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    CÔTE D’IVOIRE – POURQUOI LE DIALOGUE POLITIQUE COINCE DEPUIS ONZE ANS ?

    ByLa Dépêche d'Abidjan

    Jan 20, 2022
    Au moment où le gouvernement ivoirien annonce l’ouverture – on devrait plutôt dire la réouverture- de ce qu’il appelle la cinquième phase du dialogue politique pour le 20 janvier 2022, il n’est certainement pas superfétatoire de se poser la question de savoir pourquoi ce dialogue tant attendu et espéré par le peuple ivoirien traine tant en longueur, en tentant à partir des faits et actes posés de déterminer les causes de cette lenteur en situant les responsabilités.
    La Côte d’Ivoire est véritablement à la croisée des chemins. Il faut sauver la Côte d’Ivoire. Face à la gène, au silence assourdissant de ceux, extérieurs à notre pays, qui ont pour une bonne part contribué à nous conduire dans cette impasse, nous avons le devoir, en interne de mener la réflexion et poser les actes nécessaires pour desserrer l’étau au risque de périr tous dans un autre embrasement.
    Professeur Bruno Gnaoulé–Oupoh
    Dans toutes les Républiques il est du devoir de celui ou de ceux qui ont en charge la gestion de l’Etat de prendre des initiatives pour assurer la sécurité des citoyens, promouvoir les droits et libertés, garantir le stricte respect de la constitution dans la mise en œuvre d’une justice équitable dans un ordre démocratique.
    Dans notre pays s’il y a aujourd’hui un sujet sur lequel tout le monde est apparemment d’accord qu’il soit abordé dans la classe politique toutes tendances confondues, la main sur le cœur, c’est bien celui du dialogue politique en vue de la réconciliation nationale. Mais alors pourquoi ce dossier majeur est-il – il faut bien en convenir lucidement et honnêtement – à l’arrêt depuis la chute du régime du président Laurent Gbagbo sous les bombes franco-onusiennes ? Qu’est ce qui coince ? Et pourquoi en est-il ainsi depuis maintenant onze longues années ?
    Pour avoir été acteur donc témoin pour le compte de mon ex parti Le Front Populaire Ivoirien, dans la conduite de ce dossier et par devoir citoyen de mémoire, je me propose dans cette adresse à l’opinion tant nationale qu’internationale, en m’appuyant sur les faits, d’exposer ce que je pense être la cause profonde du coma politique dans lequel sombre ce dossier
    Cette cause résulte fondamentalement des nombreux actes de sabotage orchestrés systématiquement et donc sciemment par le pouvoir Ouattara à chaque fois qu’il annonce lui-même l’ouverture de ce dialogue. Mais avant d’en arriver à ce point capital, je fais un bref rappel de l’origine de ce dialogue avant de terminer mon propos par une adresse citoyenne au chef de l’Etat,
    1. Quelques repères sur l’histoire du dialogue
    C’est le Président Laurent Gbagbo qui, au lendemain de sa perte du pouvoir a pris l’initiative de demander au pouvoir Ouattara, l’ouverture du dialogue, par cette instruction donnée à la direction de son parti le FPI « la phase militaire étend achevée, engagée à présent la phase politique » c’est-à-dire justement le dialogue politique pour que notre pays ne s’enlise pas dans une crise plus profonde qui serait dommageable pour sa survie.’
    C’est ainsi que le 29 septembre 2011 à la demande du FPI le nouveau chef d’Etat a accordé une audience à une délégation du FPI et du CNRD conduite par Miaka Ouretto Président par intérim du FPI. Le 12 octobre 2011, cette même délégation a été reçue par l » Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, en vue d’approfondir, sur instructions du chef de l’Etat, les négociations entamées.
    S’agissant de l’autre poids lourd de la scène politique ivoirienne, le PDCI-RDA, après avoir épousé jusque-là ; quasiment sur toute la ligne les positions de son allié le RDR, des signaux favorables portant sur la situation sécuritaire, le dialogue politique pour la réconciliation ont commencé à se faire jour au sein de ce parti dans la foulée de son conclave du 02 juin 2012
    , Dans une déclaration en date du 03 août 2012, le professeur Alphonse DJEDJE Mady, Secrétaire général du PDCI RDA, s’est prononcé sur la situation sécuritaire en Côte d’ivoire, suite aux incidents survenus dans plusieurs régions du pays. Le Secrétaire Général du PDCI note que « cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire la survie de la nation ».
    Il en appelle donc à Monsieur le président de la République et au gouvernement pour la mise en œuvre urgente de mesures visant à garantir la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national (Cf. le quotidien “Le Nouveau Réveil” N° 3159 du mercredi 08 août 2012, p.4).
    Le premier ministre Ahoussou Jeannot Kouadio s’était vertement élevé contre cette déclaration la jugeant “inopportune et inconvenante». On avait bien compris, il était dans son rôle de premier fusible du gouvernement.
    Cette déclaration du Secrétaire Général du PDCI avait la double qualité d’être vraie en campant la réalité dans sa nudité, mais aussi d’être responsable en n’incriminant pas mécaniquement le FPI comme l’a fait précipitamment le ministre Hamed Bakayoko en affirmant « Tout a été ordonné par des ex FDS pro-Gbagbo à partir du Ghana ».
    L’autre signal que nous avons perçu est venu d’un cadre du PDCI non des moindres, M. Venance Konan, Directeur Général du quotidien gouvernemental Fraternité matin. Dans son éditorial en date du mardi 21 août 2012, intitulé, “Attention”, il fait preuve d’une parfaite lucidité dans la lecture de la situation politique après les attaques perpétrées contre les positions FRCI.
    Non pas par le fait qu’il soit devenu pro Gbagbo, mais en raison de l’exacte mesure qu’il a prise de cette situation et des solutions qu’il préconise. C’est un signe des temps et cela méritait d’être relevé. Et je le cite longuement à dessein.
    « Notre colère ne doit pas nous faire perdre la raison et nous entraîner dans un cycle morbide d’actions et de représailles qui ne peut qu’engendrer encore plus de souffrances pour les Ivoiriens.
    (…) Aujourd’hui, nous devons nous asseoir pour réfléchir froidement à la situation de notre pays. Quels sont nos vrais problèmes ? Pourquoi cette nouvelle vague de violence au moment où nous croyons que la guerre est finie et qu’une nouvelle histoire peut commencer ? Minimiser la haine accumulée par certains de nos compatriotes contre Alassane Ouattara serait passer à côté de la plaque.
    (…) Oublions qu’il y a eu un camp qui a gagné et un autre qui a perdu. Laissons tomber l’arrogance du vainqueur qui se croit habilité, en raison de sa victoire, à tout accaparer. Souvenons-nous que notre histoire récente nous a appris que c’est lorsqu’un pouvoir a voulu régner en excluant une partie de la population, que le cycle de la violence a commencé. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Sans abandonner les actions militaires nécessaires pour empêcher les assaillants d’avoir gain de cause, attaquons-nous, dès à présent, aux racines de nos maux. Entamons les réflexions sur les conflits fonciers. Tant qu’une partie de la population aura le sentiment que des étrangers sont en train de la spolier de ses terres ancestrales, nous n’aurons jamais la paix. Tant que nous n’aurons pas résolu ce problème, l’ouest restera toujours instable.
    (…) La justice, oui. Mais elle a toujours pour objet de maintenir la cohésion sociale. Si son application stricte et rigoureuse doit aboutir à la destruction de cette cohésion, il faut y réfléchir par deux fois. Si le pardon peut contribuer à maintenir cette cohésion, c’est une piste de réflexion à explorer. Nos livres sacrés que sont la Bible et le Coran nous enseignent d’ailleurs cela. La force du vainqueur réside en sa capacité à transcender l’envie de se venger, et à pardonner réellement. L’homme qui a beaucoup souffert et qui a pardonné à tous ceux qui l’ont offensé devient un demi-dieu. Et fait régner la paix dans son pays. À l’instar d’un Mandela ».
    Et nous savons tous comment la réconciliation a été rapidement organisée dans ce pays, avec le succès que l’on sait qui a redonné vie à une Afrique du sud défigurée par plusieurs décennies de l’odieux régime d’apartheid qui a fait bien plus de dégâts humains, matériels et moraux que la rébellion et la crise post électorale dans notre pays. Et le leitmotiv des nouveaux dirigeants sud-africains, Nelson Mandela en tête, a été non pas d’emprisonner, déporter ou contraindre à l’exil tous ceux qui ont soutenu le défunt régime de l’apartheid mais plutôt de dire “établissons les responsabilités et puis décidons de ne pas faire payer les gens”.
    2. Les nombreux actes de sabotage du dialogue orchestrés par le pouvoir
    En créant – louable initiative – la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, CDVR à l’exemple de celle d’Afrique du sud, le président de la république, n’y a pas mis le même contenu et donné la même orientation. Son choix s’est porté sur la justice comme préalable à tout. Mais ce désir affirmé de justice au sortir d’une guerre particulièrement meurtrière, s’est transformé très vite en une chasse aux sorcières et une justice des vainqueurs qui au lieu de les conforter, fragilisent à la fois le pouvoir et la nation.
    Je me tords depuis les méninges à savoir ce que gagne le RDR à travers son régime en s’installant durablement dans cette voie. Le plaisir d’assouvir une vengeance ? Ce n’est jamais payant en politique parce que l’on n’aboutit à rien d’autre qu’à attiser les rancœurs et les haines. Toute vengeance appelle en retour la vengeance et quand ce désir s’installe durablement dans les esprits et les cœurs il n’y a in fine que peu, ou même pas de place pour le pardon.
    Il nous faut ici et maintenant sortir de cette spirale. Pièce maîtresse au sein du RHDP, le RDR gagnerait à revoir ses positions et sa ligne. Cela parce qu’il perd beaucoup en crédibilité chaque fois qu’il annonce être ouvert au dialogue et pose en même temps des actes contraire à cette volonté.
    Le 21 avril 2012 au même moment où le Premier Ministre Jeannot Ahoussou Kouadio Ministre de la justice recevait la délégation du FPI dans le cadre de la préparation du conclave de Bassam, le Procureur signifiait aux prisonniers dont Pascal Affi N’Guessan président du FPI, Simone Gbagbo vice présidente du FPI, de Bouna et d’Odienné, leurs inculpations et les charges retenues contre eux. Atteinte à la sureté de l’Etat, crimes de sang contre l’humanité, etc.
    Puis seulement trois mois après, précisément le 06 août 2012 dans le message à la nation du chef de l’Etat, on a pu lire ceci “En ma qualité de président de tous les ivoiriens, je réitère notre ferme volonté de favoriser la réconciliation nationale. Mon devoir est de rassembler tous les ivoiriens et je ne m’y déroberai pas (…) C’est pourquoi j’invite une fois encore chacun à mettre son énergie et son influence au service de la cohésion nationale, afin que dans la diversité et le pluralisme, notre pays accélère sa marche en avant (…) Plus qu’un vœu, il s’agit là pour nous, à la fois d’une grande espérance et d’une forte conviction”. (Cf. quotidien l’inter N° 4257 du mercredi 08 août 2012, P.6).
    Quelques jours après cet engagement à favoriser la réconciliation et la cohésion nationale, des actes contraires sont posés par le régime.
    1- Le 21 août, le Secrétaire Général Adjoint du Front Populaire Ivoirien, Alphonse DOUATI est convoqué à la DST, et écroué en même temps que sa fille et son gendre venus s’enquérir de ses nouvelles.
    2- Le 24 août, l’ex ministre Koné Katinan porte parole du prisonnier Laurent Gbagbo à la Haye est arrêté par le service Interpol du Ghana. Il aurait été ramené manu militari en Côte d’Ivoire ce même jour, n’eut été la vigilance de son avocate Me Lucie Bourthimieux et des autorités ghanéennes. Koné Katinan est encore dans les liens de la détention au Ghana et son procès se poursuivait tout comme la détention de Laurent Gbagbo.
    3- Le 26 août, le Secrétaire Général porte parole du FPI est arrêté à Adzopé au sortir d’une réunion de son parti, déféré à la MACA, jugé et condamné à six mois de prison ferme, pour “trouble à l’ordre public”.
    Toutes choses qui ne sont pas de nature à apprêter les cœurs au dialogue, et encore moins à la réconciliation. C’est ce même jour 26 août où les militants et la direction du Front Populaire Ivoirien, étaient affligés par tant d’évènements douloureux, que le président de la République, rentrant d’Arabie Saoudite et d’un séjour de repos en France, après avoir stigmatisé la violence suite aux attaques des casernes, a lâché ces quelques mots destinés à rassurer le peuple ivoirien. « Je voudrais appeler tous nos compatriotes à se mobiliser pour la réconciliation et le développement de notre beau pays » (Cf. le quotidien l’Inter N° 4271 du lundi 27 août 2012, P.6). Comment de tels propos peuvent-ils trouver une oreille attentive au sein du Front Populaire Ivoirien ? Un parti que le régime vise manifestement à décapiter pour le réduire au silence. Ces nombreux autres actes de sabotage du dialogue ont fait arrêter toute discussion. Mais on était encore loin, très loin même du compte.
    Ce même jour encore, 26 août le président de la CDVR Charles Konan Banny, alertant l’opinion nationale et internationale sur les antennes de Radio Côte d’Ivoire déclare la nation en danger ; puis se tournant particulièrement vers le président Alassane Ouattara il a lancé cet appel, « j’en appelle à une initiative autour du dialogue national (…) Le chef de l’Etat a une initiative à prendre. Mais j’imagine qu’il n’y a pas de problème de son côté, puisque c’est lui qui a signé l’ordonnance pour la réconciliation. Dans l’ordonnance il est bien indiqué que le dialogue sera un instrument. Maintenant il faut acter, donner un contenu concret au dialogue » (Cf. le quotidien l’Inter du 27 août 2012, P. 6).
    L’appel du président de la CDVR, lancé sur les ondes des médias publics, et qui a donc reçu l’assentiment du RDR, n’a de toute évidence pas été entendu comme en témoignent ces actes posés encore par le régime et qui nous éloignaient encore plus du dialogue.
    Mercredi 12 septembre 2012, le Front Populaire Ivoirien est réduit au silence à travers toute sa presse frappée de lourdes sanctions de suspension. Déjà écartée des médias audio-visuels publics ou elle n’a pas voix au chapitre, l’opposition ivoirienne ne peut non plus s’exprimer dans sa presse privée.
    Vendredi 14 septembre 2012, selon une source diplomatique à Monrovia, qui s’est confiée à l’AFP, la Cote d’Ivoire a fait la demande pour que les ivoiriens arrêtés par les autorités libériennes soient extradés et jugés en Cote d Ivoire. Ces ivoiriens sont six(6) civils tous des hommes soupçonnés d’avoir participé à l’attaque de Pékambly non loin deToulepleu. (Cf. quotidien Soir infos N 5397 des 15 et 16 septembre 2012 P4) Pendant ce temps les procès de Koné Katinan et Laurent Akoun se poursuivaient.
    Lundi 17 septembre 2012,si l’en croit une source proche des services de renseignements togolais, citée par le journaliste A.B.Depeyla du quotidien Soir Infos, le procureur militaire ivoirien, Ange Bernard Kessy Kouamé se trouverait a Cotonou dans le but de l’exécution d’une commission rogatoire qui vise de nombreux militaires ivoiriens en exil au Togo et que le commissaire du gouvernement ivoirien y serait arrivé depuis le 13 septembre 2012.
    Quand dans le même temps ou s’opéraient et se poursuivaient sans relâche, poursuites enlèvements incarcérations et procès, des dirigeants et militants du FPI ; aussi bien à l’intérieur du pays que hors de nos frontières le président de la CDVR et le chef de l’Etat prônent le dialogue et la réconciliation, il y avait très peu de chance qu’ils soient entendus encore moins compris et suivis.
    Le dialogue qui n’avait pas pu s’enclencher depuis l’échec du conclave de Bassam en avril 2012, pour les raisons que l’on sait, était déjà au point mort depuis plusieurs mois quand en décembre 2012 le gouvernement ivoirien annonce sa reprise pour le 14 janvier 2013.Les invitations sont lancées et les accords de participations des partis de l’opposition obtenus. Mais encore une fois, comme si c’était un rituel auquel le régime Ouattara ne peut déroger ; coup de théâtre.
    Le 13 janvier la veille même du jour ou le dialogue devait reprendre ;le gouvernement ivoirien procède a l’extradition manu militari du leader des jeunes patriotes Charles Blé Goudé et du commandant Jean Noel Abehi tous les deux en exil au Ghana et sont immédiatement incarcérés. Encore une fois de plus un autre acte de sabotage du dialogue, véritable coup de poignard planté cruellement dans le dos du FPI qui était pourtant disposé à reprendre ,malgré tout, toute sa place dans le dialogue républicain auquel il était convié.
    Durant toutes les autres années qui ont suivi (2014-2020) le pouvoir Ouattara a multiplié les extraditions et arrestations des dirigeants du FPI Moise Lida Kouassi, Dr Assoa Adou, Professeur Hubert Oulaye, Koua Justin etc. Il y a eu aussi entre temps la déportation de Charles Blé Goudé à la Haye. L’esprit du pouvoir n’était manifestement plus à la recherche du dialogue rejeté aux calendes grecques mais à la décapitation obstinée du FPI après le retournement de son leader de son leader officiel.
    Cela jusqu’au courageux divorce de son ex allié le PDCI en 2018, jusqu’à l’annonce de l’acquittement définitif du Président Laurent Gbagbo et son retour définitif en Côte d’Ivoire en juin 2021.Isolé sur la scène politique ivoirienne-Bédié et Gbagbo s’étant rapprochés-le pouvoir Ouattara cherche à revenir au dialogue en annonçant sa reprise pour le 16 décembre 2021
    Au terme de la séance d’ouverture qui s’est tenue effectivement le jour indiqué, la latitude a été laissée aux différents partis de proposer les termes de référence de ce dialogue, le Ministre de l’intérieur et de la sécurité a fixé la prochaine séance au lundi 21 décembre.2021 date qui a été par la suite prorogée au 27décembre 2021.
    « Curieusement ; comme le souligne fort justement Justin Koné Katinan membre de la délégation du PPA-CI, c’est ce même lundi jour ou le nouveau délai arrivait à échéance, que le procureur de la république près le tribunal de première instance du plateau, par ailleurs président d’une unité spéciale d’enquête à l’effet d’investiguer sur les violences enregistrées lors de l’élection présidentielles de 2020 a tenu une conférence de presse. Dans ses propos le Procureur a gravement mis en cause les responsables de l’opposition ivoirienne qu’il menace de poursuivre. »cf. déclaration du PPA-CI en date du 30 décembre 2021.
    Dans la foulée par une déclaration commune en date du 03 janvier 2022 le PDCI-RDA et le PPA-CI « devant l’approche à la fois hésitante et contradictoire du pouvoir sur cette question cruciale pour la cohésion sociale, demandent au chef de l’Etat, dont le troisième mandat a aggravé la fracture sociale, d’inscrire enfin le dialogue politique parmi ses priorités pour l’année 2022. »
    Au regard de la coïncidence régulière et systématique de tous les actes manifestes de sabotage avec chaque ouverture du dialogue comme je viens de le montrer peut-on honnêtement accuser l’opposition de » se livrer à un procès d’intention la fois désobligeant et outrageant à l’égard du président de la République, de manœuvrer pour torpiller le dialogue » comme l’affirme le porte-parole principal du RHDP ?M.Kobenan Kouassi Adjoumani dans sa déclaration du 06 janvier 2022 ;en réponse à celle conjointe du PDCI-RDA et PPA-CI
    Et M. Adjoumani de conclure sa déclaration avec des propos particulièrement malveillants à l’égard de l’opposition. Le RHDP prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur le manque de sérieux et de sincérité du PDCI-RDA et du PPA –CI relativement au dialogue politique. Le RHDP dénonce avec force les insinuations malveillantes et les dérives d’une coalition funeste qui manœuvre inlassablement conte la vérité et l’œuvre de justice. Le RHDP rappelle que la justice n’est pas l’antithèse de la paix et du dialogue que la poursuite du processus judiciaire doit se faire parallèlement au dialogue politique en cours ».
    Manque de sérieux et de sincérité du PDCI-RDA et du PPA-CI.Coalition funeste. S’agit –il d’insulter ? Aucunement pas. Il y a là un vide argumentaire manifeste que l’injure ne peut combler. Le procès d’intention et l’outrage sont dans le discours de M. Adjoumani et pas ailleurs comme il le prétend. Car peut-on vouloir engager le dialogue avec un parti politique quand, chaque fois curieusement, on incarcère le même jour ses dirigeants ? Ou quand on les invite a la discussion le doigt posé sur la gâchette d’un pistolet bien chargé sur leurs tempes ?Ou encore en proférant des menaces de poursuite comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs tètes ? Assurément NON M. Adjoumani.
    Le dialogue politique est un acte, un moment politique trop vital pour une nation déchirée comme la nôtre pour qu’il se tienne dans la plus stricte sérénité et pas sous pression et intimidations. Voilà à mon sens ce qu’attendent depuis maintenant onze ans la Cote d’Ivoire et son opposition politique avec. En disant cela l’intention n’est pas de chercher à se soustraire à la justice mais de créer justement par le dialogue le cadre d’une justice équitable pour tous les citoyens et non pas celle à géométrie variable qui a cours.
    3. M. Le Président de la République : A vous de décider
    C’est pour toutes les raisons exposées plus haut que M. Le Président de la République je me tourne à présent modestement vers vous pour clore mon propos.
    Il n y a pas dans notre pays, de famille qui ne compte en son sein des membres ressortissants de tous les grands groupes linguistiques Mande Krou Malinké Akan. C’est pourquoi quand on croit avoir emprisonné un Bété(Krou) ou un Attié (Akan) pour les punir, c’est aussi de nombreux Malinkes (époux épouses enfants neveux, parents à divers niveaux) qu’on touche et qui souffrent eux aussi. Et cela inversement quel que soit l’angle utilisé.
    Qu’il suffise de se rendre aux portes d’une prison, ou d’aller à une cérémonie de deuil ou de mariage, pour se rendre compte à quel point le tissu social ivoirien est soudé et solidement imbriqué, entrelacé. C’est ce métissage biologique et les alliances historiques interethniques qui font la force de la Cote dIvoire.Monsieur le Président il est temps, grand temps , d’œuvrer à la préservation de ce trésor social qui risque de disparaitre
    Nombre de militants du RDR, du RHDP même vos proches collaborateurs ,au-delà des apparences vindicatives ,souffrent aussi dans leur chair .C’est donc toute la nation et ses citoyens qui souffrent, certains pleurent en silence à votre insu, pour ne pas perdre des privilèges ;d’autres bruyamment sur la place publique comme je le fais ici pour crier la douleur qui m’étreint Depuis plus d’un décennie la Cote d’ivoire retient son souffle, le regard rivé vers les prisons et l’oreille attentive à ce qui se passe dans les pays frontaliers ou nombre de ses fils et filles sont en exil.
    Monsieur le Président il faut qu’un terme soit mis aux discours sur l’intention peu suivis d’effets il faut acter à présent .Arrêtez s’il vous plait ici et maintenant toutes les poursuites, videz les prisons de tous les détenus civils et militaires, faites revenir dans leur pays tous les exilés dont Charles Blé Goudé et votre fils Guillaume Soro Kigbafory .Rassemblez la Cote d’Ivoire pour qu’elle se réconcilie. Je crains fort que vous n’ayez plus le choix. C’est la seule et unique voie qui s’impose à la nation pour qu’elle n’implose pas .Et vous avez le pouvoir de décider la Cote d’Ivoire, sa société civile et toute sa classe politique sauront ; le moment venu, j’en suis convaincu, tirer toutes les conséquences et les leçons des actes que vous aurez ainsi posés, pour la survie de notre nation.
    Abidjan le 20 Janvier 2022
    Bruno GNAOULE OUPOH
    Citoyen Ivoirien analyste politique
    Professeur Titulaire des Universités
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