Triple humiliation de Patrick Achi – Bédié très fâché contre Ouattara

Apparemment le communiqué du récent Bureau politique du Pdci et la déclaration de Djédjé Mady sur les antennes d’Onuci Fm à propos d’une candidature indispensable du Pdci à l’élection présidentielle de 2015 n’en finissent pas d’irriter le Rdr, son gourmand allié au sein du Rhdp. Ces deux événements ont eu pour conséquence d’ouvrir les yeux du parti au pouvoir sur le danger que représentera le Pdci pour la réélection du chef de l’Etat en 2015, si Bédié, définitivement «forclos» pour parler comme KKB, n’arrivait pas à imposer la discipline au sein de sa formation politique. Et qu’il laissait les ambitions présidentielles de « ceux qui pensent au Pdci que 2015 sonnera leur heure », s’exprimer librement. Devant la menace qui se profile donc à l’horizon, le Rdr a décidé de prendre des mesures par anticipation. Et ces mesures sont d’une rationalité machiavélique, la fin justifiant les moyens. Elles consistent à identifier les cadres du Pdci qui, de par leur position dans leur gouvernement ou dans des sociétés d’Etat, pourraient constituer une source de financement pour ce parti. Et les républicains n’ont pas mis longtemps à identifier le premier gros bailleur de fonds du vieux parti. Qui n’est autre que le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, comme chacun le sait. Depuis, ce ministre « malheureux », par une simple information orale non encore formalisée par un document écrit, a été dépouillé de 85% de ses prérogatives, comme « L’Eléphant » l’a raconté dans son édition N°64 du vendredi 15 juin 2012. En effet, dans l’après-midi du mercredi 13 juin, juste après le conseil des ministres, Patrick Achi a été convoqué au bureau du chef de l’Etat. Là, il avait trouvé le président en compagnie du directeur général du Port d’Abidjan, Hien Sié, ainsi que quelques-uns de ses collaborateurs. Et sans autres formes de procès, le chef de l’Etat avait mis le ministre des Infrastructures économiques devant le fait accompli : «Le port d’Abidjan, le port de San Pedro, les Chemins de fer, l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny, ne sont plus sous ta tutelle technique. Ils sont transférés, à compter d’aujourd’hui, au ministre des transports, Gaoussou Touré». Aucune espèce d’explication n’avait suivi cette annonce et Patrick Achi était reparti dans son ministère, du moins ce qu’il en reste, la mort dans l’âme. Première humiliation. C’est qu’avec la future concession du deuxième terminal à conteneurs du Port d’Abidjan, il y aura beaucoup d’argent à gérer de ce côté et il ne faut surtout pas, dans la perspective de 2015, laisser un cadre du Pdci, qui plus est, un bailleur fonds, ramasser un bon pactole au passage. Il y aura également la rénovation des Chemins de Fer. Selon les informations de « L’Eléphant », c’est un projet auquel tient énormément le chef de l’Etat et qui devrait engloutir pas moins de 1500 milliards de FCFA. C’est donc un danger de laisser Patrick Achi voir passer tout cet argent. Gaoussou Touré du ministère des transports qui est de la maison Rdr, est donc plus sûr pour veiller sur les « billes » du parti présidentiel. Pas besoin d’avoir les compétences de Patrick Achi pour pouvoir veiller sur des « billes ». Dans les jours qui ont suivi cette humiliation, Patrick Achi est allé se lamenter devant des membres de la haute direction de son parti. Sans manquer d’exprimer son étonnement devant le silence de la direction face aux « misères » que le Rdr faisait à titre personnel et aussi à des cadres « compétents » du Pdci. Très émues, ces hautes huiles sont allées voir le « prince » de Daoukro, chef incontesté du vieux parti, Henri Konan Bédié, pour lui expliquer par le menu, le tort fait à Patrick Achi. Selon nos sources, le « prince » de Daoukro serait entré dans une immense colère et aurait pris la résolution de « dire deux mots » à son « petit frère » qui vit au château. « Bédié a trouvé que ça commence à bien faire. Il n’y a pas longtemps, Koné Bruno du ministère de la Poste et des Télécommunications a dégommé, pour couvrir ses propres magouilles, le directeur général de l’Atci, sans que Bédié avec l’accord de qui Ouattara a nommé ce cadre depuis le Golf hôtel, n’ait été informé. Or, le directeur général de l’Atci est très proche de Bédié. Et Bédié n’a pas du tout apprécié cela. Il l’a exprimé à Bilé Diéméléou, cadre du Pdci à la retraite que Koné Bruno a utilisé pour sauver sa face en le nommant à la tête de l’Atci. Et voilà que maintenant c’est Patrick Achi qu’on humilie en lui retirant quasiment l’ensemble de tout ce qui donne du sens au ministère des Infrastructures économiques. Si ce n’était pas parce qu’il est au gouvernement au nom du Pdci, Patrick Achi aurait déjà démissionné de ce ministère ». A confié à « L’Eléphant », un ministre du vieux parti. Eh bien manifestement le Rdr n’a que faire de la colère de Bédié. Parce que les humiliations se succèdent pour Patrick Achi. Dans les jours à venir, selon nos sources, il devrait également perdre la tutelle administrative qu’il exerce sur la Sodeci (société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire) et l’Onep (office national de l’eau potable). Rien que du plaisir ! Comme par hasard, le directeur général de cet Office a annoncé le samedi dernier, un investissement de 652 milliard que l’Etat s’apprête à faire pour permettre aux Ivoiriens d’avoir accès à l’eau potable. Ça ne s’arrête pas… A la formation du gouvernement en juin 2011, le chef de l’Etat avait demandé à Patrick Achi de mettre à profit ses bonnes relations avec les bailleurs de fonds, notamment arabes, pour mobiliser des fonds devant servir en urgence à la réfection de près de 5000 kilomètres de route. En s’appuyant sur l’Ageroute (agence de gestion des routes), une autre structure placée sous sa tutelle, de nombreux appels d’offres ont été lancés pour sélectionner les entreprises devant intervenir dans l’exécution des travaux. Ce qui a permis à Patrick Achi, sur la base des offres financières faites par les entreprises sélectionnées par l’Ageroute, d’avoir une idée claire des montants à mobiliser. Et il s’est mis au boulot avec dans son dos, le chef de l’Etat qui lui mettait une forte pression. Parce qu’il tient absolument à ce que les routes fassent peau neuve avant la fin de son mandat qui est déjà largement entamé. Il n’en reste plus que deux petites années plus une petite moitié. Eh bien, avec succès, Patrick Achi a mobilisé les moyens nécessaires pour démarrer les travaux. Sauf que, au moment où il s’apprêtait à aller annoncer la bonne nouvelle au chef de l’Etat, l’Ageroute au sommet de laquelle sévissent de nombreux cadres du Rdr, lui apprend qu’elle a oublié de lui signaler que les montants qu’elle lui a communiqués et qu’il a déjà réussi à mobiliser ne sont pas exacts. Il en manque encore. Environ 30 milliards. Et sans ces 30 milliards de FCFA, inutile de démarrer les travaux, si c’est pour qu’ils s’arrêtent en cours d’exécution pour défaut de financement. Patrick Achi tombe des nues. Comment l’Ageroute a-t-elle pu se tromper dans ses calculs ? Et lui qui, en s’appuyant sur ces chiffres a déjà obtenu l’accord des partenaires financiers ? Peut-il encore les recontacter en disant qu’il s’est trompé comme un nigaud dans ses calculs ? Impossible. Il faudra trouver ces 30 milliards à l’interne. Patrick Achi part donc voir le chef de l’Etat. Avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est qu’il a réussi à mobiliser l’argent qu’il pensait nécessaire pour démarrer et achever les travaux. La mauvaise, c’est que selon l’Ageroute, il manque encore 30 milliards sans lesquels rien ne peut démarrer. Et vu le temps qui reste avant la fin du mandat, la meilleure solution est de trouver l’argent en interne. Réaction du chef de l’Etat ? A peu près ceci : « Achi, débrouille-toi. Où veux-tu que je trouve 30 milliards ? Arrange-toi, je veux que ce projet soit mené rapidement à son terme… » Fin du débat. Deuxième humiliation. En réalité, selon nos sources, « l’Ageroute a volontairement omis de communiquer le montant exact au ministre. Ils ont décidé d’empêcher Patrick Achi de réussir sa mission. On lui jette constamment sous les pieds des peaux de banane… » On lui jette des peaux de banane sous les pieds ? Qui « on » ? Allez savoir… Mais le chemin de croix pour Patrick Achi continue. 28 juin 2012. Deux jours après l’annonce de la nouvelle de l’année, c’est-à-dire l’obtention du point d’achèvement de l’Initiative Ppte. A Paris, le ministre de l’Economie et des finances, Diby Koffi Charles, représentant l’Etat de Côte d’Ivoire, « a paraphé avec les prêteurs et les actionnaires les conventions de bouclage de financement du projet de construction du pont Reviera-Marcory, dénommé « pont Henri Konan Bédié ». La construction de ce pont, comme chacun le sait, va coûter officiellement la bagatelle de 124,6 milliards de FCFA hors taxes. Cet argent ne vient pas des caisses ivoiriennes. C’est pour cela que l’exploitation de ce pont a fait l’objet d’une concession d’une durée de 30 années à la société Socoprim, filiale du groupe Bouygues. Mais les 124,6 milliards hors taxe (environ 147 milliards TTC), c’est juste pour la construction du pont. Mais le pont s’accompagnera de deux échangeurs dont un à cocody et l’autre à Marcory sur le boulevard Giscard d’Estaing qui comprendra trois niveaux. Et c’est la Côte d’Ivoire qui payera la facture de la construction de ces deux échangeurs. Pendant les négociations, Patrick Achi qui pilote le projet avait demandé à Bouygues de construire ces deux échangeurs. Lequel a décidé de sous-traiter cette partie des travaux en faisant intervenir des opérateurs privés se trouvant en Côte d’Ivoire, qu’il recrutera lui-même par un appel d’offres qui sera organisé à partir de septembre. Le mois de septembre est jugé trop lointain par Patrick Achi mais au final, un accord est trouvé. Sauf que quand Bouygues présente la facture des deux échangeurs, le ministre qui connaissait déjà les offres faites par les opérateurs choisis par Bouygues, manque de s’étrangler. Il y a près de 20 milliards de plus. Alors il décide d’écarter Bouygues et de confier directement le marché à des opérateurs choisis par son ministère. Colère du bétonneur français qui menace de tout laisser tomber. Des coups de fil sont passés. Finalement, Patrick Achi décide, pour minimiser les coûts, de réduire à deux, les niveaux de l’échangeur de Marcory, le plus coûteux des deux. Mais à Paris le 28 juin 2012, avant que le ministre Diby n’appose sa signature sur les conventions de bouclage de financement pour le compte de l’Etat de Côte d’Ivoire, Patrick Achi réalise que Bouygues a fait une facture prenant en compte non pas deux niveaux, mais trois niveaux pour l’échangeur de Marcory. Le coût, évidemment, est insupportable pour les caisses de l’Etat. Il s’oppose donc à la signature des conventions tant que Bouygues ne diminue pas le coût. La situation est bloquée. Finalement le bétonneur français accède à la demande du ministre. Une réduction de 800 millions de FCFA est donc faite. De nouveau Diby Koffi s’apprête à signer. Stop ! Quelque chose ne tourne pas rond ! A quel pourcentage de réduction peuvent bien correspondre ces 800 millions ? Patrick Achi qui trouve ce montant insignifiant, sort sa calculette et refait les calculs. Tiens, mais quelle surprise ! Bouygues a appliqué le pourcentage de réduction, non pas sur la facture finale de 2012, mais sur celle de 2010 arrêtée sous le gouvernement de Gbagbo. Or, entre 2010 et 2012, il y a eu un renchérissement des coûts. Devant ce dol, Patrick Achi pique une colère et refuse d’apposer sa signature au bas du contrat. Il demande à Diby Koffi d’en faire autant. Pris la main dans le sac, Bouygues ne sait où donner de la tête mais refuse de faire une réduction sur la facture de 2012. Tout est alors bloqué. Mais au moment où Diby et Achi s’apprêtent à quitter la salle, Achi reçoit un coup de téléphone venu du «ciel». «Achi, ça suffit. Signez !», lui ordonne la voix au bout du fil. Avalant difficilement la couleuvre, Patrick Achi signe tous les documents sans plus poser la moindre question. Sous les yeux ébahis de Diby Koffi Charles, surtout que les deux échangeurs ne coûteront aux Ivoiriens que la modique somme de 40 milliards. Troisième humiliation. Question : combien de couleuvres du Rdr Patrick Achi pourra encore avaler avant la fin de l’année ? Les paris sont ouverts à au siège de « L’Eléphant Déchaîné. »

ASSALÉ TIÉMOKO in L’Eléphant Déchainé

Tue, 03 Jul 2012 21:39:00 +0200

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