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    La Liberté d'Informer

    Soliloque d’une citoyenne, sur la tragédie que vit le peuple ‘‘Wê’’ depuis une décennie

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Nov 20, 2021

    Selon une récente note secrète du cabinet de conseil en gestion de crise, prévention des risques de crises hotline et assistance médicale et sécuritaire « Odyssey West Africa», «le régime de Ouattara taille une armée, une police et une gendarmerie sur mesure (…) La méfiance est de mise et l’on nomme à tous les postes stratégiques des hommes du Nord du pays (…) Aujourd’hui, force est de constater et d’admettre que les FRCI qui sont censées être la nouvelle armée ivoirienne font plus penser à une bande armée hors-la-loi qu’une Institution de défense républicaine».

    A l’Ouest, l’alibi de la «sécurisation de la zone» par l’armée de Ouattara connait des limites. Le peuple Wê est tout simplement le bouc-émissaire dans cette histoire. Selon RFI, la plupart des villages le long de la route frontalière avec le Liberia se sont vidés à cause des violences. «C’est un silence inquiétant qui règne à Saho. Le village a été en partie brûlé, en partie pillé, les boutiques sont désespérément vides, comme celle d’Alexis où il ne reste que quelques boîtes d’allumettes et des sachets de sel».
    Si la sécurité s’est améliorée au bord des routes, ce n’est pas le cas dans les forêts où travaillent ces agriculteurs. Alexis cache son désarroi derrière l’humour : « Dans le champ, c’est sûrement Dieu qui nous protège. On remet notre village dans la main de Dieu parce qu’il faut forcément aller en brousse. C’est notre lieu de travail. On est obligés.» A Tieleoula, comme partout dans cette zone, les autochtones Wobè (encore appelés Wê) ont fui depuis la crise postélectorale. Soupçonnés d’être complices des auteurs des attaques, ils ont peur de la vengeance de ceux qu’on appelle «les étrangers», venus cultiver les terres de l’ouest et désormais majoritaires. «Les étrangers disent que nous avons une entente avec nos frères du Liberia, que ce sont nos frères qui viennent les attaquer, raconte l’adjoint du chef du village…»
    Fin du reportage, mais pas la fin des meurtrissures à l’Ouest. Le peuple Wê vit l’exil, la destruction des biens mobiliers et immobiliers, la dépossession de son territoire historique. Les villages et les quartiers Wê sont systématiquement vandalisés, attaqués, massivement pillés et incendiés, en atteste les épouvantables massacres de 2002, 2003, 2005 et 2011. La moitié au moins des autochtones Wê sont réfugiés à travers le monde (Liberia, Guinée, etc.), traqués dans les forêts ou terrés dans des camps improvisés autour d’institutions chrétiennes (missions catholiques ou protestantes). Les Wê sont régulièrement victimes des “éléments incontrôlables et incontrôlés des FRCI” (terminologie propre à l’ONU).
    Refuser de se taire comme Stephan Oberreit. Le directeur général d’Amnesty International France s’interroge sur la passivité de l’Onuci, dont la mission est pourtant de protéger les populations civiles : «Les Guéré ou Wê étaient pris pour cible». Monde- le 25 mai 2011 Côte d’Ivoire. «Au regard de sa mission, on peut se poser des questions sur le manque de réactivité de l’Onuci. Les forces en présence, loyales à Laurent Gbagbo ou soutenant le président Ouattara, ont attaqué des populations. Si ces forces avaient la volonté et la capacité de protéger les populations, la communauté internationale n’aurait pas déployé 10 000 casques bleus en Côte d’Ivoire, avec un mandat de protection des civils».

    Le viol comme arme de guerre

    Une femme habitant Duékoué raconte la prise de la ville par les forces pro-Ouattara : « Le lundi (28 mars 2011), les FRCI ont eu facilement le dessus sur les FDS. Ceux-ci ont vite déserté la ville en abandonnant les civils, nous étions sans aucune protection. Le lendemain, les FRCI et les Dozos ont pénétré dans le quartier Carrefour, ils sont entrés dans les cours et ont chassé les femmes. Puis ils ont demandé aux hommes et aux jeunes de s’aligner et leur ont demandé de décliner leurs prénoms et noms et de présenter leur carte d’identité. Puis ils les ont exécutés. J’ai assisté au tri qu’ils opéraient ; trois jeunes hommes, dont un âgé d’une quinzaine d’années, ont été tués par balles devant moi.»
    Certaines femmes ont été détenues durant plusieurs jours et violées à de multiples reprises. Une des victimes raconte : « Le mardi 29 mars, j’étais avec les vieux dans une maison du quartier Carrefour quand la porte a été fracassée. Des hommes portant des treillis nous ont demandé de sortir pour retrouver un groupe de gens. Ils voulaient nous tuer, mais un autre a déclaré qu’ils avaient besoin de femmes. Un groupe comprenant huit femmes et huit enfants (quatre fillettes et quatre garçons) a été rassemblé. (…) Nous avons été regroupés dans une maison. Un d’entre eux a pris un couteau et a menacé de me tuer si je ne couchais pas avec lui. Il a déchiré mes vêtements et m’a violée devant tout le monde. Les autres femmes qui se trouvaient dans la maison ont été violées de la même manière et en public. Pendant qu’ils violaient les femmes, certains proféraient des insultes et hurlaient contre les Guérés : “On va tous vous tuer, les Guérés, ensuite on va marier vos femmes et on prendra vos terres ”.»
    Après de violents combats, la ville est passée, dès le 29 mai, sous contrôle total des FRCI, héritières des Forces nouvelles de Guillaume Soro. Ces combattants pro-Ouattara ont alors ouvert une véritable chasse à l’homme, ciblant les hommes d’ethnie guéré, réputés proches de Laurent Gbagbo. Des hommes ayant fui en brousse racontent que des chiens ont été lancés à leurs trousses par les FRCI et les Dozos, ces chasseurs traditionnels du Nord enrôlés dans l’offensive. Toutefois, si un Guéré pouvait apporter la preuve de son allégeance à Alassane Ouattara, il était épargné. Le document compile, enfin, des témoignages effroyables sur l’usage des violences sexuelles et du viol comme armes de guerre.

    Agir pour que cesse l’impunité et que le droit soit dit partout.

    A ce jour, aucun des suspects incriminés pour ces massacres ne semble avoir été désarmé, interrogé ou inquiété. Amnesty International s’en étonne d’ailleurs car Amadé Ouéremi, ressortissant du Burkina Faso a été accusé par l’ONU (rapport du 10 mai 2011) d’être le chef des Dozos qui auraient commis le massacre du quartier Carrefour. Il commande toujours ses Dozos. Les autres chefs des FRCI qui ont pris Duékoué, Losseni Fofana et Eddy Medy (rapport HRW), ont été promus dans l’Armée et continuent de faire régner la terreur parmi les populations autochtones Wê. Les médias parlent souvent de «génocide» des Wê, lié à une volonté manifeste d’exproprier les autochtones de leurs biens et de repeupler cet espace d’étrangers, qui deviendraient numériquement majoritaire, économiquement puissants, donc politiquement incontournables.
    Ce schéma a été observé dans des endroits de l’Europe de l’Est et même ailleurs en Afrique. La Côte d’Ivoire sous Ouattara saura-t-elle éviter à ses enfants le drame bosniaque (Bosnie Herzégovine) ou rwandais? Il importe d’interpeller la Communauté nationale et internationale sur les dérives du sieur Soumahoro Amadou, porte-parole du RDR, parti au pouvoir et conseiller d’Alassane Ouattara, qui soutient que «l’ouest sera nettoyé et désinfecté.» Alors, je m’interrogerais, à l’instar d’autres observateurs avisés : Qui sont ces insectes et ordures de l’Ouest qui seront anéantis? A l’évidence ce sont ces Wê, pro-
    Gbagbo, ces hommes et ces femmes à abattre parce qu’ils dérangeraient le pouvoir en place. Précisons déjà que ce même Amadou Soumahoro avait avoué que tous ceux qui s’opposent à Ouattara vont au cimetière. Il est donc dans sa logique lorsqu’il décide de « désinfecter ou nettoyer l’Ouest.» Pour des sachants à prendre au sérieux, cette phrase annonce une politique d’épuration mise en oeuvre par le parti du chef de l’Etat Ivoirien.

    Rappel et rapprochement avec le cas Rwandais.

    L’esprit du génocide rwandais, avait mis en avant un mot : «les cafards». «Les cafards», c’était le mot utilisé pour désigner les Tutsis, opposants au régime de Kigali. Lorsque l’occasion s’est présentée, précisément après le crash de l’avion qui transportait le Président Habyarimana, le plan d’extermination des «cafards» Tutsis fut mis en oeuvre. Les Hutus décidèrent de «désinfecter» le Rwanda de tous ces «cafards, ces insectes.» Ce pays connut en près de 90 jours plus d’un million de morts. Le terme «cafard» est un terme péjoratif qui invitait tous les Hutus à considérer les Tutsis comme des insectes qui ne méritent rien d’autre qu’un coup d’insecticide, un nettoyage, un acte de salubrité publique.
    Si en Côte d’Ivoire, le porte-parole du Rdr (parti au pouvoir) n’a pas osé utiliser le même terme qu’au Rwanda, il n’en demeure pas moins que l’esprit demeure le même. Quand Soumahoro Amadou parle de «nettoyer» et «désinfecter», il parle de balayer les ordures et tuer les insectes. Appliqué à l’espèce humaine, comment cela se manifeste-il ? Tuer ceux qui sont présentés par le pouvoir, à la télévision, dans leurs journaux, lors de leurs déclarations, comme les ennemis. Et ceux-là, Soumahoro les appelle FPI et pro-Gbagbo, dans le cas de l’ouest ce sont les Wê. C’est ce que prévoit certainement leur plan que le volubile «Soumahoro cimetière » vient de dévoiler.
    Déjà, les enlèvements, les tortures, les tueries ont commencé. Un échantillon de la liste a été fourni à la télévision. Selon des témoins, ce ne sont que des préliminaires. Le grand «nettoyage» et la «désinfection» sont au laboratoire. Bientôt les ordures et les insectes « pro-Gbagbo » et Wê n’existeront plus. Nous devons tous abandonner la posture du singe mythique qui ne voit, n’entend ni (ne) parle. Cette façon de faire est préjudiciable à la réconciliation. A preuve, comme lors du massacre de Srbrenitza en Bosnie, des forces de l’ONU étaient présentes et lors de la grande tuerie de Duékoué en Côte d’Ivoire, ces mêmes forces étaient encore présentes et n’ont rien fait pour protéger les civils. Ce massacre a fait suite à beaucoup d’autres.

    En effet, la première vague de massacre des Wê a eu lieu entre novembre 2002 et mars 2003, faisant environ 7000 à 10000 victimes dans tout le pays Wê à l’exception de la ville de Duékoué qui avait été protégée à l’époque par les forces françaises de la Licorne. C’est pourquoi Duékoué abritait des milliers de réfugiés Wê qui avaient fuit la mort certaine par balle ou par machette de la zone sous le contrôle de la rébellion de Guillaume Soro, mais qui étaient confrontés à une mort certaine par manque de soins ou de nourriture.
    Il y a eu ensuite une période d’anarchie et de massacres interethniques entre la milice d’autodéfense Wê et les miliciens venus du Nord de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso (Dozos). Cette période a été marquée par le massacre de Guitrozon et de petit Duékoué en 2005, au cours duquel 140 Wê ont été exterminés pendant leur sommeil. L’armée ivoirienne stationnée à Duékoué s’est montrée incapable d’arrêter la spirale des violences commises par ces miliciens entre 2003 et 2010. Elle n’a pas participé à ces crimes, mais a joué le rôle de force d’interposition pour en limiter l’ampleur.
    Ainsi, en janvier 2011, les Dioulas, partisans de Ouattara ont tué une trentaine de personnes et incendié près de 300 maisons d’un quartier Wê en représailles au meurtre d’une femme dioula, commis d’après eux par des «coupeurs de route» Wê. L’administration et l’armée de Gbagbo ont empêché les contre-représailles des miliciens Wê et ont engagé un dialogue entre les communautés rivales. Lors de cet incident, plusieurs milliers d’habitants Wê se sont réfugiés à la mission catholique qui était donc un camp de réfugiés Wê sur leurs propres terres avant la prise de cette localité par les rebelles de Guillaume Soro. Il est clair que, avant le début de la guerre, le peuple Wê était partagé entre une moitié de pro-Gbagbo et une autre moitié qui se reconnaissait dans d’autres partis (PDCI, PIT, UDPCI,) qui ont rejoint Ouattara dont le parti compte aussi des militants Wê pour former l’Alliance des Houphouëtistes (RHDP). C’est seulement le massacre et l’épuration ethnique dirigés contre les Guéré qui ont déterminé une forte mobilisation de ces derniers en faveur de Laurent Gbagbo.

    Le conflit foncier, moteur local de l’épuration ethnique
    Le massacre des Wê depuis 2002 et les neuf ans de troubles qui ont suivi ont permis une appropriation excessive des terres par les immigrants venus des pays au Nord de la Côte d’ivoire ou de la sous-région. Les conflits fonciers préexistant depuis les années 80 sont donc le terreau qui a permis à la politique de terreur de trouver des relais locaux complaisants parmi les populations immigrés, locataires des terres.

    L’installation abusive des allogènes et allochtones

    En effet, ces populations allogènes et allochtones installées à l’ouest soit, dans des forêts classées avec l’onction des barons, soit sur de grandes superficies accaparées par ces politiques au détriment des propriétaires coutumiers. Il a été donné de voir par exemple des villages V1 V3 V4…. qui ont été créés et dont les densités dépassent celles des populations d’origine.
    Le village cosmopolite de Dibobly à Duékoué illustre bien cette situation. Ainsi, par petites colonies financées d’avance, des villages satellites sont nés, absorbant littéralement les autochtones. Pis, pour légitimer l’installation abusive de ces populations par les hommes politiques d’alors, un slogan politique a été inspiré par le Président Houphouët selon lequel «la terre appartient à celui qui la met en valeur». Ce, sans se soucier des propriétaires des terres déclarées ainsi sans maître et, bien entendu, pour étouffer quelques velléités de contestations possibles.
    Rappelons également que toutes les autorités administratives, militaires et paramilitaires affectées à dessein à la tête des circonscriptions et départements Wê (Préfets, Sous-préfets, Commandants de Brigade, Commissaires de police…) étaient toutes acquises au respect et à l’application de ce slogan politique. Un slogan ayant force de loi pour le bien-être et pour la protection d’abord des allochtones Baoulé, expropriés eux aussi par Houphouët Boigny dont profiteront ensuite tous les autres allogènes ou étrangers. Les populations allogènes, témoins de quelques différends fonciers entre autochtones et allochtones n’ont pas cherché longtemps pour réaliser la perméabilité et la permissivité du peuple Wê dont on peut aisément abuser car la résolution dubitative de ces conflits par les autorités manifestement aux dépens des autochtones (certainement en application du fameux slogan-loi) ne pouvait avoir comme conséquence que cette déconsidération. Exemple le conflit foncier entre Burkinabè et Guéré à Yorozon en 1984 et celui entre Baoulé et Guéré à Fengolo en 1995, toujours à Duékoué.

    La goutte d’eau qui fait déborder le vase

    Après l’attaque perpétrée dans le village de Diéhiba à quelques kilomètres de Guéhibly (Duékoué) ayant fait 4 morts et 14 blessés dans la nuit de dimanche à lundi 18 juin 2012 (Le Temps du mardi 19 juin 2012), le village est toujours aux mains des Dozos (milice proche du pouvoir).
    Selon les témoignages des habitants, cette attaque a fait suite à une dénonciation d’un ressortissant Béninois, fiancé à une fille du village avec laquelle il gère un maquis. Ce Monsieur aurait été victime 2 mois auparavant de coupeurs de route. Le 10 Juin 2012, un jeune homme dont la mère est originaire de Diéhiba est venu voir ses parents maternels.
    Le Béninois, au lieu de se renseigner auprès de sa famille d’accueil pour en savoir plus sur ce dernier, a préféré faire appel aux agents des Frci en poste à Guéyébly en leur signalant la présence d’un milicien dans le village. Pour sa part, ce jeune homme qu’il n’avait jamais vu parmi les autres jeunes depuis son arrivée à Diéhiba, serait un milicien pro-Gbagbo en cavale venu chercher refuge. Il est à signaler que depuis la crise post-électorale, la moitié de la population n’est toujours pas de retour. Je me demande d’ailleurs comment un allogène accueilli malgré le contexte actuel, puisse se permettre d’identifier des gens chez eux?
    A bord d’un 4×4 et armés jusqu’aux dents, les Frci débarquent alors et se mettent à arroser tout ceux qui se trouvaient dans le maquis comme ils savent si bien le faire. Les premières victimes furent les 2 frangins de sa femme. Ensuite la soeur cadette de cette de même femme et surtout handicapée, fut violée par toute la bande qui lui ampute sa jambe en bon état (quelle cruauté !). Les 2 autres victimes et les blessés sont de différentes familles et c’est dans cette débandade que certains ont pu alerter le préfet de Duékoué et les Casques bleus.
    A leur arrivée sur les lieux, ces autorités locales proposent aux populations, l’assistance des Dozos, ce qui a été catégoriquement refusé par les villageois. A cet instant, les Dozos, selon toujours les mêmes témoignages, ont bloqué l’entrée et la sortie du village au motif que ce village, non seulement n’abrite pas d’allogènes, mais refusent leur service, alors ils doivent donc s’expliquer. La question aujourd’hui, c’est de savoir au nom de quoi l’Etat de Côte d’Ivoire peut confier la sécurité d’une population à des Dozos? Quel est donc désormais le statut de ces chasseurs traditionnels du nord pour que l’Etat les laisse prendre en otage un village? Viennent-ils se substituer à la gendarmerie? A la police? A l’armée dite républicaine ? Seraient-ils plus outillés et plus équipés que ces institutions de la puissance publique? Pourquoi les Dozos ne veulent-ils voir ni la gendarmerie, ni les Frci, ni personne d’autre que leur confrérie à Diéhiba depuis plusieurs jours?
    Pourquoi face à une telle situation, où les populations ne peuvent rentrer chez elles, d’autres étant en brousse, les autorités ne disent rien? Qu’ont fait les populations de Diéhiba (Duékoué) pour que le pouvoir les abandonne à l’autorité archaïque des Dozos? Pourquoi les éléments des Frci incriminés, ni ce Béninois ne sont interrogés, ni mis aux arrêts pour besoin d’enquête et ils continuent de vaquer à leurs occupations à Guéyébly comme si de rien n’était?
    Pourquoi dans un pays aussi essentiel que la Côte d’Ivoire, les autorités locales, préfectorales, n’ont trouvé de solution aux problèmes sécuritaires des habitants de Diéhiba que celle des Dozos, chasseurs traditionnels? Les Wê n’ont plus le droit d’être chez eux, à Duekoué, chez eux, à Bangolo, chez eux, à Toulepleu, chez eux à Taï, chez eux à Guiglo, chez eux à Bloléquin, chez eux à Kouibly ou chez eux à Facobly et partout où ils avaient un chez eux, en Côte d’Ivoire. Ils n’ont pas le droit d’entrer à Abidjan pour trouver refuge. Ils n’ont plus le droit d’être refugié au Libéria, au Ghana, au Togo, encore moins en Côte d’Ivoire. Sont-ils dès lors condamnés à errer comme des hommes sans terre ni origine?
    Je ne sais pas combien ils sont. Ils ont été tués en 2000, en 2002, en 2003, ils ont été tués en 2004. A ces chiffres macabres, il faut ajouter une multitude massacrée en 2005, sans oublier la tragédie de Duekoué-Carrefour et ses environs et aussi les morts d’ hier, d’avant-hier, et d’aujourd’hui, puis encore de demain : un Guéré (Wê) tombera, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Abandonné, et seul face à la mort, comme si mon peuple a été choisi pour un autre holocauste pour le 21è siècle.
    Mesdames et Messieurs les humanistes, dépositaires de la civilisation, héritiers du siècle des lumières, épris de paix, d’amour et du respect des droits de l’homme, la Côte d’Ivoire vous regarde, son peuple vous attend : Agissez et maintenant pendant qu’il est encore temps, pour sauver les Wê du génocide en cours.

    Martine Kéi Vao
    Présidente de l’ARDEFE. (Association des ressortissants de Duékoué en France et en Europe)

    Fri, 13 Jul 2012 18:03:00 +0200

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