CÔTE D’IVOIRE – RHDP, UNE LONGUE LISTE D’ENTRAVES AUX LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES

Devrait-on s’étonner de l’attitude du RHDP d’Adzopé qui fait une demande à la Mairie de la ville pour occuper le même jour et aux mêmes heures, un espace déjà attribué depuis longtemps au PPA-CI du président Gbagbo ?

Il faudrait être vraiment distrait pour ne pas voir toutes les entraves aux libertés, et particulièrement les entraves à la liberté de réunion dont le RHDP, le parti d’Alassane Ouattara, est coutumier, depuis que cette formation est au pouvoir en Côte d’Ivoire.

Après l’installation d’Alassane Ouattara au palais présidentiel d’Abidjan Plateau, des meetings du FPI à Koumassi, Port Bouet et Yopougon Ficgayo ont été empêchés ou gravement perturbés par les militants du RHDP, si c’est n’est tout simplement par les forces de l’ordre.

Qui se souvient qu’en 2014, le frère de feu Wattao empêcha à Doropo, au Nord du pays, un meeting de Pascal Affi Nguessan fraîchement sorti de prison et qui avait entrepris une tournée dans le pays ?

On se rappelle aussi que cette même année et au cours de cette même tournée de Pascal Affi Nguessan, le préfet d’Oumé voulait interdire son meeting à Oumé sans raison valable. Sans doute voulait-il faire plaisir à quelqu’un.

En juin 2015 dans un courrier, alors que l’espace Jesse Jackson de Yopougon était réclamé par la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) pour un meeting, un adjoint au maire RHDP, avait informé par courrier de ” l’indisponibilité de cet espace pour cause de réservation par d’autres structures”. L’espace en question n’était en réalité pas indisponible puisqu’il ne s’y était rien passé le jour venu.

À Korhogo, en août 2015, ce fut encore plus compliqué pour la CNC qui voulait y faire un meeting car de meeting, il n’y eut point. Tout simplement physiquement empêché. Marie-Odette Lourougnon, qui était membre de la délégation de la CNC raconte : « Les organisateurs de la manifestation ont été passés à tabac, brutalisés et blessés. Les installations du meeting (logistique, chaises et bâches) ont été détruites…les individus commis à la sale besogne étaient armés de gourdins et d’armes blanches… Nous étions séquestrés là où nous avons été logés. Parce que ces passionnés de la barbarie nous recherchaient selon les appels téléphoniques incessants de nos proches. Et ce, sous l’œil vigilant de M. Amadou Gon Coulibaly». Rappelons ici qu’Amadou Gon Coulibaly qui était le maire de la ville, était alors secrétaire général du gouvernement.

Plus tard, en juillet 2018, dans cette même ville de Korhogo, le meeting du Réseau des amis de la Côte d’Ivoire (RACI) de Soro Kanigui, est empêché et vire même au drame, avec un mort. Le RACI était un mouvement proche de Guillaume Soro, encore président de l’Assemblée nationale

Après sa démission du poste de président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro et ses partisans pensaient avoir acquis la liberté de s’exprimer et de se réunir. Ils voulaient donc faire un giga meeting à Koumassi, histoire de montrer leur force de mobilisation. Après leur avoir accordé la Place Inch Allah, on les avait rappelés pour leur dire qu’on s’était trompé en leur attribuant cet espace car il était déjà pris, et on leur avait proposé un autre lieu. Quand ceux-ci avaient demandé une nouvelle autorisation pour le nouvel espace qui leur était proposé, on leur avait simplement répondu que ce n’était pas la peine, et qu’ils ne devaient avoir aucune crainte. Finalement, ils n’avaient pas pu faire leur meeting parce qu’ils n’avaient pas d’autorisation en bonne et due forme pour le nouvel espace. C’était donc un piège.

En 2019, c’est un ancien chef rebelle devenu préfet, Koné Messamba, et le président de l’assemblée nationale de l’époque, feu Amadou Soumahoro, qui dissuadaient fortement leurs parents de recevoir à Gbetogo pour l’un et à Séguéla pour l’autre une personnalité politique de l’envergure de Simone Gbagbo.

En 2020, le stade Robert Champroux où devait se dérouler un meeting commun du FPI et du PDCI, est ” fermé pour travaux “, selon le ministre Danho Paulin, transfuge du PDCI et désormais membre du RHDP-RDR.

L’opposition est donc entravée dans ses activités, dans la capitale et dans certaines zones de l’intérieur, surtout au nord du pays où le RHDP empêche régulièrement ses adversaires de s’exprimer dans les grands espaces. Et maintenant, il voudrait étendre ces entraves dans tout le pays car Adzopé, où il essaie d’empêcher un meeting du président Gbagbo en demandant à occuper le même jour et aux mêmes heures un stade déjà attribué au PPA-CI, n’est pas situé au nord mais dans le sud du pays.

Toutes ces entraves, ces obstacles dressés par le régime pour essayer de museler ses adversaires, et il y en a beaucoup d’autres qu’on ne citera pas ici pour ne pas faire trop long, montrent que le régime Ouattara a un rapport problématique à la liberté d’expression et particulièrement à la liberté de réunion publique.

Alexis Gnagno

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