Trois activistes kurdes assassinées à Paris

Reuters/Reuters - Membres de la communauté kurde devant le Centre d'information du Kurdistan, à Paris, où les corps de trois activistes kurdes d'origine turque ont été retrouvés dans la nuit de mercredi à jeudi. Des responsables de la communauté relient ces assassinats à la relance du processus de paix entre Ankara et les Kurdes. /Photo prise le 10 janvier 2013/REUTERS/Christian Hartmann
Les corps de trois activistes kurdes d’origine turque ont été retrouvés dans la nuit de mercredi à jeudi à Paris, des assassinats reliés par les responsables de la communauté à la relance du processus de paix entre Ankara et les Kurdes.

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, qui s’est rendu jeudi dans l’enceinte du Centre d’information du Kurdistan où se sont déroulés les faits, a déclaré que les victimes avaient "sans doute été exécutées".

"Les brigades de l’anti-terrorisme et de l’anti-criminalité sont mobilisées pour faire toute la lumière sur cet acte tout à fait insupportable", a-t-il déclaré.

En visite près de Bordeaux, François Hollande a dénoncé l’assassinat "horrible" des trois femmes dont l’une était une connaissance du président de la République.

Quelque 200 Kurdes se sont rassemblés dans la matinée devant l’immeuble, scandant des slogans favorables au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et brandissant pour certains des drapeaux à l’effigie du dirigeant kurde Abdullah Öcalan emprisonné en Turquie.

"C’est un crime politique, il n’y a pas de doute", a déclaré Remzi Kartal, président du Congrès du peuple du Kurdistan.

"Öcalan et le gouvernement turc ont entamé un processus de paix, ils veulent dialoguer mais il y a des partis qui sont contre la résolution de la question kurde et veulent saborder le processus de paix", a-t-il ajouté via son interprète.

En visite au Sénégal, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a mis en garde contre toute spéculation.

"Il nous faut être patient et attendre que les autorités fassent la lumière sur cet incident. Il pourrait s’agir d’un règlement de compte interne (au sein du PKK) ou d’une provocation pour tenter de perturber nos efforts de bonne volonté pour avancer" dans le cadre du processus de paix", a-t-il déclaré, selon l’agence de presse Anatolie.

NÉGOCIATIONS EN TURQUIE AVEC LE PKK

L’ancien ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, a estimé que cette relance du processus de paix permettait pratiquement d’exclure une implication de la Turquie dans les meurtres.

"Je suis à peu près certain que les services turcs ne sont pour rien dans cette affaire", a-t-il dit sur i>TELE.

Les victimes de l’attaque sont Sakine Cansiz, une cadre du PKK âgée d’une cinquantaine d’années, Fidan Dogan, 28 ans et représentante du Congrès national du Kurdistan (KNK), basée à Bruxelles et Leyla Soylemez, une jeune activiste de 25 ans, selon une source policière et des militants.

Selon une source proche de l’enquête, les trois femmes ont été touchées au moins par une balle à la tête. L’arme du crime aurait été munie d’un silencieux, selon l’agence de presse Firat, réputée proche du PKK.

"Des collègues ont découvert des traces de sang sur la porte. Quand ils ont forcé la porte, ils ont découvert les corps des trois femmes exécutées", a précisé à Firat Mehmet Ulker, qui dirige la Fédération des associations kurdes de France.

Selon plusieurs témoignages de membres de la communauté kurde, Sabine Cansiz était la principale visée en tant que co-fondatrice du PKK emprisonnée en Turquie pendant plusieurs années avant de venir se réfugier en France et de ce fait devenue une figure emblématique du mouvement kurde.

"Elle s’occupait de transmettre des informations sur ce qui se passait en Turquie, elle dénonçait les arrestations arbitraires, les meurtres non élucidés" de Kurdes en Turquie, confie un membre de l’Académie arts et culture du Kurdistan qui a requis l’anonymat.

DES MILITANTES "PACIFISTES"

Les trois femmes sont présentées par les membres de la communauté comme des militantes pacifistes de la cause kurde.

Fidan Dogan "a consacré toute sa vie au respect du peuple kurde pour trouver une solution pacifique à la question kurde", indique ainsi Renée le Mignot, co-présidente du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

"Elle ne parlait jamais de menaces mais elle savait qu’elle était menacée, ce qui explique pourquoi elle n’était jamais seule. Le fait est qu’elles sont trois militantes du mouvement kurde et elles sont tuées au moment où il y a une lueur d’espoir dans le processus de paix. Il fallait y mettre un terme."

Le PKK, considéré comme une organisation "terroriste" par Ankara, les Etats-Unis et l’Union européenne, est tenu par les autorités turques pour responsable de la mort de plus de 40.000 personnes depuis qu’il a pris les armes en 1984 afin d’obtenir un statut d’autonomie pour les Kurdes de Turquie, essentiellement présents dans le sud-est du pays.

Le dirigeant du PKK, Abdullah Öcalan, est détenu depuis 1999 sur l’île-prison d’Imrali.

Le gouvernement turc et le leader kurde seraient parvenus en janvier à un accord-cadre sur les modalités de règlement du conflit, selon le quotidien turc Radikal.

Malgré l’hostilité d’une grande partie des Turcs à l’égard du PKK, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, est soucieux de mettre fin aux violences liées à la rébellion kurde, notamment en vue de sa possible candidature à l’élection présidentielle de 2014.

Une manifestation européenne de soutien au peuple kurde est prévue place de la Bastille à Paris.

Reuters

Thu, 10 Jan 2013 19:23:00 +0100

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