Retour ou non de la Bad en Côte d’Ivoire La vérité que le régime Ouattara cache

Un confrère tanzanien qui dit tenir des informations confidentielles sur la 14è réunion du Comité consultatif des Gouverneurs (CCG) de la Banque africaine de développement (BAD) qui s’est tenue à Arusha en Tanzanie, est très surpris par la teneur des débats dans la salle. Selon ces informations que nous avons pu vérifier, la Côte d’Ivoire a perdu beaucoup de ses soutiens. Ses traditionnels amis, cette fois-ci, l’ont laissée se débattre seule. C’est la raison pour laquelle, expliquent nos sources, il n’y a pas eu de décision prise à cette réunion sur le retour de la BAD à son siège initial à Abidjan. Et pour la première fois, le terme de feuille de route est entrée dans le texte relatif au communiqué final : «Les membres du CCG ont réitéré que la question n’a jamais été de savoir si la Banque devait ou non retourner à son Siège. Mais plutôt de connaître les conditions et le calendrier de ce retour. A cet égard, le CCG a précisé que le retour en Côte d’Ivoire doit reposer sur l’approbation par le Conseil des Gouverneurs d’une feuille de route détaillée pour le retour de la Banque à son Siège. La feuille de route devra être élaborée par le Président en collaboration avec le Conseil d’administration et en consultation avec les Autorités ivoiriennes. La feuille de route devra jeter les bases d’un retour ordonné et graduel en tenant compte de la stabilité de l’Institution, du bienêtre des membres de son personnel, des implications financières de ce retour, des risques et des mesures d’atténuation de ces risques. La feuille de route devra aussi comprendre un calendrier assorti de dates précises et prévoir le suivi de sa mise en oeuvre par le Conseil d’administration qui soumettra des rapports périodiques au Conseil des gouverneurs. 8.3 La feuille de route, après avoir été entérinée par le Conseil d’administration, devra être soumise au Conseil des Gouverneurs par l’intermédiaire du CCG pour examen. Le CCG envisage d’examiner la feuille de route lors de sa prochaine réunion à Tokyo en octobre 2012». Une feuille de route exigeante, difficile à remplir pour notre pays et qui montre en même temps combien certains pays membres de l’Union européenne et d’autres de l’Afrique du nord s’opposent catégoriquement au retour, dans les circonstances actuelles, de l’institution bancaire africaine en Côte d’Ivoire. C’est que, pour les délégués (c’est comme ça qu’on appelle les participants à la réunion), la Côte d’Ivoire ne fait pas beaucoup dans la restauration de l’Etat de droit et d’une vraie réconciliation nationale. Ils accusent aussi le pouvoir Ouattara de ne rien maitriser au niveau de la sécurité. Sans compter le fait qu’il n’y ait pas d’hôpitaux dignes de ce nom, d’universités. Bref, ils ont condamné la fermeture des écoles et l’occupation des habitations de citoyens innocents par des individus armés pro-Ouattara. Pour la plupart d’entre eux, tant qu’il n’y aura pas «une réconciliation authentique», il serait vain de croire que la BAD reviendra un jour à Abidjan. Même le retour du département Afrique de l’Ouest qui semblait acquis, après les échanges houleux qui ont eu lieu à Arusha, est mis en veilleuse. Il faudra attendre en octobre 2012 à Tokyo (Japon) pour être situé. Le problème pour la Côte d’Ivoire est que les dirigeants actuels, dans leur volonté de chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, avaient tellement acculé les responsables de la BAD qu’il serait trop facile aujourd’hui pour ceux-ci de ne pas tenir compte du contexte pour la décision à prendre. Un délégué d’un pays a même soufflé dans la salle à son voisin que «Ouattara est dans la position de l’arroseur arrosé», soutient une source diplomatique. Pour dire que ce qu’il a fait à Gbagbo est en train de se retourner contre lui. Mais la difficulté réelle se situe au niveau du fonctionnement de la BAD. Pendant les Assemblées et autres réunions de cette institution, toutes les décisions se prennent par consensus. Si un seul des membres ne s’aligne pas sur la décision des autres, elle ne sera pas validée. Or, selon des sources proches des discussions d’Arusha, la Côte d’Ivoire n’a pas été aidée. C’est du bout des lèvres qu’elle aurait été soutenue par le délégué français. Pareil pour les pays du nord dont le représentant luttait farouchement pour le statu quo ante. Au niveau de la SADEC (pays de l’Afrique de l’Est), comme il fallait s’y attendre, personne n’a bougé. D’ailleurs, aucun président de cette zone n’a effectué le déplacement. Pas même le Premier ministre kényan, Meles Zélawi, «ami personnel» de M. Ouattara et dont le pays se trouve à moins d’une heure de vol de la capitale tanzanienne. D’ordinaire, c’est la France qui faisait le lobbying pour certains pays francophones. Pour cette réunion, nous dit-on, elle n’a pas osé faire le pas. Comme il n’y a pas eu de consensus lors des débats des membres du Comité consultatif des Gouverneurs (CCG), le Conseil des gouverneurs qui devrait prendre la décision finale n’a pas été consulté. Il n’a rien eu à faire et tout a été reporté à plus tard. D’abord à Tokyo, à la réunion du CCG que présidera l’Angola et au cours de laquelle la Côte d’Ivoire viendra présenter sa feuille de route qui sera analysée point par point. Et si cette feuille de route ne convainc personne, il faudra attendre la prochaine réunion de la BAD prévue le 31 mai 2013 à Marrakech (Maroc). A cette réunion, ce ne sera plus le ministre tanzanien des Finances qui présidera la réunion mais son homologue marocain. Selon des indiscrétions, les délégués ont donné deux années à la Côte d’Ivoire pour qu’elle se prépare. A la fin de cet exercice, si celui-ci est concluant, la BAD se donnera une année pour procéder à son déménagement. On sera en fin 2015. C’est donc dans trois ans qu’il faut s’attendre à voir la BAD sur les bords de la lagune Ebrié. C’est vraiment dommage pour notre pays dont la jeunesse aurait bien pu profiter des emplois qu’induit la présence de cette institution dans le pays hôte. Il y a un peu plus d’un an, quand nous expliquions les avantages que notre pays tirerait du retour de la BAD, il se trouvait des gens pour soutenir l’insoutenable. Aujourd’hui, ils défendent bec et ongle ce que nous leur demandions de faire à l’époque. Aveuglés par la guerre sans merci qu’ils menaient contre Gbagbo, ils oubliaient qu’il y a des domaines où cette phobie de Laurent Gbagbo n’aurait jamais dû les conduire. Les voilà aujourd’hui face à leurs propres turpides. Quand tu craches en l’air, il faut t’attendre à recevoir des gouttes de ton crachat sur le visage. N’est-ce pas ?

Abdoulaye Villard Sanogo in Notre Voie

Mon, 04 Jun 2012 21:14:00 +0200

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