
Devant l’adversité affichée d’une communauté internationale braquée contre le nouveau pouvoir centrafricain, le président Idriss Déby et ses pairs ont compris que la seule façon de faire accepter ce pouvoir issu de putsch, est de lui donner un semblant de légitimité. C’est ce qui a été fait ce samedi 13 avril à Bangui. Les 105 membres du Conseil nationale de transition, une instance qui fera office d’Assemblée nationale pendant les 18 mois que durera la transition, ont tous porté leur choix sur Michel Djotodia.
Le CNT comprend les différentes composantes de la Nation centrafricaine à savoir, les membres de la société civile, les membres de l’opposition à l’ex-président Bozizé, les cadres du Séléka et quelques proches du régime déchu. Après cette légitimation, le nouveau pouvoir est attendu sur plusieurs fronts. D’abord le rétablissement de la sécurité dans le pays en particulier dans la capitale Bangui. Cette bataille est pour l’instant loin d’être gagnée par les tenants du pouvoir. Les affrontements sont quasi quotidiennes entre les rebelles qui ont pignon sur rue dans la capitale et les populations civiles. Samedi encore, un cortège funèbre qui a refusé de céder le passage à des soldats rebelles, a essuyé des coups de feu.
L’incident a provoqué au moins un mort. La cohabitation déjà difficile entre les nouveaux maîtres de Bangui que sont les éléments du Séléka et la population, glisse de plus en plus vers un conflit inter-religieux. En effet les Chrétiens accusent les rebelles dont nombreux seraient des musulmans, de cibler particulièrement leurs biens. Le saccage de la cathédrale aux premières heures de l’entrée des rebelles dans la capitale, conforte nombre de fidèles chrétiens que les hommes de Djotodia veulent en découdre avec eux. Hier dimanche encore, un obus a atterri sur une église baptiste tuant 7 personnes et blessant plusieurs autres dont le pasteur. L’autre priorité du nouveau dirigeant centrafricain est économique. Comment trouver les ressources financières pour revitaliser une économie exsangue?
Pour y parvenir, la Centrafrique doit d’abord sortir de l’isolement diplomatique dans lequel les pays occidentaux l’ont mis depuis le coup d’Etat. Le «vernis institutionnel» dont la CEEAC a recouvert le pouvoir de Djotodia va t-il convaincre l’Union européenne et les autres bailleurs de fonds à reconsidérer leur position vis-à-vis de Bangui?
Tout dépendra des premiers pas du nouveau régime tant au plan du respect des libertés, de la bonne gestion des ressources du pays que du respect des engagements internationaux. Michel Djotodia et son premier ministre Nicolas Tyangaye sont donc très attendus sur ces différents chantiers. C’est leur capacité à bien gérer le pays, qui va motiver les institutions financières à leur ouvrir les vannes.
Charles d’Almeida in L’Inter
Mon, 15 Apr 2013 04:44:00 +0200
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