été tuées et vous voulez que cela soit impuni? Je ne le pense pas», a chargé le chef de l’Etat, principal protagoniste de la crise ivoirienne.
Suffisait-il d’être président de la République pour assumer la responsabilité des 3000 morts ? Assurément non ! Pour bien d’observateurs lucides et libres de la crise ivoirienne, l’accusation portée contre le président déchu est à la fois simpliste, grotesque et mal fondée. Les responsables des tueries de la guerre postélectorale sont facilement identifiables. Ce sont d’abord ceux qui ont introduit les armes dans le jeu politique ivoirien. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que la guerre postélectorale est la suite logique de la crise née du coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002 qui s’est mué en rébellion armée. Les rebelles ont révélé avoir pris les armes pour Ouattara. Et la guerre postélectorale apparaissait pour eux comme l’ultime passage pour atteindre l’objectif final. C’est donc cette milice tribale et ses commanditaires qui doivent être indexés. Sur le banc des accusés figure, en bonne place, l’actuel chef de l’Etat. La guerre est arrivée parce que Ouattara a refusé d’accepter les résultats définitifs du scrutin présidentiel proclamés par le Conseil constitutionnel, seul institution habilitée à le faire. Le candidat du Rdr a appelé ses hommes à lancer l’offensive sur Abidjan pour dégager Gbagbo et l’installer au pouvoir. C’est cette offensive appuyée par les forces françaises et onusiennes qui s’est soldée par 3000 morts, dont environ 1000 à Duékoué. A partir de ces repères, l’on peut savoir qui est le vrai responsable de la guerre et de ses morts. Le reste n’est que diversion et manipulation sur fond de justice des vainqueurs.

Jean Khalil Sella in Notre Voie

Thu, 05 Apr 2012 20:16:00 +0200

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