Hier (jeudi 25 juillet-ndlr), à Gagnoa, a eu lieu l’investiture du Président du Conseil des 163 chefs de village du département. Cette cérémonie a été noyautée par le discours dithyrambique aux allures de la prose du griot Balla Fasséké à Soundjata Keita, le Roi du Mandingue.
Lisons-le: “… Dites au Président Alassane Ouattara que le peuple de Gagnoa l’aime, le soutient et soutient son action. Pour le vérifier c’est tout simple. À Gagnoa, la sous-préfecture et la commune comptent cinq ( 5) élus. Quatre (4) sont du parti (RHDP) du Président Ouattara. Il n’y a pas une meilleure façon de dire à un homme politique qu’on est avec lui et qu’on l’aime. C’est le message essentiel ici que je voudrais que vous lui transmettiez. Le peuple de Gagnoa l’aime. Il l’aime profondément et accepte son action puis adhère à son action. C’est là que je voudrais m’arrêter et dire merci à tous ceux qui sont venus…”
Pourquoi un tel discours mélioratif, laudatif de l’honorable chef Boga Dago Joachim dit Sivori à Alassane Ouattara ?
L’honorable Boga Dago Joachim dans ses envolés lyriques a dressé des lauriers à un homme politique qui refuse de donner un minimum de dignité à une région et qui la fait plus souffrir en refusant d’inscrire le nom de son digne fils, le Président Laurent Gbagbo sur la liste électorale. En procédant ainsi, le natif du canton Paccolo se moque de la souffrance du peuple du GOH. Avec un zèle indescriptible, Il aura eu la prouesse de garantir à Alassane Ouattara une victoire sous le fromager aux prochaines échéances électorales.
Rabelais révèle que “Science sans conscience n’est que ruine de l’âme”. Boga Dago Joachim vient de détruire lui-même son âme.
Pourtant les populations du GOH n’attendaient ce jour qu’un simple mot qui cadre avec le lieu où se tenait la cérémonie: BONWELI, c’est à dire des paroles aimables, sages. Mais, contre toute attente, le Président du Conseil des chefs leur servi la nausée. Les “BONWELI” n’ont pas été dites. Le Président du Conseil des chefs de village n’a pas osé dire aux membres du gouvernement présents à cette investiture que GAGNOA, n’a toujours pas reçu les 175 milliards promis par Alassane Ouattara lors de sa campagne de 2010-2011. Et que la région du GOH depuis 14 ans ne bénéficie de rien en termes d’investissement. Même pas un centimètre de bitume. Les pistes villageoises restent impraticables. Les producteurs ont du mal à évacuer leurs productions vers la ville. Les centres de santé existent de nom…
L’honorable Boga Dago Joachim dit Sivori a été hors sujet du point de la vue de la loi, de l’éthique et de la morale de la chefferie. La loi n°2014-428 du 14 juillet 2014 portant statut des rois et chefs traditionnels en son article 6, dispose que le chef du village a “une obligation de neutralité, d’impartialité et de réserve”. Cette disposition impose au chef, par conséquent, de “s’abstenir d’afficher son appartenance politique”. L’honorable Boga Dago Joachim a-t-il respecté cette disposition ? Nenni !
Il a parlé sans vertu. Il a tenu avec enthousiasme le discours qu’un militant d’un parti politique aurait fait face à ses patrons. L’obligation de neutralité, d’impartialité et de réserve a véritablement manqué à BONWELI.
Boga Dago Joachim serait-il devenu le nouveau représentant du RHDP dans le GOH ? Suivons- le à nouveau : ” Dites à Alassane Ouattara que Gagnoa l’aime profondément et accepte son action puis adhère à son action”.
Mon Dieu, sans réserve !
« Il faudrait pour le bonheur des Etats que les philosophes fussent Rois ou que les Rois fussent philosophes. Philosophe dans le sens de sage. » A BONWELI cette pensée de Platon résonne avec acuité. Un Roi sage est celui qui saura bien présider aux destinées de son peuple. Dans le sens contraire de la volonté de platon, un Roi ou un Chef, en l’occurrence Boga Dago Joachim dit Sivori s’est véritablement mal illustré.
Quelle est bien cette action de Ouattara que Boga Dago Joachim accepte et à laquelle il adhère sans réserve, sans neutralité et avec partialité ?
Est-ce bien le refus de l’inscription du nom du Président Laurent Gbagbo sur la liste électorale; le déficit d’infrastructures routières dans le GOH; le refus d’établir gratuitement la carte nationale d’identité pour les populations, l’endettement massif du pays, son accord pour
l’Attestation de droit d’usage coutumier (ADU) ?
Est-ce pour tout cela que Boga Dago Joachim déclare-t-il publiquement et sans retenue son amour pour le Président du RHDP ?
L’incongruité de ses propos le dispute à l’incohérence et au déni de la réalité.
Comment comprendre autrement que Boga ignore royalement l’extrême dégradation des pistes villageoises, l’Attestation de droit d’usage coutumier (ADU) qui angoisse ses parents et la population du GOH qui souffre de la non-incrisption du nom du Président Laurent Gbagbo sur la liste électorale ?
Le Président du Conseil des chefs de Gagnoa n’est plus désormais neutre comme l’exige son statut de chef. Il est bien loin de sa population.
La caravane passe, le chien aboie !
On peut bien verser dans un émotionnel touchant qui ne manque pas d’humour pour ne pas dire qui est nettement amusant. L’honorable Boga Dago Joachim suscite bien cette émotion. Mais lorsque la caravane passe, le chien aboie obligatoirement. Un chien c’est initialement un loup, gardien d’un territoire. La caravane, c’est souvent une expédition de marchandises, probablement des voleurs. L’un est devenu un animal domestique; l’autre une bande de commerçants rusés ayant perdu tout sens de sédentarisation ainsi que du degré de sociabilité y ayant trait.
Et justement, le chien ne sait pas trop à quoi s’attendre avec ces nomades. L’un n’est jamais complice de l’autre. C’est donc normal de leur crier dessus.
Les caravanes ne dégagent de sociabilité qu’autour de l’intérêt marchand. En fait, c’est cela leur identité. La caravane a toujours eu tort. Ceux pour qui la réussite consiste en un cambriolage organisé ne le comprendront jamais. Lorsque le Président LAURENT GBAGBO appelle à un grand rassemblement pour dégager le pouvoir Ouattara, Boga Sivori le moque en brandissant son amour pour Ouattara. C’est l’occasion pour ces ventriloques et autres reptiliens de réadapter leur lutte à leurs besoins stomacaux. Lorsque le président Laurent Gbagbo demande la gratuité des cartes nationales d’identité , voilà le président du Conseil des chefs maudit la route en proclamant son adhésion aux actions du Président du RHDP.
Voilà des gens qui sont honnêtes par intérêt et non par conviction. Ils peuvent dénigrer leurs prédécesseurs le matin, puis faire pire qu’eux l’après midi. Pensent-ils que c’est grâce à leur collaboration avec Ouattara que le pays sortira de l’abîme. Quelle démagogie !
Les détenteurs d’une telle logique, les nouveaux soldats du courage qui ne combattent jamais et les nouveaux amoureux d’Alassane Ouattara, telle une caravane, passez donc avec votre butin puant.
Quelles leçons tirer de cette investiture militante ?
L’une des premières leçons que l’on devrait retenir de ce rassemblement, c’est que l’Honorable Chef Boga Dago Joachim dit Sivori piaffait d’impatience pour dire à Alassane Ouattara qu’il est désormais l’un de ses fervents militants dans la région du GOH. A la vérité l’honorable Chef Boga Dago Sivori ne s’est jamais renié dans le fond. Il vient juste de certifier son appartenance au RHDP. Sa grande proximité avec le Président Laurent GBAGBO n’était qu’un simple leurre. Il vient de donner la couleur de ses vraies convictions.
La deuxième leçon bien palpable est celle de l’amour pour les espèces sonnantes et trébuchantes. Là où la vertu et le bon sens devraient triompher pour un chef de village garant des us et coutumes.
La troisième leçon est aussi simple que les autres. Pour l’honorable chef Boga Dago Joachim dit Sivori, outre le RHDP, il n’existe plus de partis politiques à Gagnoa qui soient représentatifs. D’où le mépris total affiché à leur égard.
La quatrième leçon tient au fait que désormais, l’Honorable Boga Dago Joachim a choisi ses cadres issus du Goh. Il en a une claire idée et fonctionne selon cette vision.
Gilles Christ Djédjé
