Comment décoloniser l’éducation africaine ?

L’Afrique, deuxième continent le plus peuplé au monde a connu dans le 17ème siècle une exploration de ses terres par l’Europe. Une exploration qui a débouché sur une colonisation massive entre la fin du 19ème siècle jusqu’au début du 20ème siècle. Soit un siècle sous la domination des cultures occidentales. Un siècle qui a été le fondement du système éducatif.

L’éducation africaine est inspirée de l’occident, l’un des héritages de la colonisation. Comme le dit un proverbe : “Un homme sans culture est un zèbre sans rayures”. Pensez-vous que l’Afrique puisse se développer sans que la jeunesse n’apprenne tout ce qu’il fait son identité, sa culture, son histoire et sa genèse ? Nous pensons que pour développer le continent, pour une meilleure prise de conscience des jeunes, il est important que l’école éduque, sensibilise sur l’histoire du continent. Il faut enseigner autrement et avoir une ouverture d’esprit. Nous parlerons de la décolonisation de l’éducation africaine.

En quoi consiste le système éducatif actuel ?

Quand on parle du Bénin, nous tendons à penser à ce surnom qu’on lui a jadis donné : “Le quartier Latin de l’Afrique”. Dur de réaliser qu’on a réduit à un quartier, tout un royaume, tout un pays.

Le système éducatif béninois a connu de grandes évolutions depuis l’indépendance en 1960. Il était à cette époque à l’image du système français.

Nous sommes passés de la pédagogie traditionnelle à l’approche par les compétences. Un système qui a été élaboré sous la supervision d’experts internationaux d’origine canadienne et belge. Un cadre théorique international qui ne prend pas en compte les réalités socioculturelles du pays.

Ces différents programmes conçus ont permis d’introduire l’enseignement des langues maternelles au Primaire. Le système éducatif actuel enseigne aux enfants l’histoire du pays pendant la période coloniale et donc sous l’emprise des colons. En histoire, on nous apprend les noms des différents rois du Bénin et ce qu’était jadis le royaume de Danxomè.

Mais n’avons-nous pas oublié que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Son histoire ne peut se résumer à un évènement qui a eu lieu pendant un siècle donné. Les enseignements de nos jours nous apprennent ce qu’était l’Afrique pendant et après. Mais pourquoi pas avant l’arrivée des colons ? Il est donc important que le système éducatif béninois fasse l’objet d’une refonte. Afin de donner à nos enfants, un sentiment d’appartenance, une envie d’apprendre.

Comment le système éducatif doit prendre en compte la culture ?

Pour que nos enfants aient de la vision et une ouverture d’esprit, il est important qu’ils puissent  apprendre à l’école leur passé. L’enseignement doit se baser sur une réalité sociale et culturelle. Et que nous arrêtons de comparer l’Afrique à d’autres continents. Nous devons prendre conscience que nous avons une identité propre. Et que nous pouvons travailler à la modernisation de nos pays sans dénaturer qui nous sommes.

Prévoir des sorties culturelles 

Il est important d’intégrer dans le système éducatif des sorties culturelles dans des musées d’art africains mais aussi dans des centres historiques. Les sorties culturelles ne doivent plus se résumer à des pique-niques effectués sur des plages. Mais comme un moyen de découvrir l’histoire du Bénin et en savoir plus sur notre identité culturelle. Elle doit passer par une validation des acquis à la suite de ses sorties. Cela permettra de tester les savoirs et connaissances des enfants.

Savez-vous qu’en 2020, près de 90 000 objets d’art d’Afrique vont être restitués ? Une démarche qui a été saluée. Mais qu’il est important d’exploiter à travers leur conservation mais aussi leur utilisation pour instruire les enfants.

L’apprentissage des langues africaines

Intensifier l’apprentissage des langues maternelles. Promouvoir leur utilisation afin que ces langues ne meurent pas, ce sont nos patrimoines culturels. Il est important d’intégrer l’apprentissage de ses langues dans le système éducatif. Les élèves du primaire au collège seront donc initiés aux langues maternelles. Et qu’elles deviennent obligatoires dans les séries littéraires au Lycée et une option pour les autres séries.

Savez-vous qu’il existe des livres en langues maternelles qui sont disponibles ? Comment les enfants pourront-ils les lire s’ils n’ont pas appris l’écriture de ces langues. Et si nous n’arrivons pas à les lire, ils seront amenés à disparaître.

Depuis 2020, l’anglais n’est plus la seule langue officielle dans l’Etat de Lagos au Nigéria, elle a été remplacée par le Yoruba. En Mauritanie aussi, les discussions au parlement peuvent se faire en quatre langues nationales. Il est important d’en faire de même au Bénin avec le fon, qui est le dialecte le plus parlé et qu’il faut promouvoir. Ainsi que d’autres dialectes comme le Yoruba, le Haussa.

Un moyen d’avoir une approche inclusive et de ne laisser personne en marge de la société tout en valorisant notre patrimoine culturel.

La refonte des cours d’Histoire et Géographie

Les cours d’Histoire doivent faire un focus sur l’Histoire du Continent, passant de l’époque égyptienne à l’indépendance des pays. Cet apprentissage ne doit pas remettre en cause les cours sur les guerres mondiales ou sur les différentes histoires ayant impacté l’Humanité. L’école doit permettre une ouverture d’esprit et au monde chez les enfants. Il ne doit pas les mettre en marge de la société. Mais leur permettre d’en savoir beaucoup plus sur l’Afrique mais aussi sur les autres continents afin qu’il puisse avoir une culture complète.

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